J'aime bien ce genre de machines :
Avouez que vous aussi !
Mais qu'est-ce que c'est ? Un hangar pour Transformers ? Une rampe pour départ de fusées intercontinentales ? Non ! Une église bien sûr !
Nous sommes à Majano devant sa nouvelle église (Chiesa). On pourrait penser que c'est l'un des nombreux délires de Vatican 2, or nous ne sommes pas si loin que cela en termes d'époque puisque cette église daterait du début des années 80. La forme chevronnée semblant se déployer dans l'espace, vers le haut, par paliers et caissons successifs, nous évoque le Pavillon Italien d'Osaka que nous avions vu ici. On peut aussi si on isole un détail, y retrouver l'un des morceaux du centre commercial de Reims-Tinqueux par Mr Claude Parent !
Bien évidemment ce genre d'objet présente d'emblée un désir de spectacle, d'originalité, elle est une démonstration de force au caractère affirmé. Il faut qu'il se passe quelque chose lorsqu'on va rencontrer Dieu ! On notera que le correspondant a dû préciser sur l'image même où se trouve l'entrée, sans doute parce que cela ne va pas de soi. Il faut donc passer derrière la flèche et laisser les volumes de béton au-dessus de votre tête. Les architectes de cette église sont l'Agence De Biasio dont le style hésite entre un modernisme affirmé aux formes simples et un regard parfois subtil vers le passé. J'avoue ne pas savoir grand-chose sur ces architectes et il ne semble pas que cette église ait connu une grande fortune critique. On aimera sur cette carte postale le ton gris-bleu qui s'étend depuis un ciel presque blanc sur le béton et le sol de l'église. Le photographe est Di Leno pour les éditions Edizione Parrocchia Pietro e Paolo. Les architectes ne sont pas nommés.
Mais on pourrait entrer non ?
Nous y voilà.
On remarque d'emblée que nous sommes sur un point de vue en hauteur. Étrangement, la symétrie de cette prise de hauteur ne semble pas possible puisque en face, ne sont visibles qu'un long vitrail et le plafond. La vue satellite permet de comprendre que l'église n'est effectivement pas symétrique. Je m'étonne d'ailleurs d'un intérieur aussi peu sculptural alors que l'extérieur nous promet des décrochements, des volumétries en pagaille. Ici, au contraire, l'intérieur semble très tranquille presque décevant en comparaison avec l'extérieur. Seul l'autel et son estrade d'un blanc pur sont sculptés et biseautés.
Il faut aussi se méfier d'un point de vue qui peut-être ne rend pas compte de la richesse de cet aménagement. On notera aussi la relative pauvreté de style des bancs et des chaises paysannes qui ajoutent à cette tranquillité soudaine de l'intérieur. La photographie est toujours de Di Leno.
Approchons-nous :
Ce détail de l'autel ne nous donne que peu d'informations sur la gestion de l'intérieur de cette église de Majano. On voit que cet autel est particulièrement dessiné, avec force, avec pointes, avec des angles dont la massivité du bloc de marbre gris est malheureusement recouverte d'une dentelle qui semble un peu ridicule face à cette masse. On ne pourra pas se réjouir non plus de la croix suspendue qui, excusez-moi, est d'une laideur incroyable que le doré semble vouloir camoufler. Que dire des vitraux... Les architectes épuisés par leur geste grandiloquent et spectaculaire à l'extérieur auraient-ils abandonné un peu vite les aménagements intérieurs de cette église ? Ont-ils cru que cette tranquillité devait compenser l'expressivité de la coquille ?
Qu'importe ! On reste ému et joyeux devant une telle liberté, un sens du spectacle et de l'événement, un délire formel construit qui nous permet de rappeler que l'église catholique, du moins dans son expressivité architecturale, a su souvent jouer d'une grande audace. Cela cloue le bec aux découvreurs-photographes en retard d'architectures religieuses en France ou ailleurs.
Nous ici, nous remercions le photographe Di Leno pour cette promenade populaire et nous remercions l'agence De Biasio pour cette découverte. Remercier c'est peut-être un chemin.
Quelques vues Google Earth :
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