Le Comité de Vigilance Brutaliste se fait l'écho de l'exposition des dessins de l'un de ses deux membres : Thomas Dussaix.
Vous trouverez toutes les informations sur le carton :
Profitons donc de ce que Thomas Dussaix expose pour jouir de quelques images d'une architecture surprenante, qui pourraient dans leur photographie ou dans leurs espaces parler un peu du travail talentueux de Thomas Dussaix : une forme orientée du cœur.
N'ayant pas d'images du travail exposé ni de l'exposition elle-même, je vous conseille d'aller sur les liens suivants pour vous souvenir de son travail de pierre noire grattée, arrachée, creusée.
Il n'aime la lumière que lorsqu'elle est cryptique, que lorsqu'elle fend le bloc.
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2013/03/un-effet-de-tunnel-brutaliste.html
http://davidliaudetetthomasdussaix.blogspot.fr/2012/01/instabilisations.html
Je parlerai donc d'une carte postale que Thomas Dussaix a offert à notre collection :
Cette abstraction close mettant en lien courbes et blocs vient du Musée d'Israël à Jérusalem. Expression puissante et symbolique l'ensemble reste ouverte à des interprétations libres et bien plus qu'à la justesse des fonctions. Mais comment ne pas aimer sur cette carte postale, dont la photographie est de Kneller, la superposition sourde de blocs sombres, de courbes blanches hermétiquement exposées sous un soleil de plomb.
On y voit le Sanctuaire du Livre, œuvre de l'architecte Kiesler (associé à Bartos) dont l'étrangeté des propositions architecturales pourrait offrir à Thomas Dussaix l'occasion de réflexions perplexes...
On connaît surtout de l'architecte le projet de maison sans fin (Endless House) dont l'aspect organique fait penser aux coquilles hippies allant de la maison de Yoda aux expériences d'auto-construction de Pascal Haüsermann.
Mais chez Kiesler, il est surtout question d'une forme de conscience accrue de l'habitat et de l'ensemble des liens existants ou sous-jacents entre les fonctions, les rêves et les formes.
Ce qu'il appela le Corréalisme dont il est parfois un rien difficile de définir l'objet : un fonctionnalisme déprimé par le surréalisme.
Mais ce que permet de saisir ce projet de Sanctuaire du Livre c'est qu'il est difficile face à un objet aussi fort que les Manuscrits de la Mer Morte de faire une architecture simplement technique permettant aux chercheurs de venir les travailler.
Comment devant l'Histoire, la force symbolique et les enjeux de politique culturelle d'un état naissant, comment aussi devant une opportunité pour un architecte qui a si peu construit de bâtir enfin, comment donc ne pas basculer dans une architecture démonstrative, symbolique et produisant autant des images qu'un lieu ?
C'était l'écueil.
Kiesler l'a largement débordé ou, j'oserai, a mis les deux pieds dedans. Il est clair que cette construction à l'érotisme possible, véritable fabrique visuelle de répertoires symboliques, se veut surtout la fin du fonctionnalisme. En finir avec la fonction comme une étagère aux formes.
Juxtaposant ces formes, allant jusqu'au mur de basalte noir n'ayant comme objet que la satisfaction de l'œil désirant l'équilibre et le contraste, l'architecte fait la nique à une certaine histoire de l'architecture internationale, celle refroidissant les ardeurs du corps. Et l'imaginaire remplit autant le lieu que sa fonction. Il laisse la place à nos rêves tout en nous rappelant qu'ici se tient quelque chose de religieux, de palpable, de vrai : des documents.
C'est en fait une immense armoire.
Et il lui arrive de sonner, de faire du bruit surtout pour les yeux.
Cela c'est certain devrait plaire à Thomas Dussaix. Remercions-le pour cette très belle carte postale et très belle architecture.
Je vous donne quelques images venant du très beau catalogue "Frederick Kiesler, artiste-architecte" dans la collection des monographies du Centre Pompidou.
