mercredi 5 avril 2023

Corbu a du chien et il est frisé

On croit qu'on a fait le tour de la question et s'égrènent encore quelques pépites qui vous font douter qu'il y aura bien un moment où on aura vu toutes les cartes postales de la Cité Radieuse.
En voici une nouvelle :

Quoi dire qu'on ne sache déjà ? Et surtout comment comprendre le sens et le rôle d'une telle image ? Est-on certains que l'on regarde là une photographie de propagande pour l'un des lieux mythiques de l'architecture ou sommes-nous à la limite du cliché familial ?
Le chien sur le balcon, qu'est-ce que cela peut bien vouloir nous dire ?
Une vie domestique normale ? Un sens de l'espace assez traditionnel ? Le confort tranquille d'une vie simple ? Comme chez tout le monde après tout.
Oui.
Les plus fidèles lecteurs auront reconnu la star de ce cliché, ce chien que nous avons déjà vu dans d'autres cartes postales ce qui prouve que le photographe a été sensible à sa présence dans cet appartement de la Cité Radieuse comme un élément signifiant. Toutou, Médor ? Comment s'appelle ce chien, ce gros caniche ? Et qui était son propriétaire qui avait déjà cédé à l'idée de lui offrir un couchage rien que pour lui ? Les deux transats sont vides mais racontent par cette absence la présence des propriétaires du chien qui profite de la terrasse tout comme ses maîtres.
On ajoutera deux potiches avec des géraniums. Mon compte-fil me permet de comprendre que des pots manquent puisque leurs supports sont vides. Certainement pour un cadrage plus ouvert. A-t-on aussi ordonné au chien de poser ?
Depuis l'intérieur donc, le photographe cadre ce balcon qui semble presque petit depuis ce point de vue. L'éditeur Ryner parle de Loggia
Mais comment donc était perçu ce genre d'image pour les personnes n'ayant jamais visité la Cité Radieuse ? Quel sens pouvait avoir alors d'envoyer ce genre de détail d'architecture ? Était-ce si révolutionnaire que ça comme espace ou même comme représentation d'un espace architectural ? J'ai des doutes. L'aspect que donne depuis ce point de vue ce morceau d'architecture c'est d'abord l'épaisseur et la volumétrie un rien surjouées du garde-corps qui hésite entre console de béton et étagère. Son rebord puissant semble même exagéré. Le noir et blanc du cliché ajoute certainement de la lourdeur à ce détail. Le bandeau de paysage laissé libre est à l'identique de celui qu'occupe le moucharabieh de béton et l'appareil photo ne peut que faire bruler le paysage en contraste. D'ailleurs quel marseillais nous dira ce qu'est cette construction posée dessus ?
Bien entendu, le chien joue le rôle de normalisateur d'un espace qui se veut révolutionnaire. Il dit, ce chien, tout comme le mobilier de famille, que l'espace de Corbu peut vraiment être vécu comme n'importe quel autre, qu'il peut devenir familier au point que le chien y trouve son confort. Un marqueur donc de vie adoucie, heureuse, commune à beaucoup de familles qui irait à l'encontre des idées que l'on pouvait se faire de l'architecture du Fada. Un chien, un géranium, deux transat : la vie quoi.
Comme le moment photographique a dû être amusant ! Placer le chien, le faire rester tranquille, choisir l'angle, déplacer les plantes, oublier les pinces à linge...Ça devait être charmant !
Le chien est mort, Corbu est mort, les propriétaires...je ne sais pas...Et la Cité Radieuse elle ? Comment va-t-elle ? Est-ce que la privatisation de son toit continue ? Est-ce que les habitants sont toujours de vrais corbuséens convaincus ou des occupants Airebiandebi d'une nuit pour Instagram ?
Chuuuuuttttt....Couché ! Couché le chien... 

pour revoir le Toutou chez Corbu :







1 commentaire:

  1. Que le monument soit privé ou non, je ne suis pas sûr que cela change grand chose dans les faits. À un moment donné, les maisons et les immeubles ne peuvent pas tous appartenir à l'état. Et puis c'est l'état qui octroie les permis de démolir, que ce soit un bâtiment privé ou publique.

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