Cette carte postale nous montre d'après son éditeur Jaseber les nouveaux bâtiments H.L.M à Saïda (Oran).
Il ne fait aucun doute (ou alors c'est vraiment bien imité) que cet immeuble est une réalisation de L'AT-BAT Afrique vu la ressemblance plus que frappante avec le modèle réalisé cette fois à Casablanca.
Pourtant, si la documentation sur le Maroc semble facile à trouver, celle sur l'Algérie l'est beaucoup moins. Il sera donc difficile de dire quoi que ce soit sur cette carte postale et le bâtiment en question qui semble bien isolé et de petite taille pour ne pas avoir eu droit à un pendant dans les parages. Par contre, on reconnaît parfaitement le style si particulier des décrochements des façades dus à un plan très étudié offrant des patios extérieurs et une distribution par coursives. N'oublions pas qu'il était alors question de trouver un habitat moderne répondant aux exigences du type de vie locale et que l'on n'hésitait pas à nommer "type musulman" ou type "européen" selon la population concernée. Mais avant d'en tirer la conclusion trop rapide d'une ségrégation politique coloniale, il était surtout question d'être au plus proche des désirs et des modes de vie en tentant, dans le plan et dans la modernité, de combiner économie, renouveau, adaptation locale et collectivité.
Et comment ne pas être séduit par cette proposition !
On remarquera sur la façade un ostensible drapeau français dont je ne sais rien de sa fonction. La carte n'est pas datée mais elle fut imprimée sans doute dans la deuxième partie des années cinquante. Au dos, c'est un soldat qui s'exprime sur sa vie.
Je reste stupéfait qu'une telle innovation architecturale, une telle modernité, puisse ainsi avoir eu l'opportunité de s'inscrire dans un médium si populaire.
Il ne fait aucun doute qu'ici, il est question de dire que l'élan français de la Libération, de la modernité offerte aux colonies, s'exprime aussi dans le bâtiment d'habitats collectifs. Comme un chant du cygne avant les événements d'Algérie, comme un dernier souffle faisant bouger mollement le drapeau tricolore. En 1955, Architecture d'Aujourd'hui publiait un numéro spécial "Afrique du Nord" avec cette page étonnante montrant trois types d'habitats, le type musulman, le type israélite et le type européen.
Pour le type musulman, on reconnaît dans l'exemple de Casablanca le modèle de celui de Saïda. On pourrait donc affirmer que les architectes de ce dernier soient les mêmes : Candilis, Woods, Piot (ingénieur) supervisés par Bodiansky pour le compte de l'AT-BAT Afrique. Est-ce juste ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire