Cette carte postale de la Société Nouvelle des éditions Bellevues, nous montre les gens bien plus certainement que la ville de Sainte-Adresse ou du Havre. Elle montre comment le bord de mer, la joie d'y vivre et de s'y promener relèguent la ville un peu loin, comme un horizon.
En fait, profiter de la ville du Havre serait en quelque sorte s'en éloigner, l'air de rien, en marchant la main dans la main en suivant la côte. Les enfants sont bien heureux, les jeunes couples se tiennent la main en traînant le petit dernier, les vieux fatigués sont assis et se régalent du spectacle des promeneurs.
On a de droite à gauche : la mer et l'horizon de la ville percé de la pointe de St-Joseph, les galets, la rambarde de béton qui sert aussi de banc public, la promenade bien remplie, les automobiles bien rangées et enfin, la rue. En quelque sorte : tout fonctionne.
Mais le Havre c'est aussi cette autre ville :
La carte postale Combier vise les bassins de la Citadelle et les petites cales sèches. Enfin c'est Mr Rancurel qui a visé depuis son avion !
Cette ville je l'aime aussi. J'aime le côté totalement hétéroclite de l'ensemble, la sensation de bazar des constructions, sensation que seulement quelqu'un comme moi ne connaissant rien à l'usage de ce lieu peut confondre avec un joyeux bordel ! Car, sans aucun doute, tout ici a un sens, tout ici est à sa place nécessaire. Il y a là pourtant de beaux objets architecturaux comme savent en faire les bâtiments industriels.
On se dit que l'époque, celle enthousiaste de l'après-guerre, pouvait aimer se reconnaître dans la part industrieuse de la ville tout autant que dans sa reconstruction du centre, tout autant que dans ça :
Cette carte postale dont la photographie est de Gilbert Fernez nous montre l'intérieur de l'église Saint-Joseph par Messieurs Perret et Audigier. On a chanté déjà cette merveille et on la chantera encore. On admirera surtout ici comment le cliché nous donne à voir aussi la puissance des piliers porteurs et de l'escalier qui monte dans la tour. La force de cet espace est bien aussi le passage d'un plan carré vers un plan octogonal et vers... la lumière. Quelle œuvre ! Sans doute l'un des plus beaux espaces construits en France et qui n'a rien à envier à la sculpture ou à la tectonique.
Une gourmandise ?
Comme souvent, lorsqu'on cherche dans les boîtes à chaussures des cartes postales on trouve d'autres choses et entre les cartes postales du Havre, il y a des chances qu'on trouve des photographies de ce type. Ces toutes petites photographies un peu jaunes sont émouvantes par leur qualité un rien pauvre mais tellement poétique ! On vient voir le Paquebot France partir du Havre et pour la première image, on a même la chance d'être sur le Paquebot. Cela devait faire partie de la promenade. Voir le port, le Paquebot, la ville neuve et son église et aussi voir la mer.
Il est flou France. Il part. Il annonce déjà sans doute le désenchantement.
Les amateurs retourneront sur le volume 1 de ce blog pour retrouver tous les articles sur Auguste Perret.
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