Au moment où je me décide à publier cet article, et aussi parce que c'est dimanche, je voudrais évoquer l'affaire de Nantes où l'artiste-musicienne Anna Von Hausswolff s'est vue empêchée de faire son concert dans l'église Notre-Dame-de-Bon-Port par des intégristes catholiques, du moins c'est comme ça que les autres les appellent.
D'abord, je ne suis pas catholique et j'ai envie de dire davantage : je ne suis pas chrétien.
Mais quand je rentre dans une architecture consacrée si elle est chrétienne je retire ma casquette, si elle est musulmane je retire mes chaussures, si elle est juive je me couvre la tête et surtout je me sens invité par ceux qui sont croyants et qui me font la gentillesse d'un accueil dans un lieu tenu par ses murs mais aussi par ses cérémonies.
Si donc le Diocèse de Nantes avait donné son accord, il n'y avait donc aucune raison d'interdire à cette artiste de faire son concert, surtout que l'Église (et une fois encore) a toujours montré son ouverture et en ce sens sa générosité œcuménique.
Quand on se dit artiste et que l'on veut user d'un lieu aussi particulier qu'une église, peut-être qu'il faut se poser la question de son projet artistique nécessitant ainsi une véritable tournée dans des lieux aussi marqués. Pourquoi donc avoir besoin de faire spectacle là, dans des lieux qui appartiennent à un certain ordre cérémonial, à un certain usage de la tranquillité, de la prière et du recueillement ? Pourquoi donc cette artiste, pour être "reconnue" comme telle, se doit-elle ainsi à faire musique dans des lieux aussi marqués ? Que veut-elle dire ? Quel projet artistique se doit donc à cette nécessité impérieuse ?
N'y a-t-il pas là instrumentalisation du risque ? Manière d'être décalée, de se croire hors des usages cérémonieux par l'usage d'une liberté d'expression prenant un appui un peu forcé sur l'ouverture d'esprit d'une religion ? Et de s'étonner ensuite de ce refus ?
A-t-elle pris contact, discuté avec les paroissiens de chacune des églises pour expliquer son projet ? A-t-elle eu la gentillesse de leur demander ainsi une permission d'utiliser leur lieu ? A-t-elle invité les paroissiens à venir gratuitement l'écouter ? Qui remercie-t-elle à la fin des concerts ? A-t-elle compris que les enjeux d'un tel espace n'ont rien à voir avec une disponibilité d'une espace ou même d'un instrument de musique comme un orgue ? Car oui, un orgue dans une église n'est pas qu'un orgue. Il est un instrument liturgique c'est à dire qu'il participe aux enjeux cérémoniels du lieu et il n'est, en ce sens, pas disponible comme n'importe quel instrument de musique. Vous l'aurez compris Madame Anna Von Hausswolff ne fait pas de la musique liturgique au service d'une espérance mais fait son œuvre qui passe par l'utilisation de l'image d'une église comme décor, comme étrangeté, comme disponibilité transgressive. Et quand bien même, il n'y aurait que ce type de lieu pour prodiguer ce genre d'instrument cela n'exclut pas de prendre en compte le rôle liturgique de l'instrument ou même la prise de possession d'un espace par un public profane venu là pour autre chose que la cérémonie. Est-elle si naïve qu'elle ne sait pas qu'elle construit d'abord une trangression ? Bien évidemment non... Au contraire. (Tout son projet tient là, soyons clairs)
Un orgue dans une église n'est pas qu'un orgue.
Et ce refus lui fait la publicité, apparaissant comme une artiste maudite, sulfureuse. J'y participe donc. C'est à regret, croyez-moi et c'est pour cela que je ne cautionne pas l'action des intégristes. Ils lui ont rendu service, bien mieux qu'une agence de com.
Mais, pas plus que je n'aime voir des défilés de mode de merde sous la coupole de Niemeyer au siège du Parti Communiste Français, pas plus je ne peux considérer qu'une architecture ne soit qu'un espace équipé dont l'usage de l'équipement serait détaché des rôles premiers de ces architectures. On n'écoute pas de la musique sur haut-parleur dans une salle de lecture à la bibliothèque, on ne mange pas son sandwich au musée, on ne bavarde pas au Monument de la Déportation.
