L'une des chances des fouilles dans les boîtes à chaussures, au petit matin, à la recherche de cartes postales, ce n'est pas tant de trouver ce que l'on cherche que de tomber sur de l'inattendu :
Dans une forêt un peu ouverte, un peu proprette, un mini-golf accueille des messieurs d'un certain âge, tous miraculeusement posés devant l'une des étapes de ce parcours de golf miniature. La plus étonnante, bien entendu, est celle de droite, affichant fièrement les trois lettres géantes en béton de la C.G.T...
Qui peut rêver d'une image plus parfaite ? D'une photographie plus inspiratrice ? Comment croire même en la possibilité d'une telle photographie et d'un tel espace ?
Le photographe ? C'est Monsieur Roussel qui est aussi éditeur à Châteauroux. Il signe là un beau et surprenant cliché des œuvres sociales des Unions Syndicales des Travailleurs de la Métallurgie de la Seine, plus précisément de la maison de repos Ambroise Croizat dans le domaine de Vouzeron. Au fond, un homme en short, plus jeune, semble surveiller la partie de golf miniature. Pourtant, bien rangés, ils ont l'air bien sages nos métallos au repos.
J'aime autant l'image que ce qu'elle porte de solidarité, d'attention, aussi, sans doute, d'un épuisement au travail que la protection sociale et syndicale a pu prendre en charge. Je laisse l'ironie aux autres.
Je vois bien dans le dos courbé, dans les épaules arrondies serrées dans un gilet en tricot de laine, une silhouette familière, comme celle de mon grand-père Jean, ouvrier chez Renault. Cela suffit à en aimer l'image et la joie tranquille qu'elle dispense, une nostalgie aussi.
Que reste-il de ce golf miniature aujourd'hui et surtout que reste-il de cette action sociale, de cette solidarité, de cette attention aux travailleurs ? Que nous prépare-t-on ?
Je crains que le superbe golf miniature ait disparu depuis longtemps.
https://vouzeron.info/2013/09/16/le-chateau-de-vouzeron/
Pour vous venger, allez voir celui de Pierre Huyghe à Piacé :
https://www.piaceleradieux.com/oeuvres/obstacle-pierre-huyghe-2014/
Mais la C.G.T sait aussi garder sa force et la montrer dans ses constructions :
Cette carte postale appartient à la typologie des cartes postales de souscription que nous voyons, c'est bien certain, plus souvent pour la construction des églises !
On note d'emblée que la somme de la donation est imprimée, 20 francs, et d'ailleurs cela correspond à la date : 1982. Mais cette carte postale appartient donc aussi à la typologie des cartes postales de maquettes de constructions puisque la future Bourse du Travail n'est pas encore construite. On devine donc un bâtiment énorme, multiple, un peu complexe dans ses articulations, comme une dispersion de volumes sur un terrain. Depuis cette maquette, on note un goût certain pour une massivité affirmée organisant des passages, des canyons presque, mais aussi de gigantesques verrières, ici en Plexiglas. Ce genre d'énorme machine me plait beaucoup. Quelque chose de sévère et de âpre, d'irréductible, d'impossible à contrefaire...
On note aussi que la carte postale oublie de nommer le ou les architectes de cette énorme morceau de ville voué à la défense des travailleurs et de leurs droits.
Je vous laisse lire cela :
Combien de constructions peuvent afficher qu'elles sont la propriété de 2 millions de syndiqués...
On trouve ici le nom des architectes de cette Ruche pour la Lutte. Voilà le plus beau des noms pour une bâtiment, une ruche pour la lutte :
On est content de lire le nom de Claude Le Goas. Il est célèbre dans le petit monde des architectures étranges et fortes car il est l'architecte à l'origine du magnifique et incroyable conservatoire de Montreuil mais aussi d'un grand nombre de beautés plus ou moins brutalistes que je vous conseille vivement de regarder.
Allez...Vous avez été bien sages...Vous pouvez partir en safari maintenant...
Pour ma part, une fois encore, et toujours renouvelés, tous mes remerciements aux C.G.Tistes et syndiqués du Comité d'Établissement de l'Usine Renault de Cléon, C.E qui restera pour moi celui de la Régie NATIONALE des Usines Renault. Merci pour les livres, merci pour Matisse, merci pour Aragon, pour Durrell... Merci pour l'émancipation. Merci à jamais, pour mon père, mon grand-père.
