lundi 3 février 2020

Les chroniques corbuséennes disponibles à l'écoute !

Les Chroniques Corbuséennes (parfois un peu Martiennes) furent nommées ainsi par les étudiants eux-mêmes.
Il s'agit pour moi, à chaque émission de Radio On, radio des étudiants de l'école des Beaux-Arts du Mans, de prendre la parole sur l'architecture en s'appuyant fortement ou très légèrement sur la thématique proposée par les équipes de réalisation de chacune des émissions.
Parfois très militante, parfois très Corbuséenne, parfois très fictive, la Chronique Corbuséenne est avant tout l'exercice de la prise de parole et de la joie de la diffusion d'un certain regard sur l'architecture que je défends sur ce blog également.
Les Chroniques Corbuséennes sont filles de ce blog.
Vous pouvez donc soit les écouter en direct lors de la réalisation des émissions (environ une par mois) soit vous pourrez maintenant les réécouter en podcast. Pour mieux saisir leur sens, il est parfois nécessaire d'écouter l'émission entière mais le plus souvent, elles sont autonomes et peuvent s'écouter seules.
Je veux ici vivement remercier Philippe Langlois mon collègue qui s'occupait de cette émission et qui l'avait mise en place au sein de notre établissement et qui nous a offert à tous, étudiants, enseignants, invités, l'occasion de faire porter notre voix. Je veux également remercier Rodolphe Alexis qui a repris la barre et les étudiantes et les étudiants, toujours attentifs à mon insertion dans leurs créations radiophoniques, à l'écoute, généreux en temps et prompts à rire et écouter mes préoccupations et mes colères. Merci à vous tous.
Cette Chronique Corbuséenne m'est devenue indispensable comme une évidence pour la défense de nos belles architectures.
Je n'oublie pas non plus ce que cette Chronique doit à mes heures d'écoute de l'émission Métropolitains de François Chaslin. Modestement, comme un élève sérieux un rien parfois intimidé, je garde à chaque écriture de cette chronique, le désir de tenter de faire aussi bien.
Au fur et à mesure des podcasts, je compléterai cet article. Si il manque des émissions c'est que j'y fais une Chronique Automobile.
Bonne écoute !
À vos cassettes !



Chronique Corbuséenne 84 consacrée au Foyer Moïse de Rouen et à la politique de Échelle Inconnue voulant le sauver. La chronique qui se veut très polémique commence à 1H28min45sec.




Chronique Corbuséenne 83 consacrée aux Journées du Patrimoine et à notre Ministre Madame Dati mais surtout à la visite de la Synagogue d'Elbeuf. La Chronique commence à 1H15min55sec. Une chronique émouvante car très personnelle.



Chroniques 74 qui annonçait la fin de la Chronique Corbuséenne, on verra que finalement...non...
Une Chronique Corbuséenne sur les lieux du sexe, sur Guillaume Dustan, sur les boites de nuit, les clubs gay, sur ma jeunesse très calme. La chronique commence à 2H39mn44s :

L'émission est consacrée entièrement à la Sarthe et ses richesses. La Chronique Corbuséenne évoque ce Patrimoine sarthois au travers des courriers et archives de Jean-Michel Lestade, ingénieur du béton. On y parle de Louis Miquel, Jean Le Couteur, Hennebique, Andrault et Parat etc...
La Chronique commence à 1H1m10s :



l'émission spéciale Bilbao, retour des étudiants est consacrée à l'effet Bilbao et au sens de la Chronique.
On y parle essentiellement donc de Gehry.
La Chronique commence à 1h0034secondes.



l'émission 71 vous propose de la Tendresse ! Nous y parlerons de l'espace de la guerre et de l'espace syndical avec comme toile de fond l'immeuble de Zehrfuss et Prouvé à Tours. La Chronique commence à 43min24 secondes.



l'émission 70 est exceptionnelle puisque nous avons un invité de marque : Dominique Amouroux lui-même ! Il vient nous raconter la genèse de son si célèbre Guide d'Architecture Contemporaine !
La Chronique est donc un peu plus longue que d'habitude et c'est tant mieux, elle commence à 1h29mins.




l'émission 69, Radio on Fire ! (comme son chiffre l'indique) est une émission très spéciale et un peu chaude ! On y évoquera un projet très particulier de film sur les rampes de Claude Parent, on y évoque le mobilier des architectes et leur fonction parfois dévoyée. Une émission réservée aux adultes ! 
La Chronique Corbuséenne commence à la 20min50




l'émission 68, 2 est consacré en grande partie à Jean Prouvé et aux habitats d'urgence. On y parle aussi de Shigeru Ban. c'est volontairement un peu polémique. La Chronique commence à la 48min43 :



L'émission de rentrée s'appelle Open Bar !
On y parle du Café Costes, de l'Aubette à Strasbourg, du Café le Fontenoy à Piacé. On y chante avec Sophie et Charli XCX.
La Chronique commence à 1h28 minutes :



