dimanche 23 décembre 2012

Cristal sacré


Cela pourrait bien être ainsi très mystérieux...
Qu'est-ce que c'est ?
Je pourrais vous laisser chercher pendant quelque temps m'amusant de vos difficultés à saisir cet objet architectural...
Mais je préfère vous donner la solution immédiatement :



Nous sommes à Baccarat, à l'intérieur de l'église.
Il s'agit de l'œuvre de l'architecte Nicolas Kazis. Et le détail est celui de la charpente en bois de l'édifice. Ayant visité cette église il y a peu, je m'étonne de la luminosité de l'image. La carte postale Combier datée de 1961 nous montre une photographie véritable dont le temps de pose a dû certainement être un rien long pour "faire" cette lumière. Ce qui a brûlé certains vitraux du fond. La lumière étant plein Est nous sommes le matin... On s'amusera que la carte fut expédiée 8 ans après son édition !
Quelle belle image tout de même ! Il faut le dire : l'église est superbe et vaut, comme on dit, le détour. Puissante, rigoureuse, et même austère dans ses élans, elle sait tenir son rôle et son rang. Mais ce qui surprendra beaucoup le visiteur c'est l'incroyable beauté des vitraux réalisés à Baccarat bien évidemment ! De l'extérieur presque éteints, l'intérieur les révèle d'une manière surprenante et jouissive ! Un déluge de couleurs ! Et un dessin aussi très étonnant !
L'architecte de cet église est Nicolas Kazis et les éléments sculptés sont de François Stalhy et Etienne Martin. Les vitraux seraient d'une équipe : Idoux, Lenormand, Reynard et Denise Chesnay. Il y aurait 52 tons différents de cristal ! Une sorte d'immense arc-en-ciel Pop fait une ceinture colorée au-dessus du chœur !



Voici deux cartes postales de l'extérieur :







On perçoit bien une volumétrie forte dont le jeu s'établit surtout entre masse (corps de l'église) et élan (le clocher).
La forme hésite entre une modernité franche et une référence appuyée aux constructions locales. Ce sont bien les matériaux qui font ce transfert : cuivre, ardoise et... béton.
Voici quelques photographies prises sur place. Celles des vitraux sont de Claude Lothier dont vous ne manquerez pas d'aller visiter le blog.



























samedi 22 décembre 2012

Beau Rivage



Maintenant, chaque fois que je vois ces mots ensemble : Beau Rivage, mon esprit ne sait plus faire la mise au point sur un objet.
Il sait qu'il doit regarder sans doute la façade d'un hôtel mais il sait aussi qu'il doit songer au très beau et sombre film de Julien Donada qui porte ce titre Beau Rivage.
Bien évidemment, Julien a tiré son titre des hôtels si nombreux qui portent ce nom et il a su s'amuser de l'écart entre la perdition de son personnage principal dans ses errements amoureux et la joie de vivre que reflète d'habitude la prononciation de Beau Rivage.
Il se trouve qu'à Royan, à proximité de la plage de Foncillon, on peut dormir là :



La carte postale de cet hôtel Beau Rivage à Royan est de toute évidence une carte promotionnelle disponible à l'hôtel lui-même. Elle nous montre l'établissement dans sa simplicité descriptive sans fioriture. Au verso, figure l'adresse, 9 façade de Foncillon. Pas de date, pas de nom d'éditeur, pas de nom de photographe et encore moins de nom d'architecte.
Le pourtant excellent et complet Guide architectural Royan 1950 de Antoine-Marie Préault ne donne pas plus d'information.
Pourtant il ne démérite pas de son héritage 1950 cet hôtel. Claustra au rez-de-chaussée, appareillage de pierres, garde-corps géométriques en alternance formant brise-soleil, la façade nous dit bien une architecture moderne et franche dont la blancheur supposée des garde-corps forme cette image abstraite fabriquée par le jeu des ombres et des répétitions.







Je le connais bien. J'ai souvent rêvé d'y dormir et je me dis que mon prochain passage royannais pourrait y trouver un lieu de repos.
On le retrouve ici, juste au bord, le voyez-vous ?





En bas à l'extrême bord de la carte postale on retrouve Beau Rivage. Cette carte postale Elcé (pour L. Chatagneau) expédiée en 1962 mais certainement un peu plus ancienne nous montre notre ville encore en chantier. La Tour de Foncillon est en cours de construction, la barre de Foncillon, elle, n'existe tout simplement pas !



Les très fidèles de Royan remarqueront que le restaurant n'est pas encore construit sur la plage de Foncillon. La carte postale révèle également pour les amoureux des Postes une oblitération spéciale et elle fut expédiée par une correspondante en congrès dans notre ville. La croix rouge rageuse au stylo-bille sur le Palais des Congrès fait foi de son lieu de rassemblement !