Ce respect ne doit pas s'exercer par la violence mais par l'altérité.
J'aimerais juste que Madame Anna Von Hausswolff et ses amis si libéraux des usages des lieux consacrés se posent la question de leur besoin viscéral à transgresser pour exister, et de leur irritation soudaine, leur offuscation épidermique alors même que l'Église avait donné son accord.
Le spectacle, partout le spectacle. La culture partout, l'Art nulle part.
La chrétienté apprend l'Art du Pardon. Alors : tout est pardonné.
Tout est pardonné.
Tout est pardonné Madame Von Hausswolff.
Je reprends donc :
Me voilà récipiendaire d'une carte postale de maquette d'architecture. Merci Christophe.
On ne pourra que l'ajouter à la masse importante maintenant des cartes postales d'architecture et plus précisément même des cartes postales d'architecture d'églises qui sont en passe de devenir un genre à part entière.
Avouons-le, nous aimons ça !
Ici, nous sommes grâce aux éditions Pya, devant la maquette de l'église Sainte Monique de Nice. On note que l'éditeur nous donne le nom des architectes A(?) et H(?) Arziari, le nom du photographe J. P. Augerot de Nice. C'est déjà bien. Il semble qu'il y ait encore une agence Arziari en fonctionnement mais je ne trouve pas grand chose sur les réalisations plus anciennes et rien sur cette église en particulier. On notera que le photographe plonge la maquette dans le noir, semblant ainsi flotter sur son plateau. On s'amuse de quelques détails avec la sortie d'église d'un couple de mariés accompagné sur le pas de la porte du curé. Quelques Norev feront la circulation. Aurez-vous remarqué que la maquette est éclairée par l'intérieur et projette du jaune vif sur l'entrée et sur la chaussée ?
Je m'étonne peu de la forme globale de cette église Sainte Monique assez semblable à la production de l'époque avec son toit en courbe, sorte de tremplin associé à un campanile ici en tubes métalliques. On sent bien une certaine économie à l'œuvre, quelque chose a minima du moderne mais assez efficace dans sa simplicité. Ce qui m'étonne beaucoup plus c'est la manière dont l'église sur son îlot est associée à une petite barre dont je ne sais pas son rôle dans le programme. Un centre œcuménique ? Des logements pour des prêtres ?
Cela produit une cour entre l'église et cette construction d'ailleurs assez bien dessinée.
Que dire d'autre devant une telle carte postale ici expédiée en 1973 ?
La maquette semble bien être une production du cabinet d'architecture Arziari si on en croit le cartouche collé dessus.
Une fois encore, reste difficile de dire comment et où cette carte postale fut distribuée et si son rôle était bien de récolter des fonds pour son édification. Le correspondant ne dit rien de son choix.
L'église est toujours debout à Nice.
Bonne promenade.
Pour les plus courageux, les maquettes :
Pour les plus croyants, les églises du XXème siècle :
Son "besoin" de transgresser vient surtout, principalement et en premier lieu (et c'est aussi simple que ça) du fait qu'elle joue de l'orgue et que c'est même son pricipal instrument. Et où trouve t'on les meilleures orgues ainsi que les sons qui leur sont associées ?
RépondreSupprimerDans les églises.
Vous avez mal lu mon article. Et il est fort peu probable que cette artiste ne soit pas naïve au point de ne pas savoir ce qu'elle manipule. Bien au contraire, elle utilise largement la disponibilité de son instrument dans ce genre d'espace pour faire exister son projet artistique. La disponibilité d'un instrument et son usage habituel ne peuvent être ignorés. Cela participe à l'image de son travail. Se réfugier ensuite derrière une sorte de neutralité de l'usage est indigne et c'est surtout une faute morale vis-à-vis de l'origine de son projet. Elle le ruine toute seule avec ce genre de défense faussement naïve.
RépondreSupprimerEglise Sainte MONIQUE par les architectes Alain et Huguette ARZIARI. PC LE 12 JANVIER 1973 ET CONSTRUCTION EN 1974.
RépondreSupprimerMerci pour votre article "salutaire"
RépondreSupprimerBravo pour cet article, qu'on ne trouve nul part ailleurs !
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