L'émission 67 s'appelle à l'unisson.
On y parle de Alvar Aalto, de Alvar Lestrade, de Jean Dubuisson et de la transmission familiale. On y lit le Roi des Aulnes de Michel Tournier.
La Chronique commence à la 22ème minute :



L'émission 65 s'appelle Invisible(s)
On y parle des friches, de la Nature avec ou contre l'Architecture et de l'idéologie écologiste.
La Chronique Corbuséenne commence à 1H02min10s :



L'émission 64 s'appelle Certitude(s).
On y évoque les plans, les maquettes, les projections imaginaires sur l'architecture avant sa réalisation.
La Chronique Corbuséenne commence à 2H32 :


L'émission 63 s'appelle Diktaphone.
Peut-on aimer l'architecture nazie ? Stalinienne ? Peut-on être de droite dans une école d'art ? Peut-on chanter un chant de la Légion Étrangère dans une école d'Art ? La Chronique commence à 1H48min10s.



L'émission 62 s'appelle à domicile(s).
Elle pourrait s'appeler on est chez nous et interroge la notion de domicile, des lieux vrais où on habite. Avec un hommage au Mans et à Jean-Luc Le Ténia. La Chronique Corbuséenne commence à 2H33min.



L'émission 61 s'appelle l'appel du 18.
On y parle de Jean Noël René Clair et de son cinéma gay porno, des pompiers et de l'architecture des casernes de pompiers. Le duo avec Thomas Rayon est Blawa de L'Algerino.
La Chronique Corbuséenne commence à 1h58min10
https://radio-on.org/podcast/radio-on-61-hyper-lieux5/


L'émission 60 s'appelle un nouvel espoir.
On y parle de l'héritage des architectes, de Loris Gréaud, de Claude Parent, du génial Youssef Tohmé et de l'étonnant Titouan Buys. Le duo avec Thomas Rayon est Petit Cœur de 13 block.
La Chronique Corbuséenne commence à 1h37min 40s
https://radio-on.org/podcast/radio-on-60-hyper-lieux4/


L'émission 59 s'appelle le début de la fin.
On y parle de Jul, de Sarcelles, de Pruitt-Igoe et des grands ensembles :
La Chronique Corbuséenne commence à 2h08min40s :
https://radio-on.org/podcast/radio-on-59-hyper-lieux3/ 


L'émission 58 s'appelle Et demain ?
On y parle de Guy Rottier, de la livraison de l'architecture, des camping-cars, de l'installation dans les murs.
La Chronique Corbuséenne commence à 01h23min.
https://radio-on.org/podcast/radio-on-58-hyper-lieux2/


L'émission 57 s'appelle Hyper-Lieux :
On y tord le cou à l'hétérotopie obligatoire, aux non-lieux, aux typologies, à Gilles Clément et on y chante le magnifique ouvrage Cabane des Champs de Annie et Michel Politzer.
C'est sauvage !
La Chronique Corbuséenne commence à  00:43min 45s
https://radio-on.org/podcast/radio-on-57-hyper-lieux1/ 





L'émission 56 s'appelle Radiotopie.
On y évoque Albert Caquot, la Patrimonialisation des Centrales Nucléaires et de leur incroyable beauté, du rêve fou d'y voir des chefs-d'œuvres du paysage. On y évoque, bien entendu Claude Parent et avec Thomas Rayon nous faisons une reprise de Depeche Mode !
La Chronique Corbuséenne commence à 2h03min.
https://radio-on.org/podcast/radio-on-56-radiotopie/ 




L'émission 55 s'appelle Bi-e
On y parle du genre, du sexe, de l'amour le jour de la St Valentin. Il y a des recoins du Monde qui se souviennent des premières fois. Attention cette chronique est réservée aux adultes.
La Chronique Corbuséenne commence à  1h40 min :
https://radio-on.org/podcast/radio-on-55-bi-e/

L'émission 54 s'appelle la bêtise.
On y parle du projet de Rudy Ricciotti sur la Maison du peuple de Clichy et de Stéphane Bern. On retrouve aussi un duo avec Thomas Rayon !
La Chronique Corbuséenne commence en partie 2 à 00:31:00 !
https://radio-on.org/podcast/radio-on-54-la-betise/



L'émission 53 s'appelle Partir un jour.
Si vous ne deviez écouter qu'une seule de ces chroniques, écoutez celle-ci. On y parle de Le Corbusier et de Louis Lepère, on y chante avec Thomas Rayon, on est ému.
La Chronique Corbuséenne commence en partie 1 à 00:48:20 !
https://radio-on.org/podcast/radio-on-53-partir-un-jour/


L'émission 52 s'appelle les Vieux.
La Chronique Corbuséenne évoque les maisons de retraite, la vie dans les espaces avec des vieux, avec ma mère. Avec Thomas Rayon et votre serviteur chantant Je reste à la maison de Jul ! Extra, c'est extra !
La Chronique commence en partie 2 à 18min40 !




L'émission 51 s'appelle ASKIP, elle évoque les complots, les complotistes... Chuuuuttt on nous écoute...
La Chronique Corbuséenne commence à 27min30.
Avec SoolKing et Paroles en dédicace.