Mais bien loin de me déplaire, j'aime toujours cette manière de se situer dans une image, d'affronter sa situation géographique avec une photographie et de permettre ainsi à la fois de se reconnaître dans un espace et de permettre aux destinataires de se projeter à leur tour dans ce qui est l'un des plus beaux, des plus extraordinaires lieux urbains et balnéaires de France : Royan.
Alors si vous passez par là, laissez votre valise à l'Hôtel Beau Rivage. Descendez sur la plage de Foncillon pour vous y baigner. Puis vous suivrez le Front de mer jusqu'au bout.
Nul doute qu'alors le cinéma de Royan projettera le très film de Julien Donada : Beau Rivage.

http://www.premiere.fr/Bandes-annonces/Video/Beau-Rivage




mercredi 19 décembre 2012

hommage à Aurore



 Hier France Culture et l'émission sur les docks nous ont permis de visiter le chantier de La Tour Carpe Diem, construite à l'emplacement de la Tour Aurore.
La Tour Carpe Diem, je m'en fiche. Elle est comme de nombreuses autres tours actuelles, à facettes, dansant un peu pour faire semblant d'avoir eu une idée formelle et architecturale. Ridiculement attendue, avec son petit contrat écologiquement correct qui lui donnerait sa raison.
La Tour Aurore était belle.
Une sorte de mille-feuille doré bétonné.
Elle avait su dans sa tournure et son échelle offrir une image simple et moderne.
Oh et puis... Non ! Pourquoi chercher des raisons futiles ?
La Tour Aurore je l'aimais surtout parce que les architectes qui l'avaient réalisée étaient aussi ceux qui avaient fait La Rafale à Reims : Messieurs Damery, Vetter et Weil, architectes. Alors que ce très beau centre commercial fut détruit dans l'indifférence générale, je croyais que je pourrais toujours à la Défense retrouver un rien La Rafale, à l'ombre de l'Aurore. C'est beau les noms des bâtiments non ?
Carpe Diem... Non mais vraiment... Carpe Diem...Vite ! Faisons une Tour Jouir.
Mais comment pourrions-nous nommer cette qualité qui consiste à voir un bâtiment au travers d'un autre ? Comment nommer cet effet de calque transparent de l'imaginaire, cette reconnaissance d'une forme et d'un espace dans un lieu réel et différent ?
Alors, une fois encore, mes rêveries architecturales passeront dorénavant par les cartes postales qui auront su garder la Tour Aurore vivante. Dans le canyon des immeubles de La Défense, mon imagination me fera circuler au pied de la belle tour disparue.
Voyez :





La carte postale SODALFA nous montre à gauche la belle Tour Aurore même si le photographe C. Tétard vise plus certainement la sculpture et la Tour Gan au fond. La lumière est étrange, un rien faible presque trop douce pour ces monolithes. La carte postale fut expédiée en 1986.
Et la nuit tombe :



La carte postale Yvon nous montre Courbevoie de nuit. Elle nous nomme : Tours Aurore, E.D.F et Europe. D'une qualité exceptionnelle, cette carte est imprimée en Draeger Procédé 301 ce qui est le signe en effet d'une grande attention éditoriale. Le temps de pose long fait filer les feux des automobiles en des néons de verre infinis et la nuit finalement éclairée par les immeubles eux-mêmes finit par devenir mauve. Les grilles des façades successives proposent leur géométrie respective dans une sorte de concours néo-géo du plus beau dessin. Magnifique.
Je vous donne, une fois n'est pas coutume, l'oblitération qui joue avec l'Arche de la Défense et permet de dater la carte postale de 1986.



Je trouve dans l'excellent livre Paris Construit, guide d'architecture contemporaine par Ionel Schein, une belle double page sur la Tour Aurore défunte :





Je trouve aussi une belle photographie du chantier de construction de la Tour Aurore dans l'ouvrage Paris La Défense aux éditions du Moniteur :



Et même si Ionel Schein n'est pas très gentil avec elle, je continue à aimer mon souvenir de l'Aurore et pour reprendre les propos de Monsieur Roland Castro, je dirais que, pour ma part, j'aime les tours aux verres fumés qui portent des Ray-ban, celles qui conservent ainsi une sorte de mystère sourd à notre connaissance, celles qui obligent les fumeurs à descendre à leur pied comme un respect qu'on doit leur rendre. Car, voyez-vous je n'en ai pas peur de ce mystère et même il renforce ma fiction.
Vivre le ciel ?
PS : Monsieur Chaslin nous aurait sans doute permis de comprendre, d'aimer un peu mieux les enjeux de ce nouveau phénomène de "reconstruction".

