Perplexité.
Profondeur de champ.
Traversant.
Absence.
Il me faudrait pour faire un article intéressant sur cette carte postale de la chambre des enfants de la Cité Radieuse de Marseille pouvoir articuler tous ces mots.
Je n'y arrive pas immédiatement car un détail attire irrésistiblement mon regard : les usures de la grosse poignée de la cloison coulissante. Comment se fait-il qu'elle soit ainsi déjà usée, abîmée ?
Est-ce que son usage en est si intensif qu'elle a déjà enregistré toutes les agressions des enfants ou des parents utilisant chaque jour cette grosse poignée pour ouvrir et fermer ladite cloison ?
Bien entendu, je pourrais vous faire la leçon sur la lumière provenant du fond de l'image, autrement dit ici, à la Cité Radieuse provenant de l'autre façade puisque l'immeuble propose bien une orientation Est-Ouest permettant de suivre la course du soleil. Le voici du côté ouest, nous sommes donc l'après-midi.
On note que ce détail est certainement bien cadré et choisi par le photographe qui tient à noter cette particularité qui donne bien l'idée de la profondeur de l'appartement, s'étirant jusqu'à la blancheur un peu dure du fond de la perspective. Car cette carte postale a bien vocation didactique en nous montrant par l'une de ses pièces, la mobilité des espaces, leur taille, la promenade architecturale et aussi nous faire percevoir son habitabilité. Un piano peut même y venir trouver sa place, place qu'il prend à l'espace des enfants. On trouvera comme pour les autres cas de cartes postales des intérieurs de la Cité Radieuse, un mobilier bien peu avant-gardiste et même ici, soyons clairs d'une grande banalité. La grosse armoire n'a vraiment aucun intérêt autre que d'être un coffre, les lits sont recouverts de couvertures bien d'époque et on ne peut s'empêcher de rire à la vision de ce lampadaire en bois tourné (entre pseudo-breton ou pseudo-basque) et son abat-jour en ruban de plastique si moderne. Pour le reste, une banale plante verte dans un pot comme posée là pour signaler la niche, deux malheureuses céramiques qui font pâle figure et c'est tout ! Mais alors pour qui est ce piano ?
Et surtout, si on regarde bien (et l'agrandissement d'un scanner nous le permet) on devine au fond un peu de bordel oublié et une couronne de plumes d'indien qui ne laisse aucun doute sur une présence enfantine.
Est-ce donc un vrai appartement habité et rangé pour la photographie ? Je le crois. Cela expliquerait l'usure de la poignée de la porte coulissante et finalement, la vie qui s'y déroule.
Au dos de la carte postale diffusée par la Société Éditions de France Ryner, nous sommes informés que nous sommes bien dans la chambre des enfants et que la cloison est coulissante. Un tampon bleu affirme que la carte postale fut achetée sur place. Rien d'autre. Le photographe est oublié. Espérons qu'il ne fut pas trop autoritaire en demandant aux enfants de ranger leur chambre...
Gérard mets tes chausson, Gérard range ta chambre, Gérard fais tes devoirs !
Pour voir ou revoir quelques (Oups !) articles sur le mobilier chez Le Corbusier :
https://archipostalecarte.blogspot.com/2017/07/faire-lamour-chez-corbu.html
https://archipostalecarte.blogspot.com/2018/08/very-hard-design.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2011/02/le-corbusier-concret.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/10/le-corbusier-interieur.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2012/02/corbusier-mets-la-table.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/02/le-corbusier-habitable.html
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2014/04/le-carnet-et-le-corbusier.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/04/une-folie-marseillaise.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2012/01/la-photographie-accuse-tort.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2012/02/corbusier-mets-la-table.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2011/03/pieces-deau.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/09/le-corbusier-dans-ses-meubles.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2011/09/le-corbusier-2-dedans-2-dehors.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2011/08/un-reflet-tres-moderne.html
Moi je vois surtout un œil dans le petit bordel du fond.
RépondreSupprimerJe vous lis régulièrement donc merci!
Philippe