L'émission 50 s'appelle les Multivers.
La Chronique Corbuséenne évoque les tueurs en série, des maisons qui font peur....
Vous y entendrez Loud magnifiquement interprété par votre serviteur, ça fait peur aussi...
https://radio-on.org/podcast/radio-on-50/




L'émission 49 s'appelle sur place ou à emporter.
La Chronique Corbuséenne évoque le voyage avec Lady Gaga et Rick Gonzalez ! Elle évoque aussi les aires d'autoroutes et les Auto-grill.
C'est chaud...Très chaud...
L'une de mes préférées !
La Chronique commence à 40min02


L'émission 48 s'appelle Allers Retours.
La Chronique Corbuséenne évoque l'architecture brutaliste en Ukraine ! Du béton, du beau !
La Chronique Corbuséenne commence à 29min35 !
Dédicace à Didier Mouchel. On y parle de Frédéric Chaubin aussi.
https://radio-on.org/podcast/radio-on-48-allers-retours/





L'émission 47 est une lecture d'un texte fait sur mon autre blog. Vous pouvez donc voir la vidéo et le texte directement ici.
https://liaudetlithographies.blogspot.com/2017/11/trois-minutes-quarante-quatre-secondes.html
Sinon, vous pouvez aussi m'écouter :
https://radio-on.org/podcast/emission-47-packshot/

L'émission 44 est consacrée à la venue des instruments des Frères Baschet dans l'école. Il est surtout question pour cette Chronique Corbuséenne du Pavillon Philips à Bruxelles de Corbusier, Xénakis et Varèse, de Royan, des doubles courbures, de Gillet et de la famille Lestrade.
La Chronique Corbuséenne commence à  1H 04m 34s...
https://radio-on.org/podcast/emission-44-baschet-moi/



















L'émission 43 est une spéciale dédicace à celui qui m'a invité à la radio, m'a donné envie de faire la Chronique Corbuséenne : Philippe Langlois qui a rejoint maintenant la prestigieuse IRCAM. Merci Philippe. Merci pour tout. Il est y question de l'Ircam, de l'école du Mans et de la Maison de la Radio. Avec même votre serviteur reprenant 56K de Loud ! Mais si, mais si... Et Balavoine...
https://radio-on.org/podcast/emission-43-dedicasse/
La chronique commence à 1H 21m 23s.
 




















L'émission 42 est une spéciale Gypsy. La Chronique commence... dès le début de l'émission ! On y entend du rap de caravane, on y parle de mobilité, mais on cause surtout de Tintin, de Moulinsart et d'altérité même si cela me fut très difficile de porter ma voix par dessus la fête et le bouhaha des étudiants... On y entend aussi Cazwell, c'est chaud !
https://radio-on.org/podcast/radio-on-42-radio-gypsy/


















Une émission 40 donc tout sur la quarantaine... La Chronique commence à 1H 24 m avec Jamie XX et finit avec Territory de The Blaze...Trop heureux ! Il y est question des lieux des clips vidéo et de comment on les regarde. De Paris copié en Chine à l'Algérie de le Corbusier... On voyage ! Sans doute l'une de mes chroniques favorites.
https://radio-on.org/podcast/radio-on-40-sous-40-degres/





















Une émission N° 39 très râpeuse, très rappeuse. Avec du gros son et des paroles dessus. La Chronique Corbuséenne parle de la prison, de son architecture et d'un atelier d'écriture étrange produit aux Baumettes. Il s'agit aussi de je me souviens de Georges Perec. La Chronique commence à 01H05min 50s après l'excellent LL Cool J ! Bruit de bouteilles de bière en prime !
https://radio-on.org/podcast/radio-on-39-ghetto-blaterz/





















Cette Chronique Corbuséenne est très spéciale puisque dédicacée entièrement à Denis Herzog, compagnon de Jean-Jean Lestrade.
La Chronique Corbuséenne commence à la minute 45mins 15
https://radio-on.org/podcast/radio-on-38-la-grenadine-est-salee/



Cette émission N°37 spéciale est articulée autour de la venue de l'artiste Nicolas Moulin dans le cadre d'un atelier d'éditions d'artiste. Vue la personnalité et le travail de Nicolas Moulin, elle est fortement architecturale tout du long ! On y entend aussi Monsieur Claude Parent ! Cette fois, il est question de la barre Le Couteur au Mans.
La Chronique Corbuséenne commence dans la première partie à la minute 1h 51mins 50
https://radio-on.org/podcast/radio-on-37-grautag-avec-nicolas-moulin-partie1/



La Chronique Corbuséenne la plus émouvante sans doute pour moi, celle de l'amitié avec Thibault Aspe et Catherine Schwartz, celle de la jeunesse, de l'art et d'une certaine idée de ce que éditer veut dire. Une Chronique Corbuséenne sur certains amours partagés. Cette émission est donc une pièce à part entière éditée et revendiquée par Catherine Schwartz dans le cadre du workshop résidence d'artiste auquel Catherine Schwartz fut invitée. Merci Catherine pour ta venue.
FERVEUR ! FERVEUR !
La Chronique Corbuséenne commence à 1h39mins 34s !
N'oubliez pas d'écouter à la fin le concert du groupe Catherine Schwartz !
https://radio-on.org/podcast/radio-on-36-ferveur/




















