Il m'aura fallu un peu de temps pour recoller les morceaux.
D'abord il y a eu l'achat de ce livre sur une foire à tout. Le livre s'intitule Maxime Old, architecte décorateur édité par Norma édition et écrit par Yves Badetz.
Il n'aurait jamais été question pour moi d'acheter un tel livre à sa sortie, son prix de 550 fr à l'époque m'aurait immédiatement rebuté. Il faut donc dire une fois encore la chance culturelle que représente ces vides-greniers pour accéder à la Culture surtout pour le marché du livre...Apprendre ne coûte pas cher, ce qui coûte cher c'est éduquer à l'intérêt de la Culture.
Ceci dit, j'ai donc lu ce livre et j'ai été absolument passionné par ce personnage de Maxime Old que j'avoue je ne connaissais pas du tout. Comme quoi, la connaissance des designers de l'époque et des icônes habituellement rabattues occulte bien toute une partie de l'histoire du design.
L'écriture et le sérieux de Yves Badetz permettent bien de comprendre la place essentiel de Maxime Old sur la scène des décorateurs, ensembliers et designers dans l'époque du tournant moderniste où l'on passe des artisans d'Art aux designers de renoms. Mais justement, ce qui fait bien la grande qualité de Maxime Old c'est la manière dont sans rien renoncer de son métier d'ébéniste et de fabricant de meubles il a toujours su suivre et même devancer les dessins nouveaux et les nouvelles approches de son métier dans des réalisations d'une qualité absolument époustouflante ! Quel dessin, surtout, oui, quel dessin !
Comme Yves Badetz est rigoureux, il n'oublie aucune réalisation et j'ai immédiatement reconnu l'une de celle que je possède dans ma collection : l'Hôtel Marhaba de Casablanca par Émile Duhon, architecte. Tout de suite, le nom de Duhon a raisonné pour moi comme il devrait le faire pour vous si vous êtes un ou une fidèle lecteur-lectrice de ce blog. On connait bien un autre Hôtel Marhaba.
Mais je ne crois pas vous avoir déjà montré cette magnifique carte postale de l'intérieur d'une chambre meublée et décorée donc par Maxime Old, voilà donc que je peux enfin mettre un nom sur le designer (?) de ce mobilier. Quel plaisir !
Le livre de Yves Badetz semble bien permettre d'identifier les fauteuils, la petite table, les lits mais le cadrage du photographe ne permet pas de reconnaitre le petit meuble bas sur la droite de la carte postale. La photographie des éditions Flandrin (si célèbre) n'est pas datée, pas plus que la carte évidemment. Ne sont pas nommés l'architecte Émile Duhon ni Maxime Old. On note une chambre qui propose bien deux espaces soulignés et séparés par le traitement du mur et du sol. Le micro-salon est poussé contre l'immense fenêtre, notez comment le tissus des rideaux se projette sur le mur formant, rideaux fermés, une alcôve unifiée.
Pour le reste...pas de fioriture, de bibelot, rien qui encombre l'espace qui ne devait pas être si grand que cela si on observe bien les espaces entre les meubles. Le génie de Maxime Old étant bien de faire illusion de cet espace et de donner à l'oeil un mobilier solide, massif et donc luxueux sans débordement inutile. J'adore les motifs géométriques des tapis.
Pour ceux qui aurait oublié la forme de cet Hôtel Marhaba de Casablanca et sa très belle volumétrie moderniste, je vous propose cette carte postale du même éditeur Flandrin. L'image ne rend pas très bien hommage à son accroche sur le sol, laissant le parking manger un bon tiers de la photographie. La Modernité de Casablanca est d'ailleurs soulignée par son expéditeur qui n'oublie pas d'utiliser cet Hôtel pour le prouver. Bien vu Michel ! On est en 1956.
On aura sans aucun doute l'occasion de recroiser Duhon l'architecte et Maxime Old le décorateur. Il a notamment travaillé pour Rouen... Pas de doute que maintenant, je serai éveillé à leur production. Remercions donc encore Yves Badetz de nous avoir éclairé, enseigné et fait aussi voyager dans cette époque étonnante et riche.
Pour revoir Émile Duhon :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire