Au pied d'immeubles juchés sur des pilotis, dans une immense cuvette de sable, les couleurs des vêtements des enfants jouent avec celles de la façade.
Ponctuation contre ponctuation.
Cette agora de l'enfance est l'un des lieux les plus emblématiques des expériences urbaines et architecturales de la France post-soixante-huitarde, mais la quaifier ainsi c'est déjà en faire une réduction qui n'est pas si claire.
L'Arlequin de Grenoble.
Et cette image, éditée en carte postale, tomba de la revue Caravansérail au moment-même où je l'ouvrais pour la lire.
La photographie de cette carte postale est de Honoré Parise dont une partie du Fonds photographique sur ce quartier révolutionnaire de Grenoble est présentée à la fin de cette nouvelle revue. Superbes images !
Le N°1 !
Bonne chance à elle.
Soulignons que cette revue tente une nouvelle approche pour écrire et présenter l'architecture. Ici, elle est presque entièrement consacrée à ce grand quartier nouveau, lieu d'expérimentations mais aussi maintenant de crises et d'avenir. Que faire de cet héritage trop souvent mal compris parce que trop souvent associé (comme il est judicieusement rappelé au début) au mot utopie devenu l'objet presque d'un refuge parfait à l'incompréhension.
L'utopie ce n'est pas le rêve de doux dingues hors sol auxquels il faudrait répéter les réalités de la vie. Ici, l'utopie consistait justement à travailler le réel, j'ai envie de dire, de le travailler pour une fois.
Notre époque préfère la simplicité et on rase, on éradique, on décompose, on fait de faux hommages communicationnels comme au Mirail avec Michel SerreS en complice qui n'a rien compris. Le ventre de sa maman comme architecture idéale...
Ici, dans la revue, sans langue de bois, dans le concret même de la promenade et du déplacement dans les lieux, la conversation s'engage, les souvenirs des acteurs reviennent et les errements ou les erreurs ou encore les réussites viennent aussi tranquillement à ceux qui ont conçu vers ceux qui tentent de comprendre et de respecter. C'est rare comme moment d'étude cette tranquillité du discours et cette analyse qui évoquent autant les plans-masse que la poignée de porte, le jardin que le parking, les usages que les utopies.
Caravansérail s'annonce donc dans ce paysage de la revue d'architecture comme un contre-exemple d'un remplissage éditorial d'articles les uns derrières les autres, offrant l'actualité de l'architecture.
Ici, on tente son usage. Et on parle devant elle.
Mise en page, iconographie, ruptures du discours par des interventions, tout cela permet de bien saisir ce lieu et cette histoire. J'ai aimé entendre (ou lire comme vous voudrez) Monsieur Vassal ou encore Monsieur Tribel.
J'ai aimé la dernière phrase de Monsieur Vassal : "être d'une extrême gentillesse."
C'est le genre de conclusion qui redonne confiance en l'architecture et aux architectes.
Voilà. Rien à ajouter. C'est l'utopie d'aujourd'hui sans doute.
Ce que les auteurs appellent en début de leur revue : une rétroprospective...
Et merci Xavier Dousson de m'y avoir convié.
Caravansérail, N°1
12 euros (vraiment pas cher)
revue du BazarUrbain
www.bazarurbain.com
Pour revoir quelques cartes postales de ce lieu :
https://archipostalecarte.blogspot.com/2013/01/raoul-volfoni-villeneuve-de-grenoble.html
https://archipostcard.blogspot.com/2009/05/grenoble-aua.html
Je vous propose quelques extraits mais faites vous plaisir et offrez-vous et offrez cette revue, c'est essentiel de soutenir ainsi les initiatives éditoriales :
LES MOTS DE M. SERRE M'AVAIENT GRANDEMENT ETONNE...
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