La Chronique 33 évoque André Bruyère, les architectures Bulles au travers des livres de François Chaslin, Ève Roy et Raphaëlle Saint-Pierre. On évoque aussi Royan et le voile mince de béton et bien entendu, l'Oeuf, centre d'études !
La Chronique Corbuséenne commence à la minute 41mins 52
https://radio-on.org/podcast/radio-on33-loeuf/



















Une Chronique N°32 américaine dédicacée à Monsieur Parent. L'amour, l'architecture, les nuages, le SIDA...
La Chronique Corbuséenne commence dans la seconde partie à la minute 25mins 20
https://radio-on.org/podcast/radio-on-32-brouillard-nuage-brouillard/




Comment dessiner le seuil des autres monde ? Une Chronique  N°31 grotesque au sens propre du terme. Une Chronique Corbuséenne dans laquelle Claude Parent nous accueille sur le seuil !
La Chronique Corbuséenne commence à 2h01mins
https://radio-on.org/podcast/radio-on-31-les-autres-mondes/







Une vraie carte postale que cette Chronique N°30 ! Rotterdam et la visite de l'agence OMA-AMO de Rem Koolhaas !
La Chronique Corbuséenne commence à la minute 24mins 30
https://radio-on.org/podcast/radio-on-30-micro-radio/




Une Chronique Corbuséenne N°29 sur Royan, sur la villa de Jean Prouvé et l'avenir patrimonial. Qui soutenir ? Les institutions ou les marchands ?
La Chronique Corbuséenne commence à la minute 49 mins 00
https://radio-on.org/podcast/radio-on-29-odoradio/



Une émission magnifique car faite d'une belle amitié avec Catherine Schwartz qui était venue à l'école nous parler de son travail d'artiste, de ses connaissances en fanzines. Catherine Schwartz était venue en résidence dans notre école. On retrouve Catherine Schwartz dans l'autre émission de Radio On qui est la restitution de cette résidence.
La Chronique Corbuséenne évoque le Label Patrimoine du XXème siècle et les errements de ce Label devenu inutile. Ça commence à 45 mins 35
https://radio-on.org/podcast/radio-on-28-jungle-jingle/

samedi 1 février 2020

De la réception populaire de l'architecture

Lorsque mes amis me qualifient de fan de Claude Parent, j'ai toujours un moment de recul, comme si ma relation à l'architecte et à son œuvre méritait mieux (ou différemment) que ce vocable plus souvent associé à des petites vedettes de la chanson.
Pourtant, c'est vrai, et mes amis ont raison en ce sens, que chaque fois que l'occasion m'est donnée de rencontrer le travail de Claude Parent, j'ai un petit frémissement particulier, une sorte de satisfaction primaire, un frisson faisant trembler la colonne vertébrale.






































Ce fut le cas avec cet ouvrage, la civilisation du loisir chez Marabout, offert par Catherine Schwartz et Lucas Morin, éditeurs et artistes de talent. Merci à vous deux.
Dans ce livre dont la collection se veut très populaire, didactique et de vulgarisation, on trouve plein de textes et d'images qui, dès la couverture, donnent le ton d'une époque Pop heureuse de vivre. L'année ? 1967. C'est parfait...



Sur la couverture de l'ouvrage, magnifiquement dessinée par Henri Lievens, on voit une robe de Paco Rabane et, très stylisé, Habitat 67 de Moshe Safdie quand il faisait encore de l'architecture.
Ce que donne à voir donc ce genre d'ouvrage c'est la réception d'un travail, comment, soudain, il apparaît comme représentatif, reconnu, racontant à lui seul la question posée.
Donc, pages 156-157 et pages 158-159 surgissent deux dessins de Claude Parent au milieu d'un article de Hugo Uyterhoeven sur l'expansion économique.




