Les vacances, cela permet parfois de retrouver le plaisir de laisser décider la télévision choisir pour vous un moment purement enfantin.
Alors que j'avais beaucoup d'autres choses à faire, voilà que la télévision me propose de voir un James Bond. J'appartiens à une génération qui ne laisse jamais passer un James Bond, quand bien même je l'aurais vu vingt-cinq fois.
Grand plaisir que celui d'en voir un moins connu. Ce fut donc le cas avec Moonraker.
Alors que je laissais la torpeur régressive me prendre, regrettant l'absence de pop-corn, voilà que James Bond veut me faire croire qu'il erre dans les bureaux d'une entreprise internationale alors qu'il est évident qu'il est simplement au Centre Pompidou !
J'adore ça, reconnaître un décor, comprendre comment la fiction s'amuse avec nous de quelques signes pour nous faire redécouvrir ce que nous connaissons déjà. Le cinéma a ce pouvoir de nous replacer dans un étrange réel fait du collage des images projetées directement sur lui. Indéfinissable joie naïve. Cela est tellement vrai qu'il existe de nombreux sites permettant de retrouver les lieux de tournage des films, des séries, des clips musicaux. Parfois le pèlerinage de milliers de fans peut même tourner à la catastrophe ou, au contraire, sauver des lieux. J'ai fait plusieurs fois la visite de Rochefort.
Mais revenons à cette surprise de voir le Centre Pompidou utilisé comme décor. Nous ne sommes, au moment du tournage, que deux années après l'ouverture du Centre, ce qui lui confère encore une aura très moderne et surtout de pouvoir encore laisser croire à un public non francophone de l'existence de cette architecture comme bel et bien celle d'un siège sociale d'une entreprise. On peut s'interroger sur le rôle que joue alors l'architecture, de comment elle interprète. Je crois aussi que les décorateurs et les producteurs savent s'amuser et savent aussi le plaisir que le public aura à reconnaître le lieux et de voir comment ils acceptera de se faire prendre. Et puis... c'est moins cher...
Le souci c'est bien que les icônes de l'Architecture sont parfaitement repérées et qu'il est donc difficile d'en tirer le pari d'un surgissement fictionnel opérationnel. Et les efforts de décorateurs pour détourner avec un bureau, une plante verte et un téléphone le décor originel peuvent facilement faire rire. L'exotisme ne tient pas longtemps.
Mais qu'importe ! En 1978 ou 1979, le Centre Pompidou devient donc un objet Bondien, associant l'imaginaire du Hi-Tech à celui de l'autoritarisme d'un méchant international. N'est-ce pas un peu de sa faute à ce Centre Pompidou affichant avec autant d'arrogance son souhait d'être un Monument ?
J'imagine aussi le bordel joyeux du tournage, l'arrivée de l'équipe technique sur place, le repérage du dernier étage, le personnel du Centre Pompidou essayant de voir les stars. Le Centre fut-il complètement fermé pour ce tournage ?
Je continue d'aimer trouver en cartes postales des images de ce Centre Pompidou dont la photogénie est presque l'objet de sa réalité. Il est bien, en ce sens, la Tour Eiffel couchée du vingtième siècle. Comme elle, il propose une transparence programmatique et structurelle qui fabrique les images et construit les cadres mais aussi, comme la Tour Eiffel, il est un observatoire qu'il faut atteindre par la mécanique de la montée pour voir Paris depuis un balcon perché en hauteur. L'expérience des escalators du Centre Pompidou est bien à l'exact l'expérience ultime de sa visite, comme les ascenseurs de la Tour Eiffel. La promenade dedans, dessus, fait l'architecture.
Dès que je trouve une nouvelle carte postale montrant le Centre Pompidou sous un nouveau jour, je suis heureux.
En voici une nouvelle :
On y voit ce fameux moment où, tout en haut du cheminement, on arrive sous le ciel de Paris encerclé de la structure des escalators. Admirez sur ce point de vue l'incroyable transparence de l'ensemble ! Au fond, une dame est même assise, simplement pour lire et admirer la vue sur Paris. La carte postale est une édition OVET et le photographe de ce magnifique moment est J.C. Pinheira. On notera que l'éditeur oubliera de nommer les architectes.
J'aime beaucoup cette carte postale, beaucoup. Nous sommes là, à hauteur d'homme, retrouvant parfaitement la sensation de cet espace, presque simplement. La lumière y est superbe. Que l'on puisse ainsi cadrer une partie de cette exceptionnelle architecture et croire que des acheteurs y reconnaitront là l'une de ses expériences particulières en dit long sur la qualité d'un bâtiment. Le détail d'un moment de la promenade architecturale vaut donc pour le bâtiment tout entier : transparence, structure arachnéenne, disparition presque de l'architecture et promontoire pour voir la ville, le bleu étendu d'un ciel.
Il est toujours heureux dans une image de s'y reconnaître.
Pour revoir d'autres articles sur le Centre Pompidou :
http://archipostalecarte.blogspot.com/search/label/Centre%20Pompidou
Alors que j'avais beaucoup d'autres choses à faire, voilà que la télévision me propose de voir un James Bond. J'appartiens à une génération qui ne laisse jamais passer un James Bond, quand bien même je l'aurais vu vingt-cinq fois.
Grand plaisir que celui d'en voir un moins connu. Ce fut donc le cas avec Moonraker.
Alors que je laissais la torpeur régressive me prendre, regrettant l'absence de pop-corn, voilà que James Bond veut me faire croire qu'il erre dans les bureaux d'une entreprise internationale alors qu'il est évident qu'il est simplement au Centre Pompidou !
J'adore ça, reconnaître un décor, comprendre comment la fiction s'amuse avec nous de quelques signes pour nous faire redécouvrir ce que nous connaissons déjà. Le cinéma a ce pouvoir de nous replacer dans un étrange réel fait du collage des images projetées directement sur lui. Indéfinissable joie naïve. Cela est tellement vrai qu'il existe de nombreux sites permettant de retrouver les lieux de tournage des films, des séries, des clips musicaux. Parfois le pèlerinage de milliers de fans peut même tourner à la catastrophe ou, au contraire, sauver des lieux. J'ai fait plusieurs fois la visite de Rochefort.
Mais revenons à cette surprise de voir le Centre Pompidou utilisé comme décor. Nous ne sommes, au moment du tournage, que deux années après l'ouverture du Centre, ce qui lui confère encore une aura très moderne et surtout de pouvoir encore laisser croire à un public non francophone de l'existence de cette architecture comme bel et bien celle d'un siège sociale d'une entreprise. On peut s'interroger sur le rôle que joue alors l'architecture, de comment elle interprète. Je crois aussi que les décorateurs et les producteurs savent s'amuser et savent aussi le plaisir que le public aura à reconnaître le lieux et de voir comment ils acceptera de se faire prendre. Et puis... c'est moins cher...
Le souci c'est bien que les icônes de l'Architecture sont parfaitement repérées et qu'il est donc difficile d'en tirer le pari d'un surgissement fictionnel opérationnel. Et les efforts de décorateurs pour détourner avec un bureau, une plante verte et un téléphone le décor originel peuvent facilement faire rire. L'exotisme ne tient pas longtemps.
Mais qu'importe ! En 1978 ou 1979, le Centre Pompidou devient donc un objet Bondien, associant l'imaginaire du Hi-Tech à celui de l'autoritarisme d'un méchant international. N'est-ce pas un peu de sa faute à ce Centre Pompidou affichant avec autant d'arrogance son souhait d'être un Monument ?
J'imagine aussi le bordel joyeux du tournage, l'arrivée de l'équipe technique sur place, le repérage du dernier étage, le personnel du Centre Pompidou essayant de voir les stars. Le Centre fut-il complètement fermé pour ce tournage ?
Je continue d'aimer trouver en cartes postales des images de ce Centre Pompidou dont la photogénie est presque l'objet de sa réalité. Il est bien, en ce sens, la Tour Eiffel couchée du vingtième siècle. Comme elle, il propose une transparence programmatique et structurelle qui fabrique les images et construit les cadres mais aussi, comme la Tour Eiffel, il est un observatoire qu'il faut atteindre par la mécanique de la montée pour voir Paris depuis un balcon perché en hauteur. L'expérience des escalators du Centre Pompidou est bien à l'exact l'expérience ultime de sa visite, comme les ascenseurs de la Tour Eiffel. La promenade dedans, dessus, fait l'architecture.
Dès que je trouve une nouvelle carte postale montrant le Centre Pompidou sous un nouveau jour, je suis heureux.
En voici une nouvelle :
On y voit ce fameux moment où, tout en haut du cheminement, on arrive sous le ciel de Paris encerclé de la structure des escalators. Admirez sur ce point de vue l'incroyable transparence de l'ensemble ! Au fond, une dame est même assise, simplement pour lire et admirer la vue sur Paris. La carte postale est une édition OVET et le photographe de ce magnifique moment est J.C. Pinheira. On notera que l'éditeur oubliera de nommer les architectes.
J'aime beaucoup cette carte postale, beaucoup. Nous sommes là, à hauteur d'homme, retrouvant parfaitement la sensation de cet espace, presque simplement. La lumière y est superbe. Que l'on puisse ainsi cadrer une partie de cette exceptionnelle architecture et croire que des acheteurs y reconnaitront là l'une de ses expériences particulières en dit long sur la qualité d'un bâtiment. Le détail d'un moment de la promenade architecturale vaut donc pour le bâtiment tout entier : transparence, structure arachnéenne, disparition presque de l'architecture et promontoire pour voir la ville, le bleu étendu d'un ciel.
Il est toujours heureux dans une image de s'y reconnaître.
Pour revoir d'autres articles sur le Centre Pompidou :
http://archipostalecarte.blogspot.com/search/label/Centre%20Pompidou
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