Yvetot en force

Je crois que je n'aurai pas grand-chose à vous raconter, ni besoin de beaucoup vous convaincre sur l'intérêt de publier sur ce blog cette carte postale :

C'est du lourd.

La carte postale des éditions Artaud (pour Gaby) possède tous les atouts de ce que nous aimons sur ce blog : qualité photographique, qualité éditoriale, beauté oubliée de cette architecture. Nous sommes devant le Palais des Vikings qui est une salle ou un "Palais" comme nous aimons à le dire à cette époque. L'éditeur a la bonne idée de nommer l'architecte Mr Vaconsin sur qui on trouve très peu d'informations : une mention pour un concours à Strasbourg dans un numéro d'Architecture d'Aujourd'hui.

Mais quelle belle radicalité !

Et quel cadrage : le ciel, la terre et l'architecture. Tout tient bien dans une forme pleine, fermée, solide, aux proportions justes dont la beauté vient bien de ce beau jeu des brises-soleil qui font vibrer cette masse. 

C'est superbe aussi dans sa solitude d'image. On remarque que les joints des coffrages sont laissées visibles et dessinent aussi l'ensemble. Il me faudra aller voir ce que cette merveille est devenue.

Toujours à Yvetot, une vieille connaissance :

La nouvelle église d'Yvetot est vraiment nouvelle à ce moment-là car elle est encore en construction ! On devine parfaitement que le chantier est vivant à plein de détails mais aussi tout de suite à l'absence du campanile et des vitraux !

Des tiges de métal et de bois surgissent encore de la façade vide et autour de l'entrée tout un bazar de chantier démontrent que l'église doit être terminée bientôt. 

La carte n'est malheureusement pas datée mais possède un détail étonnant. Les architectes sont nommés : messieurs Chirol, Flavigny et Marchand. Ces noms sont imprimés en plus gras sur une ancienne nomination qui avait mal orthographié le nom de Mr Chirol en ChArol ! On s'étonnera de la reprise et de la correction mais également de la mention (décédé) accolé à son nom. Les éditions Combier font donc preuve d'une attention toute particulière que la mention "en construction" appuie également.

Comme il devait être beau ce moment de l'église où l'air passait au travers de sa structure, où l'espace intérieur vide devait offrir toute sa force. Regardez comme l'ouverture pour pénétrer ce volume semble minuscule en proportion de l'ensemble ! Un trou de souris sous un Christ gigantesque et imposant. Sans doute, pour cette architecture, quelque chose de la visite du pénitent et de l'humble devait s'organiser pour lui offrir, une fois la porte passée, l'espace immense qui vous entoure de la lumière du plus grand vitrail d'Europe.