mardi 7 juillet 2020

Parking Péguy

J'ai lu Péguy. Et cela grâce au mot Parking.
Voilà comment je pourrais résumer rapidement mon impression du livre remarquable (au sens où il doit être remarqué) Parking Péguy de Charles Coustille et Léo Lepage.
Alors que j'ai acheté ce livre à Noël, je ne me suis mis à sa lecture d'une traite que tout à l'heure, certainement encore ralenti par la peur de Péguy et de ce que l'on attache à son nom.
Le ralentisseur des images culturelles est puissant.
Mais c'est un livre passionnant et surtout profondément beau. Partant d'un constat simple, le fait qu'un parking de banlieue puisse porter le nom d'un des grands écrivains français (et l'un des moins lus maintenant) Charles Coustille va à la découverte de cette France qui affuble à ses paysages et à ses villes des noms d'écrivains un peu oubliés.
Très loin de la béate hétérotopie des territoires perdus pour Art Contemporain, Charles Coustille réussit ce tour de force de nous parler de l'écrivain, de son rapport avec ses textes, des paysages traversés, des lieux rencontrés sans aucun dédain, sans leçon, sans même une ironie ennuyeuse devenu pensum des artistes en safari dans une France péri-urbaine dont ils croient être des découvreurs (d'Aurélien Bellanger à Éric Tabuchi). Car ce qui fait surtout la force du travail ici accompli c'est la mise en parallèle audacieuse d'images de ces lieux tous nommés Péguy et d'extraits parfaitement bien choisis de textes de l'écrivain. Ce qui aurait pu être un affront devient un incroyable monument nous donnant une envie impérieuse de lire Péguy et d'apprendre en plus, grâce à l'enquête de Charles Coustille, plein de choses sur la vie de l'écrivain, les raisons de sa présence ainsi dans nos paysages. Il y fait lui aussi travail d'écrivain.
Remarquable aussi le travail photographique de son compère (leur complicité est touchante) Léo Lepage qui lui non plus ne tombe ni dans la nostalgie d'une photographie d'une France perdue (celle de Depardon en couleur) ni dans une pseudo-objectivité froide venant de la New Topography épuisée. On voit des gens. Oui, Léo Lepage photographie des gens dans leur lieu. Incroyable...
Voir des gens, apprendre des choses et donner envie de lire voilà bien la force de cet ouvrage. On note aussi une parfaite réalisation éditoriale et l'ouvrage devient vite indispensable pour prouver que faire de la photographie contemporaine et raconter notre monde étrange peuvent se faire encore avec invention, subtilités, idées et même osons, une certaine forme d'amour tragique.
J'ai hâte de retrouver mes étudiants pour leur mettre cet ouvrage dans les mains.
Pour ma part, je vais me plonger dans Péguy. Merci Messieurs.

Parking Péguy
texte Charles Coustille,  photographies Léo Lepage
Flammarion
22 euros, (ça les vaut très largement et commandez votre exemplaire chez un libraire indépendant)

quelques fragments pour vous donner envie :



















1 commentaire:

  1. Ce livre est tout récent, paru en août 2019...et déjà en solde ...Mais c'est un livre qui permet les allers retours, qui parle aussi de l'actualité, de poésie du parcours, des lieux dont on ne parle jamais ou si ...

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