Il suffirait donc de ranger trois barres de manière orthogonale pour fabriquer un quartier dans une ville. En face de ce nouveau quartier, une fabrique, une petite usine et la route qui mène vers la ville ancienne. De l'autre côté des terrains qui sont agricoles et vides.
On pose là, un peu en dehors, à la limite de la ville, dans un espace qui est déjà celui des usines, des habitats collectifs dont je ne sais la raison première de cette localisation. Sont-ils directement liés à la zone industrielle ou sont-ils à cette place parce que la ville ne possédait pas d'autres terrains ?
Ce qui étonne surtout depuis cette image c'est bien que l'éditeur nomme cela nouveaux quartiers au pluriel comme si d'un coup la petite ville, comme toutes les villes de cette période, voyait soudain dans ces constructions un élan et une transformation essentiels. Pourtant, il n'y a rien d'un quartier, rien même de très nouveau. Mais la ville reçoit cette architecture de béton, cette petite greffe prouvant l'élan démographique comme une révolution de son urbanisme.
Et cela sans couture réelle avec le reste de la ville. On a posé les barres au mieux. On ne les a pas collées contre la rue pour offrir un dégagement sans doute à la fois pour celui qui arrive, la perspective vers le centre ancien reste ouverte mais sans doute aussi, pour que les habitants des barres puissent jouir ainsi de l'espace. La petite barre de droite est articulée en face du vide des deux autres, là aussi pour ouvrir la vue. Tout cela fabrique un dessin simple dont l'aménagement du terrain au pied ne résout rien de son utilisation qui devient au mieux une pelouse bien tondue, au pire le parking des résidents. Le paysage pour cette architecture n'est que d'étage. Il est celui que l'on perçoit depuis le promontoire de sa fenêtre. Dans le dedans des barres, on est dans la vue.
L'avion des éditions Combier va repasser une nouvelle fois :
On s'attardera cette fois sur la dénomination de cette nouvelle carte postale qui nous offre, non plus les nouveaux quartiers mais au premier plan, les nouveaux H. L. M.
Cela change quelque chose ?
Sans doute que pour celui qui habite là, H.L.M. parle un peu plus de sa situation sociale, le place dans un registre d'habitants plus particulier. Le loyer étant modéré, les revenus doivent l'être aussi. Le terme nouveaux pouvant ici aussi nous laisser croire qu'il y a d'anciens H.L.M et on devine au fond de l'image une autre barre qui n'est peut-être pas d'habitation.
On pouvait donc à cette époque vendre à des habitants une carte postale qui par son titre les rappelait à leur statut social...
Le curieux d'images regardera entre les deux clichés les micro événements comme les cultures dans les champs, les traces laissées dans ceux-ci ou le peu d'automobiles garées au pied des barres. Il remarquera aussi que le photographe-opérateur aura choisi la même heure si on en croit les ombres des arbres.
Mais ce qui frappe bien entendu sur cette deuxième carte postale c'est l'intervention faite par Marie la correspondante qui, au stylo-bille écrit sa carte et localise à la fois son appartement et l'entrée de sa barre. L'image est donc une pensée et aussi un plan.
La carte postale annonce la vie, elle donne à voir le lieu, précise dans le même instant ce que l'imaginaire du destinataire ne pouvait que construire. C'est un objet pratique.
La première carte postale fut expédiée le 14 août 1970 alors qu'elle est datée par l'éditeur de 1969. La seconde fut expédiée le 20 juillet 1971 mais n'est pas datée par l'éditeur.
Autre chose curieuse de la part de cet éditeur Combier, responsable de ces deux cartes postales, il donne sur la première les noms des architectes avec une précision qui nous étonne :
Architectes : (Entrée Ouest) M. J. Pin, Vienne. (Entrée Est) M. Pogorselzki, Vienne.
Deux architectes...?
Et pourquoi ainsi les différencier sur ce programme ?
Mais voilà que la carte postale peut aujourd'hui rencontrer un autre mode de représentation de l'espace.
Ce mode c'est Google Earth.
Il est aisé d'aller voir ce que tout cela est devenu, de prendre la rue de la Barre, de suivre même l'ombre de la Google Car qui (et c'est rare) fera même l'effort de faire le tour du quartier qui s'est drôlement étoffé depuis l'édition des cartes postales !
Je reste stupéfait que je puisse, depuis mon propre logement, aller voir la porte d'entrée de l'immeuble de Marie. Je sens l'odeur de la lessive qui sèche sur le balcon et je pourrais presque pousser cette porte ou sonner à son logement et lui demander si elle a toujours deux grands lits de libres pour le week-end...
Les arbres ont poussé, peu de monde dehors.
Comment les habitants nomment-ils aujourd'hui ce petit rangement de barres ?
Comment s'y reconnaissent-ils ?
Le Strict Maximum profite que vous soyez vous aussi adepte de google Earth et apparement le nez dans vos revues d'architecture pour vous exposer sa requête. Nous recherchons des documents relatifs au travail de notre architecte Jacques Beufé et plus particulièrement sur sa longue collaboration avec Saint-Gobain. Puissiez vous nous dire si vous détenez des publicités ou autres articles? Nous croyons savoir par exemple qu'il est sujet d'eux dans le n°14 de la revue architecture et lumière ( précédemment Saint-Gobain et le bâtiment) mais bien entendu nous ne trouvons pas cette revue (mais savons que vous l'avérez hélé)
RépondreSupprimerPar avance merci :-)
je vais voir ce que j'aurais ! Promis.
Supprimerbon, nous osons : YOUPIIIIIIII
Supprimer