Paris Construit, guide de l'architecture contemporaine
Collection Environnement
Ionel Schein
éditions Vincent, Fréal et Co
1970

Paris, La Défense
métropole européenne des affaires
Cofer, collectif
1989





lundi 17 décembre 2012

Alain Sarfati, des images 3

Reprenons encore notre visite des œuvres de Alain Sarfati publiées en cartes postales et envoyées par Daniel Leclercq !
Promenons-nous maintenant dans Melun-Sénart, dans le centre artisanal de Plessis-la-Forêt :










Les détails chantent un rien. Là aussi, la richesse de variétés des matériaux pourrait presque passer pour une indétermination. L'œil habitué à une architecture vernaculaire croit y retrouver ses petits, la poésie d'une architecture de collage, d'arrangements familiaux. Tout passe, même le réverbère parisien pour faire pisser les chiens. C'est délicat.
J'avoue être perplexe.
Le coron, la petite fabrique du début de siècle dernier, la maison de ville se réunissent ici. Sans doute que je ferais mieux d'aller voir. Reste une attention touchante, un décor heureux. On se demandera aussi si le détail du toit photographié et édité est une demande de l'architecte voulant ainsi faire parler ses matériaux ou une découverte du photographe jubilant à sa rythmique.
Puis Beauvais :





Le Groupe Scolaire Louis Aragon semble montrer lui aussi les même atours. Je ne sais pas bien d'où est venu ce goût à une époque proche (1983) du carrelage rectangulaire ? Il semble qu'une grande partie des années 80 ait recouvert les architectures de ce type de produit... Henri Sauvage ? la Belgique ? La Tendenza ?
Ici cela semble assez chaleureux, sensible. le photographe D. Sucheyre prend un bon parti des couleurs et des ombres projetées sur les sols et les enfants. On est entre un préau de la Troisième République et une claustra italienne. Ce n'est pas si mal finalement.



Et lorsque simplement, sans se poser la moindre question, les enfants trouvent une rambarde à leur hauteur pour poser leur cul, c'est que l'architecte n'a pas trop mal travaillé. Sans doute qu'aujourd'hui les claustras sont recouvertes de chèvrefeuille et de glycines. Le printemps doit être beau à l'école Louis Aragon.
On remarque une carte postale d'une autre édition dans cette série sur l'école Louis Aragon :



Volumétrie enjouée par des corps de fermes, une halle couverte, des portiques découpés et la couleur qu'il faut reconnaître comme vivifiante et subtile. Le froid d'un hiver produit un ciel bleu parfait pour le photographe Gilles Walusinski qui a su laisser du temps à son Ektachrome pour prendre cette lumière. Et les arbres ont grandi.
On note cependant au verso de la carte postale les intentions du cabinet de l'architecte. Et si tout cela doit "construire les images de l'enfance" alors sans doute qu'il faut au moins être heureux de cette intention.




dimanche 16 décembre 2012

Piscine Tournesol, pour de vrai

Thibault Averty est l'un de mes étudiants.
Il sait mon goût pour une architecture un rien mal aimée et ne s'en étonne pas plus que ça. Il faut dire qu'il en connaît bien une partie puisqu'il a habité Evry. Il en parle bien d'ailleurs.
Il m'avait promis des photographies de la piscine Tournesol de Courcouronnes. Il tient ses promesses :





Les deux photographies de Thibault nous montrent une piscine ayant tout conservé de ses attraits mais peut-être un rien sale, méritant sans doute un bon nettoyage, et non une restauration par trop... poussée.
On voit aussi que Thibault cadre en pleine nature cette piscine sans doute dans un mélange de contrainte d'accès et de désir de faire une belle image.
Merci Thibault pour ces deux belles images qui prouvent la présence encore forte de ces piscines dans notre paysage.
Profitons-en pour en voir d'autres par les cartes postales :






Nous voici à Ecommoy devant la piscine Tournesol ouverte au soleil. Les filles sur les serviettes se moquent des garçons un peu maigrelets. La carte postale des éditions Jipé fut expédiée en 1985. On devine parfaitement le beau mobilier d'origine au fond.





Et à Petit-Quevilly, la piscine Tournesol n'est pas tout à fait ouverte. Deux gamines en maillot rose fluo font encore le premier plan et semblent bien s'amuser !
La carte postale est une édition du Perroquet Bleu dont les photographies sont de B. Maurey. Cela ressemble beaucoup à une commande publique de la ville désireuse de construire une image sportive !





Finissons la visite des piscines Tournesol pour aujourd'hui avec celle d'Eragny. La ville affiche ainsi dans cette carte postale Abeille-Cartes ses atouts. Un nouveau quartier, un centre commercial et une piscine Tournesol. Comment ne pas prendre rapidement le chemin d'Eragny ? On admirera le jeu aux pneus si modernes et réjouissants !
N'oubliez pas d'aller voir et revoir les autres piscines Tournesol de Monsieur Schœller ici.