En effet, Thomas Dussaix partage pendant l'exposition l'effet tunnel quatre de ses très grands dessins réalisés à la pierre noire.
Il va sans dire que le Comité est très fier.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore le travail de dessin de Thomas Dussaix, vous verrez sans doute que la réalité plastique fait transpirer ses influences.
La science fiction, l'architecture brutaliste (et celle de Claude Parent en particulier), le post-punk, les espaces perdus et inexplorés des jeux vidéos, l'art roman et l'œuvre de Nicolas Moulin forment un ensemble possible de lieux que le dessinateur arpente.
Mais il faut aussi parler de la méthode car elle induit un mode mental de visite. Thomas Dussaix pousse le comble de l'obscurité en la construisant d'un objet de dessin minuscule face à sa surface : le crayon de pierre noir.
Noircir ainsi une feuille de grand format, lui faire dire son ombre pour ensuite en écorchant sa surface, en la scarifiant, en l'arrachant, lui donner la lumière est aussi une forme de brutalisme particulier...
Tout tient aussi dans ce temps, dans cette posture de l'artiste qui trouve sans doute dans ce moment d'intense application du noir une méditation, une concentration, peut-être un oubli.
Je vous conseille donc vivement l'expérience de cette contemplation, sans doute y trouverez-vous des espaces sourds percés de lumière dont par exemple, la visite des bunkers ou la lecture de La Maison des feuilles de Danielewski sont les rares expériences similaires.
Vous en profiterez également pour perdre votre regard (et donc le retrouver) dans les espaces construits de Sophie Mari dont l'installation sait jouer des matériaux, de leur déplacement et de leur destinée.
Vous plongerez également dans un noir profond d'une des très belles pièces de Sophie Dubosc en suivant simplement une ligne infinie tombant du plafond.
Le travail plus social, plus politique aussi sans doute du groupe Studio 21bis vous fera comprendre que l'effet tunnel est, au-delà d'un terme scientifique, une réalité d'un espace public qui sépare, ordonne, commande et dirige.
Bonne visite.
Et puisque nous aimons les cartes postales et que la ville d'Yvetot possède quelques images et quelques architectures passionnantes qui complèteront, à n'en point douter votre visite à cette exposition je vous propose :
L'église d'Yvetot reste une merveille même avec sa peinture actuelle rose absolument horrible. On pourrait même finir par aimer cette couleur comme un défi au goût, un extrémisme de l'errement, une sorte de jubilation désespérée.
Heureusement nos cartes postales ont su maintenir dans des images et des photographies une réalité plus douce et plus belle.
Cette carte postale sans éditeur nous montre l'église grâce à une photographie de J. Albanesi. Cette carte postale est certes colorisée mais sa coloration est bien moins... sauvage que la réalité d'aujourd'hui !
Une petite particularité : le correspondant s'excuse de son écriture tremblante car il écrit la carte postale "sur la malle de la 2cv". Charmant détail...
Presque le même point de vue mais bien plus récent :
La carte postale des Editions Normandes Le Gouley précise que l'église Saint Pierre est remarquable par ses "verrières" (sic) de Max Ingrand. Et c'est vrai ! Mais pas seulement !
Expédiée en 1987, la carte postale nous dit aussi comme réponse à un jeu : "l'amitié est une âme entre deux corps". Et c'est vrai aussi...
Cette carte postale Combier nous donne à voir l'intérieur et ses fameux vitraux qu'on dit les plus grands d'Europe.
On remarque surtout la colonnade qui fait la circonférence de l'église en laissant ainsi son intérieur dégagé. Grande simplicité, tout est offert au volume, à sa hauteur et son ampleur. C'est superbe.
Une autre ?
Nous finirons avec cette carte postale datée de 1966 qui nous donne cette fois le nom de l'architecte : M. Marchand.
Là encore l'explosion du vitrail et sa luminosité qui le transperce rejoignent en quelque sorte L'effet tunnel.
Merki David... cela me fait toujours réver !!!
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