Hier, alors que j'étais perdu dans les photographies des numéros d'Architecture d'Aujourd'hui, je suis tombé sur cette publicité étonnante :
La société Besson et Lepeu rappelle comment elle a collaboré avec Le Corbusier pour la construction de la structure métallique du Pavillon Suisse à la Cité Universitaire de Paris !
Pourquoi donc en 1965, une société se permet pour parler de ses compétences techniques d'évoquer un travail réalisé il y a plus de trente ans en 1932 ?
Il va de soi que le nom de Le Corbusier y est pour quelque chose et que ce nom, dans une revue comme Architecture d'Aujourd'hui est un sésame à l'attention du lecteur. On notera aussi que cette revue et donc cette publicité sont contemporaines de Le Corbusier qui est encore vivant à la sortie de ce numéro...
On a vu récemment une carte postale de ce même pavillon faisant l'éloge d'un autre entrepreneur reconnaissant dans ce chantier un moyen de dire ses compétences.
Profitons donc de cette publicité pour regarder une nouvelle carte postale de ce Pavillon Suisse, arrivée il y a peu dans ma collection qui commence à contenir un nombre relativement intéressant de cartes postales de ce Pavillon, preuve de son succès éditorial.
Quelle qualité non !
La carte postale a été éditée par les éditions Moutsouris mais n'est pas datée. Elle est bien évidemment contemporaine de la construction si on croit sa photographie, son impression photographique et la typologie de son style. Le titre est posé dans le ciel blanc et donne bien le nom de Le Corbusier.
On voit parfaitement le Pavillon Suisse ici appelé Fondation Suisse, l'articulation de ses volumes et la qualité des matériaux qui font vibrer cette construction. Ici, depuis ce point de vue, le photographe inconnu nous montre parfaitement le rôle des pilotis qui libèrent le regard et cadrent de minuscules paysages. L'ensemble est vraiment superbe.
Je vous donne le verso de cette carte postale qui comporte un ensemble de citations de Shakespeare assez étonnantes...
Le mystère sur la fonction de ces citations restera entier.
Mais je me pose des questions sur les photographies ayant été utilisées pour la publicité de la société Besson et Lepeu. On sait comment Le Corbusier surveillait les images de ses architectures avec fermeté pour ne pas dire autorité. Aucune notation de photographe sur cette publicité dont on peut imaginer qu'il s'agit de photographies du chantier provenant des archives de la société Besson et Lepeu. La société a-t-elle envie de rappeler, pour un nouveau chantier de Le Corbusier à venir, son implication dans l'histoire de l'architecte ? Profite-t-elle du congrès sur l'architecture et le métal annoncé dans ce même numéro pour faire écho à son histoire ?
Mais ma perdition dans ma collection de revues m'emmène vers une autre découverte, une autre publicité des établissements Besson et Lepeu :
Sans doute aurions-nous aimé que cette somptueuse cage d'acier reste ainsi, ouverte, mécanique et structurelle comme une sculpture perdue. C'est aussi ce pouvoir des images, la manière dont elles se détachent de leurs objectifs et dont nous en saisissons la poésie hybride et mouvante qui fonde mon intérêt à cet art.
Mais les architectes Lafon et Dangleterre avaient certainement mieux à faire. Ils avaient raison.
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