Comment regarder ces constructions, petits gestes simples répondant tout juste au programme, tentant souvent avec peu de moyens de construire un lieu et un usage ?
Que fait l'histoire de l'architecture de cette banalité apparente dont rien ne semble suinter des murs qu'une forme un peu indifférente à l'époque ?
À la Feuillie en Seine Maritime, le village avait besoin d'un foyer rural. On appela Mr Poincelot, un architecte.
Il dessina cela :
Pas de dédain s'il vous plait, pas de cynisme, pas de second degré dans l'attention à ce lieu.
Regardons pourquoi il fut regardé.
Si l'éditeur de cartes postales ici anonyme est passé là et a cadré ce foyer rural c'est sans doute que les habitants avaient un désir possible de s'y reconnaître.
Ce foyer rural dit bien une petite ville cherchant à offrir à ses habitants un lieu de vie et de partage, un espace remodelable allant du loto hebdomadaire, à la réunion du Syndicat Agricole ou au mariage du fils du notaire et de la fille du boulanger. (Oui, je sais...)
Un lieu neutre dont on peut facilement grâce à cette neutralité bienveillante, sans grandiloquence de signes, faire un peu ce que l'on veut. En quelque sorte, une surface couverte.
Un toit mono-pente, c'est la mode, une blancheur nette, c'est moderne, une coupe dans la longueur en opus incertum c'est rassurant et ça cache la cheminée, une entrée sombre à peine soulignée d'un auvent de métal.
On pourra le 14 juillet, faire monter sur le mât, le drapeau français, celui d'une République qui dit l'expression possible de toutes les fêtes. Rien d'autre.
On écrit tout de même sur la façade, Foyer rural, autant pour le signaler que pour affirmer plus clairement la fonction d'un lieu si simple dans son image.
Mais un autre photographe passera là, un autre éditeur voudra dire ce lieu. Il choisira un point de vue audacieux :
Devant la porte du foyer rural, il cadrera à la fois celui-ci en laissant un rien apparaître les lettres de fer sur la façade et mettra à l'arrière-plan le village reconnu de tous par son clocher. Le petit auvent de métal viendra même en chatouiller l'ardoise. La modernité est installée en ville, du moins le dynamisme joyeux d'un lieu ouvert à tous.
C'est la France.
On entend les flonflons de l'accordéon, on retrouve le matin des dimanches le riz du mariage jeté au sol, ou les discussions politiques aux jours d'élections.
Hier, une majorette rhabillée en civil, son sac à ses pieds a attendu sur ces marches son oncle qui doit la ramener à Yvetot.
Une mobylette pourtant se gare un peu sauvagement. À son guidon, Mickaël sent le gel douche bon marché.
On ne sait pas trop ce qui pourrait arriver à Sandrine, peut-être l'amour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire