mardi 7 mars 2023

le doute est permis et c'est tant mieux

 


Sur cette carte postale que l'on doit à P. Muller comme éditeur et photographe, il pourrait y avoir confusion quant à l'objet que l'on regarde. J'imagine qu'il y a encore des lecteurs de ce blog qui ne connaissent pas cet objet étrange dont la photographie ne règle rien de sa compréhension. Le doute reste possible pour se qui est de son interprétation, pourtant, avec un peu de temps et d'habitude, on pourra reconnaître le rôle de cette construction qui depuis ce point de vue reste tout de même un rien abstraite. Le noir et blanc et le cadrage serré ajoutent au doute.
Hangar à dirigeable ? Silos à grain , architecture industrielle ?
Et pourquoi donc la lumière se croit-elle autorisée à faire ainsi aussi bien chanter les sur-épaisseurs des banchages du béton ? Quel est donc ce brutalisme franc ?
Le cliché est vraiment superbe. Bravo Mr Muller !
Les plus ardus défenseurs du Patrimoine Moderne et d'Art Sacré auront reconnus un chef-d'œuvre, l'église Ste Thérèse de l'Enfant Jésus que l'on doit à Monsieur Expert.
Cet objet iconique maintenant reste l'un des plus beaux exemples de l'architecture du béton en France et de l'école française du Brutalisme même si, bien plus ancienne, elle agit comme une pionnière, finalement plus proche d'un rationalisme lyrique. Mais avouez que la succession aveuglée des abside du Chœur lui donne bien le droit d'être affublée de brutaliste.
Qu'importe ! Ce que démontre encore une fois cette carte postale c'est que l'oeil photographique permet de lire d'une certaine manière un objet et que, loin de nous montrer toujours son point idéal, sa raison d'être (ici à Metz son portail) il peut aussi en faire changer sa lecture. Et qui peut comprendre depuis ce seul point de vue le génie de cette église s'il n'en connait pas le reste des images ? 
La masse alors rendue, son caractère fermé et clos (oui je sais on devine les vitraux), la sensation d'un traitement raide sur lequel la lumière devra dessiner, tout cela n'est ni une erreur de la photographie, ni une prise de position du photographe mais bien une déclaration de l'architecte, traversant ainsi la question des images de son architecture au profit d'un doute et surtout d'une puissance suggestive.
Il faut sauver et aimer Ste Thérèse de l'Enfant Jésus de Metz. Cette église n'est rien moins qu'un chef-d'oeuvre français. N'y touchez pas !




Sur cette autre carte postale, vous pourriez bien me dire que l'éditeur n'a fait aucun effort pour mieux cadrer la Cité Radieuse ! Et d'ailleurs l'aviez-vous vu ?
Finalement, cette postale Combier ne semble pas savoir ce qu'elle veut. Bien entendu, elle cadre l'Avenue du Prado à Marseille, elle cadre la ville qui s'étend. Mais que voulez-vous, faut bien tout de même montrer le chef-d'œuvre du Corbu ! Alors le photographe semble le cadrer par obligation, comme pour nous dire qu'il ne pouvait pas passer à coté. En même temps, la Cité Radieuse apparait dans un contre-jour peu flatteur comme encombrée de sa propre ombre de fin d'après-midi.
Que pourrions-nous conclure depuis un tel cliché de l'architecture de Le Corbusier ? Que sa Cité Radieuse finalement se fond dans le décor, qu'elle ne semble pas si particulière, que son échelle convient à son espace urbain ? Quoi d'autre ?
Certes, les aficionados comme vous et moi se régaleront de voir les détails de son toit mais sa masse, sa brutalité posée là dans le reste de la ville semblent bien atténuées par une image de Marseille assez classique vue d'avion.
La Modernité pourrait donc ne rien laisser apparaitre de son écart et la vie de s'écouler là comme ailleurs, sous le soleil de Marseille.
Ce qui, sur cette carte postale Combier m'impressionne bien plus c'est la monumentalité de la coulée verte de l'Avenue du Prado, magnifique droite tirée dans la ville, véritable oeuvre de Land Art de Marseille !
Quelle puissance que cette avenue !
Ça vaut bien le génie de notre architecte ! Et laissez-moi rire sur la violence urbaine ou l'expression d'une autorité d'une telle avenue... Laissez ça aux situationnistes égarés.

Pour revoir Ste Thérèse :
il y a 12 ans !

Pour la Cité Radieuse...trop d'articles ! Tapez dans le blogroll !

1 commentaire:

  1. LECLERCQ DANIEL11 mars 2023 à 08:23

    dans le 'gros pavé' de 615 pages consacré à : ARCHITECTURE ET ARTS SACRES DE 1945 A NOS JOURS , paru en 2015, rien sur cet architecte...

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