J'ai donc cherché dans cet article quelque chose permettant de comprendre ce désir de présence de Claude Parent et Paul Virilio sans bien saisir cette nécessité. Peut-être, vaguement, le désir d'évoquer d'autres structures de la vie pour permettre une refonte entre les temps de loisirs et les échanges sociaux... Rien de très convaincant... Alors ?
On sait que ce genre d'ouvrage à vocation populaire doit aussi être séduisant, ouvert et offrir dès le premier feuilletage, l'envie de le parcourir et, de par son iconographie très riche, faire saisir le contenu et l'objet de la réflexion. D'ailleurs Parent et Virilio ne sont pas les seuls architectes montrés dans l'ouvrage qui accumule tous les stéréotypes de la ville moderne et de la prospective sur l'urbanisme. Je crois d'ailleurs que le mot prospective est bien le seul qui justifie ici cette place accordée à nos deux amis architectes.
On note avec délice qu'en fin d'ouvrage, dans les sources des illustrations, c'est bien Architecture Principe qui est nommée et que le premier dessin est crédité à Claude Parent alors que le second est crédité, oui, à... Paul Virilio...
Bien entendu cela m'étonne car il ne fait aucun doute que ces deux dessins sont bien de Claude Parent. S'agit-il alors d'une stratégie de la nomination ? Qu'ainsi, en ayant attribué son nom à un dessin, Virilio apparaît à égalité avec Parent dans le groupe Architecture Principe et gagne en lisibilité ? Hummm....
Et surtout, comment l'éditeur de ce petit livre a-t-il trouvé ces architectes, ces dessins et comment a-t-il pu penser qu'ils seraient utiles ? Cela prouve une certaine réception de notre duo, une certaine lisibilité pour ce qui est de la vulgarisation de la prospective architecturale. Je pense que les ouvrages de Michel Ragon ont certainement aidé à cette vulgarisation de l'œuvre de Parent et Virilio.
Lorsque Catherine Schwartz et Lucas Morin m'ont offert ce livre, j'ai tout de suite émis un doute quant à mon désir de le garder dans ma bibliothèque déjà très encombrée de ce genre d'ouvrages que l'on aime pour peu de choses (une photo, une qualité éditoriale) mais que l'on n'ose pas éjecter. Alors que faire de celui-ci ?
Que faire aussi d'un livre offert, dont l'éloignement de la bibliothèque apparaîtra comme une trahison de l'amitié ?
Au moins m'aura-t-il permis de me poser cette question de la réception d'une architecture, de voir comment elle intègre et illustre des préoccupations de son temps et fait iconographie. Combien de lecteurs de l'ouvrage sont allés voir le nom des auteurs de ces deux images ? Combien ont alors décidé de tout savoir sur nos architectes ? Combien alors ont même reconnu les auteurs ?
J'imagine au moins une joie de nos architectes de se savoir ainsi éparpillés dans des bibliothèques populaires et d'être heureux qu'on ait pensé à eux pour raconter le futur.
Il ne faut donc pas négliger les autres espaces éditoriaux lorsqu'on veut raconter la réception d'une révolution architecturale. Le livre de poche, tout comme la carte postale, sont donc des genres populaires qu'il faut étudier.
Qui veut ce livre ?
Louis ?

Pour revoir tous les (très nombreux) articles sur Claude Parent et Paul Virilio :
https://archipostalecarte.blogspot.com/search?q=claude+parent
https://archipostcard.blogspot.com/search?q=claude+parent

Comment ne pas voir dans ce jeu de construction entre le phare d'une DS et d'un immeuble, un petit signe à Charles Bueb ? le cliché est crédité à L. R. Mat.




































Très beau cliché d'une somptueuse maquette pour une piscine. On est heureux de retrouver ici les architectes Maillard et Ducamp ! Cliché venant de la revue Aujourd'hui, photographie de G. Martin.
On retrouve cette architecture ici :
https://archipostcard.blogspot.com/2012/10/fais-la-plus-grande-la-gouttiere-je-te.html

Cette photographie de Claude Magelhaes ne nous donne malheureusement aucun indice de sa situation...



mardi 28 janvier 2020

À vaillant cœur, rien d'impossible


Bien entendu, lorsque je vois cette image, cette carte postale, j'y ajoute ma culture.
Nous sommes nombreux à le faire.
Mais alors que je me réjouis de cette reconnaissance immédiate de l'objet, je me pose la question de ce qu'une architecture peut rester muette à sa fonction depuis seulement sa vision.
Comment celui ou celle qui ne connaîtrait pas les piscines du modèle ci-représenté (modèle Caneton), pourrait-il savoir que derrière cette façade géométrique se cache bien une piscine ?
Et, si la réponse est non, est-ce grave voire volontaire ?
Et pourquoi le photographe des éditions de l'Europe a-t-il choisi de laisser ainsi l'architecture muette à sa fonction en ne la photographiant pas ouverte, animée ou depuis l'intérieur ?
Il faut donc à l'éditeur dire sur le verso la fonction de ce bâtiment : la Piscine Municipale.
Sans doute, aussi, est-ce pour cela que le photographe cadre la barrière et la pancarte pour que soudain, de suite, l'identification ait lieu. C'est très pratique.




















Car l'architecture ne dit rien. Elle préfère dire la peinture abstraite, dire Vasarely, afficher clairement une grande composition plastique alternant les jeux du carré, du triangle, du blanc, du bleu, du noir.
Sans doute que cette répétition peut permettre au moins de comprendre la modularité. C'est tout.




















Le photographe alors, face à cet objet curieux et affirmant sa modernité, a certainement regretté de ne pouvoir cadrer sans que le lampadaire vienne troubler cette pureté formelle. Il aurait pu entrer, mettre derrière lui ce lampadaire, mais il aurait à la fois perdu le recul nécessaire pour tenir l'objet dans son cadre mais aussi perdu l'indication de ce qu'est cet objet. Il fallait donc choisir cette distance et que le lampadaire, par sa verticale vienne perturber l'horizontalité de la piscine.
Je ne sais pas trop pourquoi, sans doute le ciel et les arbres sans feuilles, quelque chose me dit un matin froid, humide. Si j'avais fait ce cliché, je crois que je n'aurais pas résisté à poursuivre le travail par un petit plongeon. Car il faut toujours éprouver les images de l'architecture au réel de leur fonction.
Sur le verso, Bernard, le 11 juillet 1987, donne la réponse à un jeu : "à vaillant cœur, rien d'impossible."
C'est bien ce que je dis.
C'est bien ce que j'essaie aussi de faire.

