Elle est belle non cette carte postale ?
Attention, il ne s'agit pas de l'image d'une ruine mais bien d'une construction !
On retrouve le très beau sanctuaire de Sainte-Anne-du-Congo par l'architecte Errel. On comprend bien que la publication de chantier d'église en carte postale est la preuve d'une forme d'urgence à voir et diffuser la construction, comme si la mise en image de ce chantier accélérait sa présence dans le réel.
Il s'agit aussi d'en apprécier les conditions techniques en absorbant la vitalité du chantier.
Nous n'avons pas de nom d"éditeur mais un nom pour le cliché ASSAEF. L'architecte est nommé, ainsi que deux précisions techniques : longueur 87m et largeur dans le transept 45m.
Je vous rappelle qu'un article complet est consacré à cette église de Brazzaville sur ce site très prometteur : http://www.patrimoine-congo-brazzaville.com/basilique-sainte-anne-du-congo/.
On notera l'orthographe différente du nom de l'architecte Errel qui est écrit Erell.
Malheureusement ce site pourtant précieux ne nous donne aucune information sur le nom de l'architecte de cette très belle chose :
La carte postale n'est pas plus informative, surtout qu'il s'agit d'une carte-photo, c'est-à-dire d'un cliché de particulier tiré en carte postale, donc rare aussi. Au dos, seul le cachet donne la localisation de Brazzaville, ce qui prouve bien le lieu de l'expédition mais pas forcément le lieu photographié...
Restons prudents sur cette localisation.
Mais quel bâtiment !
Quelle force !
La façade très dure fait bien son travail d'angle et dans sa symétrie propose une entrée par un escalier montant en son centre. L'alternance des pleins et des vides forme une massivité incroyable que l'étagement central d'une grille allège et rythme. La circulation se fait sur toute la façade par des coursives enfoncées profondément, inventant une épaisseur et une ombre certainement salutaires. Est-ce bien un carrelage qui fait le décor du piéton au rez-de-chaussée ? C'est d'une modernité forte, sans concession, que le cachet postal date de 1951.
Je trouve la présence d'un architecte nommé Georges Ricquier qui aurait pu réaliser cette construction, ayant travaillé beaucoup pour l'Agence Maritime Internationale mais là aussi, aucune certitude.
Qui redonnera à ce magnifique bloc africain son architecte ?
Georges RICQUIER / ARCHITECTE / 1902 - 1963 Diplômé de d'architecture par l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (élève de Victor Horta).. En 1947 Immeuble de bureaux de l'Agence Maritime Internationale (.M.I.) pour la Compagnie Maritime Belge (C.M.B.) à LEOPOLDVILLE (Congo Belge - collaborateur G. Delforge).
RépondreSupprimerSOURCE WIKIPEDIA Roger Erell (de son vrai nom Roger Lelièvre), né à Mansle (Charente) en 1907 et décédé à Vallauris (Alpes-Maritimes) en 1986 est le plus grand et le plus novateur de cette génération d'architectes créatifs qui dotèrent Brazzaville (capitale du Congo) d'une exceptionnelle parure monumentale de 1940 aux années 1960. L'idée essentielle d'Erell : allier les techniques occidentales avec les matériaux et l'inspiration artistique locaux. Il fut l'un des premiers à utiliser le grès mauve qui abonde aux abords du fleuve Congo dans sa traversée du plateau des Cataractes. Son chef-d'œuvre reste la basilique Sainte-Anne du Congo.
RépondreSupprimerLa Basilique Sainte Anne du Congo est l'un des monuments de Brazzaville (capitale de la République du Congo) qui présentent le plus grand intérêt architectural.
C'est dès 1936 que Mgr Biéchy décide, pour faire face à l'afflux de convertis à Poto-Poto, de la création d'un sanctuaire important dans ce quartier de Brazzaville. En 1943 sort de terre un édifice extrêmement novateur dû au talent de l’architecte protestant Roger Lelièvre, dit Erell (1907-1986). Roger Erell celui-ci réalise là une étonnante fusion des apports techniques européens et des apports culturels locaux. Il fait entrer pour la première fois dans un grand chantier colonial, des artistes autochtones, comme Benoit Konongo. Le contexte historique est favorable : Brazzaville qui est la capitale officielle de la France libre, a besoin de symboles forts et visibles. Félix Éboué et Charles de Gaulle sont enthousiastes. L'église Sainte-Anne du Congo, dont le chantier évolue lentement sous la surveillance des pères Moysan et Lecomte, est destinée à être le « sanctuaire souvenir de la France libre ». Mohammed V et l'empereur d'Éthiopie y apportèrent leur contribution.
Le père Leconte est le principal acteur et chef de chantier de l'édification de Sainte-Anne du Congo (ainsi que du stade du football construit en même temps) et de la récolte des fonds nécessaires auprès des paroissiens de métropole. Il engage la jeune reporter Joëlle Danterne afin qu'elle filme et écrive le reportage de cette aventure architecturale et humaine hors du commun. Montré dans les paroisses parisiennes, le film Notre-Dame du Congo rapporte de nombreux dons permettant la poursuite du chantier (son auteur deviendra plus tard l'écrivain Anne Golon, créatrice du personnage d'Angélique, marquise des Anges)
Sur un plan classique en croix latine, Erell conçoit un édifice de vastes proportions (85 m de longueur, transept de 45 m de largeur, 22 m de hauteur sous voûte, flèche de 83 m) utilisant un arc en ogive très aigüe inspiré par les fers de lance du nord du Congo, les cases obus en terre du Tchad et les tunnels de bambous géants du Mayombe. Les tuiles vertes renvoient à la nature généreuse du milieu équatorial ; celles en formes d'écailles de serpent évoquent, telles les gargouilles des cathédrales médiévales, le malin qui reste hors de l'église. L'éclairage intérieur est zénithal, et se fait par l'arrête du toit où les tuiles de céramique sont remplacées par des pales de verre teintées. La superbe tribune qui avance loin dans la nef sans support vertical est ornée d'une balustrade en fer forgé réalisée par un artiste local qui s'est inspiré d'armes pré-coloniales.
La cloche est installée en 2011.
En 1949, l'église qui deviendra basilique est consacrée avec la Messe des Piroguiers composée pour cette occasion par Mme Barrat-Pepper. Les travaux se poursuivent encore quelques années, mais faute de moyens, la flèche reste inachevée : sa base hâtivement couverte a longtemps formé le clocher. La basilique a été endommagée au cours des guerres civiles des années 1990.
J’ai connu Roger dans les années 70. Il avait ouvert un petit atelier où il fabriquait des objets en céramique. Il m’a raconté un peu de sa vie extraordinaire, son passé de résistant et d’architecte renommé notamment pour ses réalisations au Congo… Il était tombé subitement aveugle et avait été rapatrié en France où il s’est reconverti comme artiste dans la poterie.
RépondreSupprimerUn être exceptionnel… lumineux !