D'abord je vais remercier mon ami Nicolas Moulin de m'avoir signalé l'article de Sybille Vincendon dans Libération le 8 juillet 2018. C'est cet article qui m'a donné envie de retourner voir les Damiers à la Défense.
Une fois encore, une fois encore, une fois encore... c'est sur de mauvaises nouvelles que nous nous y sommes rendus. Une fois encore le Brutalisme en France va subir une attaque. Une fois encore il s'agit de promoteurs qui prennent le dessus sur le Patrimoine.
Quand donc, sur ce parvis de la Défense, un inventaire du Patrimoine architectural et sculptural sera établi afin de préserver ce qui appartient maintenant à l'histoire ou ce qui peut y être détruit sans remords. Quand donc ce paysage si marqué, si typique, si représentatif d'un état de la pensée urbanistique sera considéré non plus comme un lieu de chasse de terrain et de plus-value immobilière (même si c'est son histoire originelle) pour devenir enfin un paysage français comme une fortification de Vauban, un trait de côte granitique bretonne ou le parvis d'une cathédrale ?
Quand donc les autorités patrimoniales oseront stopper les éradications de nos belles architectures brutalistes, finalement bien rares dans notre pays ?
Quand ?
Il suffit pourtant d'aller sur place, de se promener, de flâner au pied de l'ensemble des Damiers pour comprendre la poésie profonde de ce lieu, surtout un samedi matin de juillet quand la dalle est vide, sous un soleil voilé, et qu'elle semble perdue.
C'est cette émotion spatiale, la puissance même des constructions, leur échelle gigantesque, babylonienne qui produisent le sentiment de beauté, l'invraisemblable jubilation des vides subis, des pleins construits, des ombres portées.
Ici, tout n'est que calme, luxe et vraie volupté.
Bien entendu ce n'est pas facile. Il faut aimer être petit, presque écrasé par la masse qui se répète, par la force. Cette Force est avec nous.
L'article de Sybille Vincendon a le mérite de bien raconter les échafaudages politico-affairistes et les errements décisionnaires. Il a le mérite aussi de bien nous informer sur les architectes :
Nous connaissons Messieurs Binoux et Folliasson sur ce blog grâce à ces articles :
http://archipostalecarte.blogspot.com/2016/12/mettez-moi-la-paire.html
http://archipostalecarte.blogspot.com/2013/09/des-tours-la-francaise.html
Samedi, avec Walid Riplet et Jean-Jean Lestrade, nous sommes donc partis voir et nous ne fûmes pas déçus ! L'ensemble est d'une invraisemblable beauté et réserve une surprise supplémentaire : un ensemble de sculptures des Simonnet ! Posées dans une sorte d'atrium vide et minéral, les sculptures sont usées, blanchies. Elles gardent pourtant toute leur force. Nous fûmes surpris par leur taille gigantesque bien loin des jeux que je connais par ailleurs des Simonnet. Ici, il fallait pouvoir jouer avec l'échelle gigantesque des immeubles ! Le contraste des couleurs, du matériau, du dessin tout en courbes donne à l'ensemble une poésie superbe, comme des fleurs réussissant à pousser entre les dalles de béton. Qui s'occupe de l'avenir de cet ensemble de sculptures des Simonnet ? Qui prendra en charge leur démontage, leur restauration et qui leur trouvera un nouveau lieu loin de la brutalité affairiste russe ?
Les photographies sont de Walid Riplet, (merci Walid). Merci de ne pas les copier sans autorisation.
Merci à Sybille Vincendon pour son article et, encore une fois, merci Nicolas pour ton alerte. Tu as bien vu là, l'un des espaces les plus Grautag de France.
Il n'est pas aisé de trouver des cartes postales de cet ensemble des Damiers à la Défense. Je ne pense pas qu'il y ait eu une production particulière le montrant. Dans ma collection, je dois donc composer avec deux cartes postales évoquant le parvis et sur lesquelles surgissent parmi le reste des immeubles les Damiers :
Cette carte postale de Puteaux par Abeille-Cartes est superbe ! Je l'ai déjà publiée il y a 8 ans ! Mais quand c'est beau...
Je me permets donc de passer rapidement et de vous en montrer un détail qui est bien l'ensemble des Damiers. Vous remarquerez que la photographie nous le montre très blanc avec beaucoup d'espace autour de lui ! Cela a bien changé aujourd'hui !
La carte suivante est intéressante :
D'abord parce qu'on y voit bien notre ensemble des Damiers perdu dans une demi-nuit bleutée mais aussi parce que cette carte postale appartient à une série sur La Défense servant en quelque sorte de guide de visite et qui découpe le parvis de la Défense et ses accès en plusieurs zones. L'éditeur est Onerok pour l'EPAD et la photographie qui restera anonyme appartient à l'EPAD. Dommage que nous ne puissions avoir le nom du photographe qui a su jouer avec les lumières pour donner à son image une atmosphère si particulière ! Reste à connaître le mode de diffusion de ce type de cartes postales promotionnelles... On reviendra bientôt sur cette série.
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