Pour revoir les articles sur le modèle piscine Caneton, vous pouvez aller là. On remarque que l'éditeur ne nomme ni son photographe ni les architectes, messieurs Charvier, Aigrot, Charras.
https://archipostalecarte.blogspot.com/search?q=caneton

dimanche 26 janvier 2020

Ronchamp du signe

On pourrait dire que lorsqu'un photographe choisit de photographier l'air autour d'une architecture en lieu et place de l'architecture elle-même c'est que cette architecture a atteint un sommet de reconnaissance qui fait qu'elle n'a même plus besoin de se la raconter pour exprimer sa présence.
Est-ce le cas ici?



Dans ce très beau cliché devenu une carte postale, le photographe resté anonyme fait d'abord du ciel le point d'ancrage de son image. La Chapelle de Ronchamp montre certes sa façade mais elle sert surtout à pointer alors les nuages un peu comme la proue d'un navire fend les vagues. Il sera bien difficile au correspondant qui n'aurait jamais vu cette Chapelle de Corbu, depuis cette carte postale de pouvoir en comprendre une forme globale. Cette manière de tirer le bâtiment vers une forme abstraite ne donnant aucun indice ni de la fonction de l'église ni de son implantation c'est au moins vouloir raconter sa richesse formelle. Elle est comme un paysage avec lequel il est possible de travailler. En terme de surface, il y a plus de ciel que de bâtiment sur cette photographie.
Seul l'escalier donnera bien l'échelle de l'homme et il suffit de glisser un pouce dessus pour qu'il ne reste rien des proportions. Les arbres sont trop loin pour exprimer ce rapport. Des percées hasardeuses, un crépi moutonneux et la minuscule pyramide aztèque ne livrent pas non plus d'information. Il faut donc rester avec le seul désir abstrait de formes parlant pour elles-mêmes, s'agençant au gré d'un cadreur.
Mais qui a photographié ainsi ? Charles Bueb ? Maurice Blanc ? Lucien Hervé ?
Certainement un œil déjà habitué, ayant tourné autour de la construction, ayant laissé le témoignage visuel au profit de l'expérience plastique, voulant donner au souvenir d'un lieu un peu plus que seulement sa description.
Mais à force de ne pas vouloir montrer, à force de vouloir contrer ce désir légitime d'image, ne risque-t-on pas de ne pas voir ?
Il y a aussi dans les grands chocs esthétiques, dans la beauté soudaine quelque chose qui pourrait empêcher de seulement les enregistrer. Alors l'artiste, le photographe, le témoin se croit obligé à son tour de faire œuvre, à cadrer sur le bord, hors des limites des attendus. Il se confronte avec cette beauté, tente d'en saisir un sens, veut prouver sa capacité, à son tour, à modeler l'espace.
Il fait signe.

Pour revoir et relire les très nombreux articles sur Ronchamp, allez ici.

