samedi 23 août 2014

Roland Simounet soldé



Dans la boutique du Musée d'Art Moderne de Villeneuve d'Ascq rebaptisé Lam car il faut aujourd'hui une marque pour reconnaître un lieu (Mucem, Laac, Mamo (le plus ridicule...) il n'existe qu'une seule carte postale faisant un peu état de l'architecture remarquable de Monsieur Roland Simounet.
On connaît par cœur cette impossibilité de croire que le visiteur ne saura pas choisir entre un foulard reproduisant mal une peinture de Picasso, un bidule pseudo-design pour accrocher les serviettes et une représentation digne de l'une des plus subtiles architectures françaises !
Il faut donc passer par une œuvre d'art contemporain à l'anglicisme ravageur pour qu'apparaisse derrière, seulement perçu comme un socle à cette déclamation, le travail de l'architecte. On passera donc aussi sur le fait que Monsieur Simounet est un fond pour une écriture.
Après tout, son œuvre paye de sa modestie que d'autres enfoncent sans remord.
Listen to your eyes... Qu'est-ce que cela veut dire ? Je veux dire, non pas en français, car ce niveau linguistique est saisissable par le premier venu dont je fais partie mais qu'est-ce que cela veut dire ici ?
Serait-ce que nos yeux sont si trompeurs qu'il faille ne faire confiance qu'à nos oreilles ? Mon père me disait bien toujours dans les magasins de jouets "on touche seulement avec ses yeux." Oui, mon père était un poète.
Ici, il faut donc suivre l'ordre (poétique mais ordre tout de même) de Maurizio Nannucci, l'artiste qui, en plantant son néon sur la façade agit comme un programme pour la visite. Mon monde, ma visite en furent, vous l'imaginez... chamboulés...
Et, je renonce toujours aux injonctions. Je n'en garde qu'une, celle de Jules Verne reprise par Georges Perec : "Regarde, de TOUS tes yeux, regarde..."
On passera une fois encore sur l'anglais. Un artiste italien posant une phrase sur un musée français pourrait avoir l'obligeance de nous faire partager sa langue ou de jouer avec celle qui l'accueille. Mais non ! Soyons internationaux, soyons neutres comme avait osé me l'affirmer un jour un "médiateur" auquel je signalais une vidéo en anglais non sous-titrée en français...
On verra sur le site de l'artiste qu'il est coutumier du fait, collant ses poésies anglo-saxonnes, subtiles et déclamatives (Regardez moi moi moi moi) partout où on l'invite et surtout partout où on ne peut y échapper mais oublie de nommer l'œuvre de Villeneuve d'Ascq...
Alors que penser de ce manque de représentation de cette architecture dans une boutique de musée ? Problème de droits d'auteur ? Public trop bête pour en saisir l'essence ? Absence de regard sur le lieu qui fonde l'espace du musée ? On notera d'ailleurs que l'éditeur, le Lam, nomme parfaitement l'œuvre de Maurizio Nannucci mais oublie complètement celle de l'architecte ! Il ne doit donc pas s'agir d'une œuvre... On pourra m'objecter que l'agrandissement réalisé par Manuelle Gautrand n'a pas droit non plus à une carte postale. Pourtant son travail a au moins le mérite d'être aussi particulier. L'architecture au Lam ne fait donc décidément pas œuvre. Je suis pourtant de ceux et j'ose croire que nous sommes nombreux à visiter le Lam autant pour le contenu que pour son extraordinaire contenant.
Alors, il faut dans la boutique du musée se rabattre sur les livres. Bonne surprise on y trouve Roland Simounet à l'œuvre, architecture 1951-1996 en solde...
Outre les très beaux dessins des carnets si fameux de l'architecte, les témoignages touchants de ses amis et collaborateurs, on y trouve un bel entretien réalisé avec Virginie Picon-Lefebvre. Je ne peux résister à vous en donner quelques extraits. Mais avant tout, il faut faire la visite. Et, faites donc comme moi :  allez à Louvre-Lens le même jour ou le lendemain. Et vous comprendrez ce qui manque au second et ce en quoi l'architecture de Roland Simounet est œuvre et non démonstration d'images. Et puis la collection du Lam est somptueuse, somptueuse comme la parfaite lumière tombant dessus, parfaite également dans sa muséographie. La mise en relation de Poliakoff, Soulages et Raoul Ubac est un moment de pure délectation comme la collection d'Art Brut un peu mal servie, je trouve, par son lieu. Nous nous sommes régalés de la vidéo le Hameau de Bertille Bak ! Absolument poétique, dure, touchante. Il y a dans cette vidéo un loup très particulier que j'aimerais revoir ou croiser dans la forêt.

Roland Simounet à l'œuvre.
édition du Musée d'art moderne Lille Métropole, Institut Français d'Architecture.
Sous la direction de Richard Klein.
isbn-2-86961-060-2
5 euros en solde... achetez-le ! Offrez-le ! Lisez-le !









Quelques images de votre serviteur :

une ardoise gravée de Raoul Ubac.



















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