Il en va de l'ordre en l'architecture comme chez les hommes : un certain besoin de régularité. Sans doute que la spontanéité ne laisse pas assez de place à l'égalité et que, pour construire et se rassembler il est bien mieux de tout ranger :
Ces deux cartes postales n'ont finalement qu'un seul point en commun mais qui me suffit à les rassembler à la fois dans mon imaginaire et dans ma collection : Royan.
La première est une carte-photo nous montrant l'équipe de rugby de Royan le 27 octobre 1930 si on en croit l'inscription au verso. L'autre, c'est bien entendu le Front de Mer de Royan, aujourd'hui défiguré deux fois par la suppression du portique et par les auvents ignobles venus se greffer dessus pour préserver l'électorat des commerçants qui y font commerce (pour l'essentiel) de nourriture dont le niveau gustatif vaut à peu près le niveau architectural de leur extension : ne mangez pas là.
Pourquoi donc réunir ces deux images ?
Pour rien.
Comme ça. Pour s'amuser d'abord du sérieux des deux images, de leur régularité. On ne sourit pas beaucoup quand on est joueur de rugby en 1930 à Royan et heureusement que la belle courbe du Front de Mer vient comme un sourire compléter cette image.
Bien entendu, il est certain que cette équipe de rugby a dû voir Royan se transformer, a dû voir Royan détruite et reconstruite. Ils sont tous de cette génération. Ont-ils avec leurs bras musclés participé à cette Reconstruction ? Comment ont-ils vécu la guerre et la destruction de leur ville ? Ont-ils repris l'entrainement après ?
Un détail me plaît car il me rappelle des photos de familles de l'époque : c'est que les rugbymen sont chaussés d'espadrilles qui se lacent sur la cheville. Mon grand-père avait les mêmes. Un autre détail est étonnant mais je vous laisse le découvrir.
La carte postale du Front de Mer est une édition Berjaud expédiée en 1961. On notera les très beaux petits mâts de métal et leurs toiles en textile pour faire de l'ombre à gauche. Voilà qui était léger, sobre, sans doute coloré et qui ne gênait pas la lecture de la belle façade de ce Front de Mer.
Allez ! Un peu de courage politique ! Un peu de courage patrimonial ! Et, au matin, venons découper ces extensions immondes sur ce Front de Mer ! Libérons Royan de cette verrue. Un beau placage pour une belle passe.
Et que le ballon ovale passe à nouveau par dessus le portique enfin reconstruit.
Walid Riplet, pour le Comité de Vigilance Brutaliste.
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