Dans une forêt un peu ouverte, un peu proprette, un mini-golf accueille des messieurs d'un certain âge, tous miraculeusement posés devant l'une des étapes de ce parcours de golf miniature. La plus étonnante, bien entendu, est celle de droite, affichant fièrement les trois lettres géantes en béton de la C.G.T...
Qui peut rêver d'une image plus parfaite ? D'une photographie plus inspiratrice ? Comment croire même en la possibilité d'une telle photographie et d'un tel espace ?
Le photographe ? C'est Monsieur Roussel qui est aussi éditeur à Châteauroux. Il signe là un beau et surprenant cliché des œuvres sociales des Unions Syndicales des Travailleurs de la Métallurgie de la Seine, plus précisément de la maison de repos Ambroise Croizat dans le domaine de Vouzeron. Au fond, un homme en short, plus jeune, semble surveiller la partie de golf miniature. Pourtant, bien rangés, ils ont l'air bien sages nos métallos au repos.
J'aime autant l'image que ce qu'elle porte de solidarité, d'attention, aussi, sans doute, d'un épuisement au travail que la protection sociale et syndicale a pu prendre en charge. Je laisse l'ironie aux autres.
Je vois bien dans le dos courbé, dans les épaules arrondies serrées dans un gilet en tricot de laine, une silhouette familière, comme celle de mon grand-père Jean, ouvrier chez Renault. Cela suffit à en aimer l'image et la joie tranquille qu'elle dispense, une nostalgie aussi.
Que reste-il de ce golf miniature aujourd'hui et surtout que reste-il de cette action sociale, de cette solidarité, de cette attention aux travailleurs ? Que nous prépare-t-on ?
Je crains que le superbe golf miniature ait disparu depuis longtemps.
https://vouzeron.info/2013/09/16/le-chateau-de-vouzeron/
Pour vous venger, allez voir celui de Pierre Huyghe à Piacé :
https://www.piaceleradieux.com/oeuvres/obstacle-pierre-huyghe-2014/
Mais la C.G.T sait aussi garder sa force et la montrer dans ses constructions :
Cette carte postale appartient à la typologie des cartes postales de souscription que nous voyons, c'est bien certain, plus souvent pour la construction des églises !
On note d'emblée que la somme de la donation est imprimée, 20 francs, et d'ailleurs cela correspond à la date : 1982. Mais cette carte postale appartient donc aussi à la typologie des cartes postales de maquettes de constructions puisque la future Bourse du Travail n'est pas encore construite. On devine donc un bâtiment énorme, multiple, un peu complexe dans ses articulations, comme une dispersion de volumes sur un terrain. Depuis cette maquette, on note un goût certain pour une massivité affirmée organisant des passages, des canyons presque, mais aussi de gigantesques verrières, ici en Plexiglas. Ce genre d'énorme machine me plait beaucoup. Quelque chose de sévère et de âpre, d'irréductible, d'impossible à contrefaire...
On note aussi que la carte postale oublie de nommer le ou les architectes de cette énorme morceau de ville voué à la défense des travailleurs et de leurs droits.
Je vous laisse lire cela :
Combien de constructions peuvent afficher qu'elles sont la propriété de 2 millions de syndiqués...
On trouve ici le nom des architectes de cette Ruche pour la Lutte. Voilà le plus beau des noms pour une bâtiment, une ruche pour la lutte :
On est content de lire le nom de Claude Le Goas. Il est célèbre dans le petit monde des architectures étranges et fortes car il est l'architecte à l'origine du magnifique et incroyable conservatoire de Montreuil mais aussi d'un grand nombre de beautés plus ou moins brutalistes que je vous conseille vivement de regarder.
Allez...Vous avez été bien sages...Vous pouvez partir en safari maintenant...
Pour ma part, une fois encore, et toujours renouvelés, tous mes remerciements aux C.G.Tistes et syndiqués du Comité d'Établissement de l'Usine Renault de Cléon, C.E qui restera pour moi celui de la Régie NATIONALE des Usines Renault. Merci pour les livres, merci pour Matisse, merci pour Aragon, pour Durrell... Merci pour l'émancipation. Merci à jamais, pour mon père, mon grand-père.
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