lundi 11 novembre 2013

La Cité de Refuge en Tri.D.




En février 2012, je vous donnais à voir deux cartes postales de la Cité de Refuge de Le Corbusier éditées à l'occasion d'une intervention du Groupe de sculpteurs Art Seine Tri.d.
Je savais que ces cartes postales appartenaient à une série et voilà que Rose Mansion me le confirme en m'offrant la série complète dans son étui ! Merci Rose !
Publié en 1995 pour le soixantième anniversaire de la Cité de Refuge en 1993, l'ensemble des cartes postales agit donc comme une sorte de catalogue d'exposition permettant de voir les interventions et les pièces des artistes du groupe. certains me sont bien connus car, ils étaient à l'époque mes enseignants à l'École des Beaux-Arts de Rouen, d'autres de jeunes artistes en devenir. L'ensemble des cartes postales nous donne à voir des photographies de Marie-Hélène Le Ny. Les artistes n'ont en effet pas produit chacun leur image, il s'agit du regard d'une artiste sur des artistes ce qui oriente sans doute le regard particulier sur les objets et le lieu. Finalement, dans l'ensemble, peu de cartes nous parlent de la relation entre l'architecture et son programme et les interventions des artistes. Difficile même parfois de voir la Cité de Refuge derrière les volumes, les sculptures des artistes. Pourtant on devine bien une attention particulière à la question des sans-abris et du logement mais le cadrage se resserre énormément sur les pièces et ne permet pas toujours de saisir comment celles-ci jouent ou pas avec l'espace. Et, comme aucun texte ne permet aux artistes d'expliquer le travail individuel ou une contrainte de groupe, cela fabrique des images aujourd'hui étranges à ceux qui n'ont pas eu la chance de voir l'exposition.
En fait, ce petit portfolio est comme un relais de mémoire pour ceux qui ont vu plus qu'un moyen de dire et d'évoquer les angles du travail de chacun.
Je vous les donne à voir telles qu'elles sont.
Mais je dois dire mon agacement naïf face au travail de Lucy Orta qui décline maintenant depuis des années un travail esthétique sur les questions de l'habitat d'urgence : relookage et tunning des sacs de couchages des sans-abris à l'image Hi-Tech de ceux d'alpinistes. Faire de l'art avec une problématique aussi sensible est possible si on ne fabrique pas seulement des images, si on ne s'autorise pas seulement à faire de belles pièces qui ne changent rien en terme de rapports humains de soi à l'autre mais jouent seulement dans le petit pré-carré de l'art contemporain qui sait bien faire semblant (souvent) de faire de la politique. Mettre ainsi dans l'espace du white-cube (ou pire dans celui de la douleur) la préoccupation de millions de personnes, la détresse des réfugiés en faisant cyniquement des sculptures-objets qui n'ont d'autres fonctions que de s'offrir aux visiteurs comme des preuves moralistes (et belles...) d'une réflexion me déplaît foncièrement. Il ne faut pas design-er la misère et la désigner ne suffit pas non plus. Je n'ai, malheureusement, besoin de personne pour me la donner à voir. Elle est là.
Tendre ainsi à ceux qui parcourent la Cité de Refuge dans la réalité crue de leur besoin un miroir à leur situation, leur dire que nous, dans le domaine de l'art, nous jouons avec leurs formes, leurs objets, leurs espaces est une éthique qui me semble un rien déplacée.
Enfin...




































1 commentaire:

  1. La cité du refuge était en rénovation lourde au mois de juillet 2012...

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