lundi 20 janvier 2020

Les Maisons Endormies de Monsieur Voidy

Lors du salon Grand Print ! au Mans dans le sein de notre école, j'ai rencontré Monsieur Maxime Voidy et ses Maisons Endormies.
Je le dis de suite, ce salon de la micro et auto édition a montré que les éditeurs et artistes portent un vif intérêt pour l'architecture et plus généralement pour l'espace urbain. On y rencontra par exemple le très bel ouvrage Ville Moyenne de Clara Prioux (on en reparlera) ou encore Sandrine Marc venue nous présenter son beau livre sur Royan.
Mais, bien entendu, il ne fait pas de doute que mon orientation m'a aussi poussé à chercher dans ce salon ce qui me touche. Et la seule vision du tourniquet de cartes postales aurait pu suffire à ouvrir ma curiosité.
Voilà donc que Maxime Voidy y installe une série de cartes postales qui, toutes posées ainsi, dans une forme égalitaire me firent penser en même temps à l'ami Hansjörg Schneider et à l'ami Frédéric Lefever.
Maxime devrait vite aller les voir.
J'ai aimé immédiatement les cartes de Maxime Voidy. Sans doute moins pour l'architecture que pour le moment où ces maisons sont photographiées. Volets clos, ciel bas, bitume humide, les villas et maison secondaires attendent donc la belle saison et le retour des vacanciers pour s'ouvrir de nouveau. Que cachent ces boîtes fermées ? Déjà, sans doute, par leur manque de modestie architecturale, affirment-elle une forme de bourgeoisie heureuse de pouvoir ainsi vivre une autre vie à la belle saison. Avoir une autre maison, un lieu dont le luxe inouï tient à son inoccupation temporaire est déjà une forme en soi d'architecture. Combien de ces maisons endormies furent en effet pensées et dessinées pour ce moment extravagant de leur réouverture ? Combien sont la projection d'un idéal de vie pour seulement quelques mois ? Combien de rêves, un jour, d'y habiter vraiment ? Je connais parfaitement ce moment, je le connais sur la côte à Royan où l'hiver, hors des vacances, on arpente des rues entières sans rencontrer une seule personne. Qui n'a pas aussi connu ce désir secret alors de pénétrer dans ces maisons, de les réactiver ?
La maison vide que l'on ouvre à nouveau cela fait bien partie de notre imaginaire. Comme la maison de famille ou le grenier, ces lieux de fantasmes pour le roman ou pour le cinéma. On pense à Chabrol, à François Ozon avec son film sous le sable, on pense aussi (et je ne sais pourquoi) à Marguerite Duras.
Retrouver alors les ustensiles de cuisine à leur place, remettre le ballon d'eau chaude en route, s'apercevoir que la lampe dans le salon ne s'allume plus alors qu'elle marchait encore bien le jour du départ et se demander ce qui, entre temps, volets clos, avait bien pu causer cette panne.
Sous une pierre du jardin, retrouver le double des clefs laissées par le voisin qui lui vit là à l'année et ramasse le courrier en jetant un coup d'œil de temps en temps.
Toutes les maisons endormies de Maxime Voidy portent bien cet imaginaire et la permanence des volets clos appliquant un rectangle toujours blanc sur les fenêtres accentue encore le sentiment, si ce n'est d'un tombeau, celui d'un anonymat mystérieux. On devine parfois une blancheur un peu appuyée, retravaillée peut-être.
Je ne sais pas comment Maxime Voidy a choisi ses victimes, comment il a décidé que cela construirait une unité et une régularité qui ajoutent aussi à ce mystère. Tenir ainsi, dans sa main, un petit village fantôme est bien inquiétant. A-t-il quelque familiarité avec l'une d'elles ? A-t-il, lui, l'opportunité d'en être le Prince Charmant qui viendra en ouvrir une, la réveiller ? Vu son jeune âge, a-t-il des souvenirs encore chauds de ce moment où toute la famille, après des heures de voiture, retrouve enfin la maison de vacances qu'il faudra partager avec les cousins de Besançon ou de Paris ?

D'un point de vue architectural, on ne sent pas de choix. On passe de la maison boursouflée par son désir d'être bretonne à la villa vaguement moderne (et parfois réussie) en passant par l'éclectisme touchant. Aucun jugement donc sur cette architecture ou ce territoire. La solitude des maisons permet d'en regarder la qualité des crépis, le choix des huisseries de chez Leroy-Merlin ou l'impétuosité d'un ourlet d'ouverture par des granits faisant penser que les propriétaires ont trop visité le village d'Astérix.

On note que Maxime Voidy ne nous dit rien des architectes ou même des maçons. Il ne nous donne au verso que le nom des villes et l'année ainsi que la numérotation de ses cartes postales imprimées à seulement huit exemplaires !  On note qu'il désire la maison en entier, centrée si possible et c'est aux peintures de Babou que l'on pense alors. On note ce ciel blanc impeccablement tendu et égal qui raconte peut-être une séance de prise de vue dans un temps rapproché. Une journée ? Une semaine ? Êtiez-vous donc à pied Monsieur Voidy, en bicyclette ? Je ne sais pas pourquoi mais je vous imagine plus certainement en automobile, avec un ami jouant le rôle du chauffeur et râlant un peu lorsque vous demandiez à vous arrêter une fois encore pour une prise vue.
La Photographie Plasticienne aime aujourd'hui l'appui des séries, la forme presque régulière et claire des contraintes données pour la prise de vue : savoir en amont quoi aller photographier et comment.
L'épaisseur du sens viendrait alors de l'effet de collection, d'une thématique déclinée, d'un objet (jusqu'à l'épuisement) observé comme si le trésor de l'image n'était pas son unicité mais son esprit de famille.
Monte alors, forcément (j'aurais pu écrire : en force) un territoire d'image, ce que les critiques appellent un corpus qui serait comme la dernière excuse valable à un inventaire. Certes la jeunesse de Maxime Voidy le pousse sans doute encore dans ce mode, certes, sur son site, on trouve bien cette école encore présente.
Mais quelque chose de sourd pointe aussi. Non pas une nostalgie amusée du chasseur en safari d'images mais une attention simple au monde qui l'entoure. C'est à la fois touchant mais aussi risqué.
C'est bien ce risque que j'ai beaucoup aimé dans ses Maisons Endormies.
Au plaisir, Monsieur Voidy.
Laissez les clefs sous la pierre, je viendrai en octobre, peut-être, si le temps le permet.