Je vous donne aussi un extrait superbe du texte de Michael Sgan-Cohen :
Vous trouverez toutes les informations sur le carton :
Profitons donc de ce que Thomas Dussaix expose pour jouir de quelques images d'une architecture surprenante, qui pourraient dans leur photographie ou dans leurs espaces parler un peu du travail talentueux de Thomas Dussaix : une forme orientée du cœur.
N'ayant pas d'images du travail exposé ni de l'exposition elle-même, je vous conseille d'aller sur les liens suivants pour vous souvenir de son travail de pierre noire grattée, arrachée, creusée.
Il n'aime la lumière que lorsqu'elle est cryptique, que lorsqu'elle fend le bloc.
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2013/03/un-effet-de-tunnel-brutaliste.html
http://davidliaudetetthomasdussaix.blogspot.fr/2012/01/instabilisations.html
Je parlerai donc d'une carte postale que Thomas Dussaix a offert à notre collection :
Cette abstraction close mettant en lien courbes et blocs vient du Musée d'Israël à Jérusalem. Expression puissante et symbolique l'ensemble reste ouverte à des interprétations libres et bien plus qu'à la justesse des fonctions. Mais comment ne pas aimer sur cette carte postale, dont la photographie est de Kneller, la superposition sourde de blocs sombres, de courbes blanches hermétiquement exposées sous un soleil de plomb.
On y voit le Sanctuaire du Livre, œuvre de l'architecte Kiesler (associé à Bartos) dont l'étrangeté des propositions architecturales pourrait offrir à Thomas Dussaix l'occasion de réflexions perplexes...
On connaît surtout de l'architecte le projet de maison sans fin (Endless House) dont l'aspect organique fait penser aux coquilles hippies allant de la maison de Yoda aux expériences d'auto-construction de Pascal Haüsermann.
Mais chez Kiesler, il est surtout question d'une forme de conscience accrue de l'habitat et de l'ensemble des liens existants ou sous-jacents entre les fonctions, les rêves et les formes.
Ce qu'il appela le Corréalisme dont il est parfois un rien difficile de définir l'objet : un fonctionnalisme déprimé par le surréalisme.
Mais ce que permet de saisir ce projet de Sanctuaire du Livre c'est qu'il est difficile face à un objet aussi fort que les Manuscrits de la Mer Morte de faire une architecture simplement technique permettant aux chercheurs de venir les travailler.
Comment devant l'Histoire, la force symbolique et les enjeux de politique culturelle d'un état naissant, comment aussi devant une opportunité pour un architecte qui a si peu construit de bâtir enfin, comment donc ne pas basculer dans une architecture démonstrative, symbolique et produisant autant des images qu'un lieu ?
C'était l'écueil.
Kiesler l'a largement débordé ou, j'oserai, a mis les deux pieds dedans. Il est clair que cette construction à l'érotisme possible, véritable fabrique visuelle de répertoires symboliques, se veut surtout la fin du fonctionnalisme. En finir avec la fonction comme une étagère aux formes.
Juxtaposant ces formes, allant jusqu'au mur de basalte noir n'ayant comme objet que la satisfaction de l'œil désirant l'équilibre et le contraste, l'architecte fait la nique à une certaine histoire de l'architecture internationale, celle refroidissant les ardeurs du corps. Et l'imaginaire remplit autant le lieu que sa fonction. Il laisse la place à nos rêves tout en nous rappelant qu'ici se tient quelque chose de religieux, de palpable, de vrai : des documents.
C'est en fait une immense armoire.
Et il lui arrive de sonner, de faire du bruit surtout pour les yeux.
Cela c'est certain devrait plaire à Thomas Dussaix. Remercions-le pour cette très belle carte postale et très belle architecture.
Je vous donne quelques images venant du très beau catalogue "Frederick Kiesler, artiste-architecte" dans la collection des monographies du Centre Pompidou.
Je vous donne aussi un extrait superbe du texte de Michael Sgan-Cohen :
Vous remarquerez la proximité de ce cadrage avec celui de la carte postale :
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