Je trouve d'abord cette carte postale de la Clinique Saint-Michel à Toulouse. Je suis immédiatement saisi par cet espace intérieur, la décoration et l'utilisation des pavés de verre pour former ce grand mur dans le hall d'entrée. Comment ne pas être séduit par une telle image ?
Je me dis qu'il y a bien là une œuvre, une attention et un vrai travail spatial qui ne peut pas être fortuit surtout pour un programme de clinique. Et que c'est simple quand on a les bons outils... Une recherche rapide dans ma collection de revues l'Architecture d'Aujourd'hui et je tombe devant un article sur cette clinique dans le numéro de juin/juillet 1959.
Certes l'article publié dans un numéro consacré à la santé s'attarde sur les blocs opératoires mais il nous donne tout de même une information importante : le nom des architectes !
Pierre Vago et Delfand sont donc à l'origine de cet établissement même s'il est difficile de dire si c'est directement ces deux architectes qui ont dessiné ce hall d'entrée étant donné qu'il s'agit avant tout d'une requalification de l'ensemble. Mais, au vu de la qualité de ce hall, du style, il ne fait aucun doute que les architectes ont dû au moins en concevoir les grandes lignes, circulations et espaces. Non ?
Et puis reste une carte postale d'une très grande qualité, une photographie superbe donnant à voir un lieu dont le vide fait aussi ici la qualité dramatique. Je reste comme Candida Hofer sensible à cette résonance des espaces vides porteur dans le silence des images d'une charge métaphysique. Oui. Métaphysique. Et j'imagine les silhouettes mystérieuses visibles seulement derrière ce mur translucide et faisant vibrer comme des pixels les uns après les autres les pavés de verre. J'imagine les attentes des patients, des familles regardant cet écran, y projetant selon le dynamisme des déplacements voilés, les peurs et les joies des nouvelles bonnes ou mauvaises. Dans cette blancheur, dans ces jeux optiques, dans cette netteté des lignes quelque chose se pose d'une neutralité nécessaire à l'écoute. Ici rien ne doit proposer à la douleur ou au soulagement un écho.
Le lieu mettant en scène essentiellement les corps, les faisant jouer dans leur réalité parfaitement lisible est superbe dans ce vide sans voix, sans plainte.
C'est de la très grande photographie. Et cerise sur le gâteau et preuve que la carte postale possède des atouts pour l'architecture, la revue utilise le même photographe Yan que la carte postale !
Je vous donne quelques clichés provenant de l'article de l'Architecture d'Aujourdhui qui, s'ils ne sont pas éclairants du point de vue d'un aspect général de cette architecture en montrent des images de son fonctionnement. C'est d'ailleurs cette clinique qui fait la couverture superbe de la revue.
Et c'est réjouissant !
Pour voir des blocs opératoires vraiment étonnants, je vous conseil de vous pencher sur l’hôpital mémorial de St-Lô (Dessiné par Nelson et financé par les USA en réparation des dommages à la ville).
RépondreSupprimerhttp://library.columbia.edu/locations/avery/da/collections/nelson.html
J'ai vu ces salles extraordinaires il y a une quinzaines d'années. Ce bâtiment est unique en France par sa modernité et son style "californien" qui a encore du chien aujourd'hui dans son paysage de bocage. C'est une curiosité incontournable de l'architecture moderne en France.
Le problème est qu'il a été réhabilité il y a peut. Je pense que ces fameux blocs opératoires ont disparus (il n'étaient déjà plus en service lors de ma visite).
Plus généralement, je découvre enchanté votre blog qui rejoint miraculeusement bon nombre des mes fantasmes. Je n'avais pas pensé à la carte postale comme médium de ces intérêts.