Pour voir tout le travail déjà bien posé de Maxime Voidy, allez sur son site :
https://www.maximevoidy.com/les-maisons-endormies

Pour info, ma série compte 28 Maisons Endormies, j'ai décidé de ne vous en montrer qu'une petite partie choisie avec arrogance selon mes désirs. C'est comme ça. Point barre.














mercredi 8 janvier 2020

Bond Pompidou

Les vacances, cela permet parfois de retrouver le plaisir de laisser décider la télévision choisir pour vous un moment purement enfantin.
Alors que j'avais beaucoup d'autres choses à faire, voilà que la télévision me propose de voir un James Bond. J'appartiens à une génération qui ne laisse jamais passer un James Bond, quand bien même je l'aurais vu vingt-cinq fois.
Grand plaisir que celui d'en voir un moins connu. Ce fut donc le cas avec Moonraker.
Alors que je laissais la torpeur régressive me prendre, regrettant l'absence de pop-corn, voilà que James Bond veut me faire croire qu'il erre dans les bureaux d'une entreprise internationale alors qu'il est évident qu'il est simplement au Centre Pompidou !


J'adore ça, reconnaître un décor, comprendre comment la fiction s'amuse avec nous de quelques signes pour nous faire redécouvrir ce que nous connaissons déjà. Le cinéma a ce pouvoir de nous replacer dans un étrange réel fait du collage des images projetées directement sur lui. Indéfinissable joie naïve. Cela est tellement vrai qu'il existe de nombreux sites permettant de retrouver les lieux de tournage des films, des séries, des clips musicaux. Parfois le pèlerinage de milliers de fans peut même tourner à la catastrophe ou, au contraire, sauver des lieux. J'ai fait plusieurs fois la visite de Rochefort.
Mais revenons à cette surprise de voir le Centre Pompidou utilisé comme décor. Nous ne sommes, au moment du tournage, que deux années après l'ouverture du Centre, ce qui lui confère encore une aura très moderne et surtout de pouvoir encore laisser croire à un public non francophone de l'existence de cette architecture comme bel et bien celle d'un siège sociale d'une entreprise. On peut s'interroger sur le rôle que joue alors l'architecture, de comment elle interprète. Je crois aussi que les décorateurs et les producteurs savent s'amuser et savent aussi le plaisir que le public aura à reconnaître le lieux et de voir comment ils acceptera de se faire prendre. Et puis... c'est moins cher...
Le souci c'est bien que les icônes de l'Architecture sont parfaitement repérées et qu'il est donc difficile d'en tirer le pari d'un surgissement fictionnel opérationnel. Et les efforts de décorateurs pour détourner avec un bureau, une plante verte et un téléphone le décor originel peuvent facilement faire rire. L'exotisme ne tient pas longtemps.
Mais qu'importe ! En 1978 ou 1979, le Centre Pompidou devient donc un objet Bondien, associant l'imaginaire du Hi-Tech à celui de l'autoritarisme d'un méchant international. N'est-ce pas un peu de sa faute à ce Centre Pompidou affichant avec autant d'arrogance son souhait d'être un Monument ?
J'imagine aussi le bordel joyeux du tournage, l'arrivée de l'équipe technique sur place, le repérage du dernier étage, le personnel du Centre Pompidou essayant de voir les stars. Le Centre fut-il complètement fermé pour ce tournage ?

Je continue d'aimer trouver en cartes postales des images de ce Centre Pompidou dont la photogénie est presque l'objet de sa réalité. Il est bien, en ce sens, la Tour Eiffel couchée du vingtième siècle. Comme elle, il propose une transparence programmatique et structurelle qui fabrique les images et construit les cadres mais aussi, comme la Tour Eiffel, il est un observatoire qu'il faut atteindre par la mécanique de la montée pour voir Paris depuis un balcon perché en hauteur. L'expérience des escalators du Centre Pompidou est bien à l'exact l'expérience ultime de sa visite, comme les ascenseurs de la Tour Eiffel. La promenade dedans, dessus, fait l'architecture.

Dès que je trouve une nouvelle carte postale montrant le Centre Pompidou sous un nouveau jour, je suis heureux.
En voici une nouvelle :


On y voit ce fameux moment où, tout en haut du cheminement, on arrive sous le ciel de Paris encerclé  de la structure des escalators. Admirez sur ce point de vue l'incroyable transparence de l'ensemble ! Au fond, une dame est même assise, simplement pour lire et admirer la vue sur Paris. La carte postale est une édition OVET et le photographe de ce magnifique moment est J.C. Pinheira. On notera que l'éditeur oubliera de nommer les architectes.
J'aime beaucoup cette carte postale, beaucoup. Nous sommes là, à hauteur d'homme, retrouvant parfaitement la sensation de cet espace, presque simplement. La lumière y est superbe. Que l'on puisse ainsi cadrer une partie de cette exceptionnelle architecture et croire que des acheteurs y reconnaitront là l'une de ses expériences particulières en dit long sur la qualité d'un bâtiment. Le détail d'un moment de la promenade architecturale vaut donc pour le bâtiment tout entier : transparence, structure arachnéenne, disparition presque de l'architecture et promontoire pour voir la ville, le bleu étendu d'un ciel.
Il est toujours heureux dans une image de s'y reconnaître.

Pour revoir d'autres articles sur le Centre Pompidou :
http://archipostalecarte.blogspot.com/search/label/Centre%20Pompidou