Dans ma collection, il arrive tout de même que des cartes postales anciennes viennent prendre place à côté des cartes dites modernes.
La fouille des boîtes à chaussures laisse parfois surgir une carte inattendue que le prix modeste vous incite à emporter. Ce fut bien le cas ici, avec cette série assez exceptionnelle expliquant l'exploitation du granit. Même si nous aurions préféré une entreprise du béton armé, nous n'allons pas vous laisser sans la chance de voir ces incroyables documents qui racontent par l'image l'exploitation d'une carrière de granit à Saint-Étienne-en-Coglès (Ile-et-Vilaine) par l'entreprise Compagnie Granitière Georges Régnault dont le siège social était, lui, à Paris.
Bien entendu, le granit n'a pas qu'une utilisation architecturale et l'on devine même sur ces cartes postales une utilisation plus dirigée vers le funéraire et les monuments qui y sont associés. Mais une fois encore, la carte postale démontre ses capacité à faire document pour l'histoire. Ici, les photographies nous permettent bien de voir le travail des ouvriers, d'en deviner les pénibilités, de suivre toute la chaîne de production, de voir les incroyables machines qui pour un lithographe ne laissent pas de marbre ! Que j'aurais aimé avoir ainsi des graineuses et polisseuses mécanisées pour dresser mes pierres !
On ne sait rien de l'éditeur ni de ce qui a conduit la Compagnie Granitière a faire ce reportage, à part, bien sûr, pour en promouvoir les produits. Mais comment ces cartes étaient distribuées et à qui ? Les ouvriers ont-ils eu l'opportunité d'en envoyer ? De montrer à la maison le soir, leur trombine à la famille ? L'entreprise n'avait-elle pas peur que ce genre d'images servent à raconter la dureté du métier et des conditions de travail ?
On voit bien, en tout cas, que les ouvriers et contremaîtres se savent photographiés et qu'ils fixent d'ailleurs souvent le photographe. Je regarde les vêtements, les sabots, les casquettes et les gros pantalons lourds comme j'en porte en ce moment même. Je plonge dans le froid de ce hangar ouvert, je sens l'humidité sous mes pieds et j'imagine une bande sonore faite de bruits de machines, de discussions d'ouvriers, de blocs chutant.
Ces tailleurs de pierre allaient-ils parfois en ville passer la main sur une pierre taillée et installée à sa place en ce rappelant qu'ils l'avaient façonnée ? J'en suis certain.
Et quelle était la part du granit qui partait pour une utilisation en architecture ?
J'ai toujours rêvé un jour d'aller à Solnhofen voir les carrières de pierres lithographiques, de revenir à la source de mes pierres. Je m'étonne toujours que la Terre laisse ainsi les reliquats de sa puissance tellurique être aussi facilement retirés de son sol et partir partout pour construire ailleurs une autre géométrie, un autre ordre : des pierres pour dessiner, du granit pour le sol des halls de banques, des marbres pour Michel-Ange. Dispersion de la cristallographie du Monde.
Bonne visite.
N'embêtez pas les ouvriers, soyez prudents.
La fouille des boîtes à chaussures laisse parfois surgir une carte inattendue que le prix modeste vous incite à emporter. Ce fut bien le cas ici, avec cette série assez exceptionnelle expliquant l'exploitation du granit. Même si nous aurions préféré une entreprise du béton armé, nous n'allons pas vous laisser sans la chance de voir ces incroyables documents qui racontent par l'image l'exploitation d'une carrière de granit à Saint-Étienne-en-Coglès (Ile-et-Vilaine) par l'entreprise Compagnie Granitière Georges Régnault dont le siège social était, lui, à Paris.
Bien entendu, le granit n'a pas qu'une utilisation architecturale et l'on devine même sur ces cartes postales une utilisation plus dirigée vers le funéraire et les monuments qui y sont associés. Mais une fois encore, la carte postale démontre ses capacité à faire document pour l'histoire. Ici, les photographies nous permettent bien de voir le travail des ouvriers, d'en deviner les pénibilités, de suivre toute la chaîne de production, de voir les incroyables machines qui pour un lithographe ne laissent pas de marbre ! Que j'aurais aimé avoir ainsi des graineuses et polisseuses mécanisées pour dresser mes pierres !
On ne sait rien de l'éditeur ni de ce qui a conduit la Compagnie Granitière a faire ce reportage, à part, bien sûr, pour en promouvoir les produits. Mais comment ces cartes étaient distribuées et à qui ? Les ouvriers ont-ils eu l'opportunité d'en envoyer ? De montrer à la maison le soir, leur trombine à la famille ? L'entreprise n'avait-elle pas peur que ce genre d'images servent à raconter la dureté du métier et des conditions de travail ?
On voit bien, en tout cas, que les ouvriers et contremaîtres se savent photographiés et qu'ils fixent d'ailleurs souvent le photographe. Je regarde les vêtements, les sabots, les casquettes et les gros pantalons lourds comme j'en porte en ce moment même. Je plonge dans le froid de ce hangar ouvert, je sens l'humidité sous mes pieds et j'imagine une bande sonore faite de bruits de machines, de discussions d'ouvriers, de blocs chutant.
Ces tailleurs de pierre allaient-ils parfois en ville passer la main sur une pierre taillée et installée à sa place en ce rappelant qu'ils l'avaient façonnée ? J'en suis certain.
Et quelle était la part du granit qui partait pour une utilisation en architecture ?
J'ai toujours rêvé un jour d'aller à Solnhofen voir les carrières de pierres lithographiques, de revenir à la source de mes pierres. Je m'étonne toujours que la Terre laisse ainsi les reliquats de sa puissance tellurique être aussi facilement retirés de son sol et partir partout pour construire ailleurs une autre géométrie, un autre ordre : des pierres pour dessiner, du granit pour le sol des halls de banques, des marbres pour Michel-Ange. Dispersion de la cristallographie du Monde.
Bonne visite.
N'embêtez pas les ouvriers, soyez prudents.
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