dimanche 11 décembre 2022

Des cloches et des lapins, pourtant ce n'est pas Pâques chez Corbu



Vous admirerez sans doute comme moi cette belle vue contrastée d'un immeuble moderne en béton brut. Vous lui trouverez une forme abstraite, un contraste appuyé pour ses cellules de vie, quelque chose de radical que l'on aime tant dans les beaux immeubles d'habitations de nos chers architectes du Vingtième Siècle.
Pourtant, vous auriez bien tort de vous réjouir trop vite.
Ce que vous voyez-là n'est pas une expérience d'architecture préfabriquée pour nous les hommes et même si on pourrait, après tout, y trouver de l'intelligence constructive dans sa préfabrication, ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas d'une habitation mais bien d'habitations pour les...lapins.
Cette carte postale est bien une manière pour l'entreprise Venot Père de faire la promotion de ses clapiers à lapins démontables en ciment armé. Et la proximité plastique et peut-être conceptuelle entre ces clapiers et des appartements raconte sans doute quelque chose. La préfabrication lourde et le chemin de grue ont en effet dans le langage populaire et moqueur souvent été comparés à la fabrication de clapiers...
Pour ma part, j'y vois à la fois une mauvaise lecture des qualités et finalement, une certaine logique que l'on pourrait retourner contre les moqueurs : construire solide, pas cher, rapidement des espaces de vie bien conçus et fonctionnels. Quoi redire à ça ? Une leçon à reprendre aujourd'hui ?
Allez...Laissez-vous faire...




Mais voici une autre belle carte postale de l'architecture moderne et de Le Corbusier. On a déjà souvent évoqué ici ce lieu rare et parfois maltraité qu'est la péniche Louise-Catherine de l'Armée du Salut, péniche en béton dont les aménagements intérieurs ont été conçus par Corbu.
A-t-elle été renflouée ? Restaurée ? Aimée à nouveau ?
Quel programme à venir pour ce lieu exceptionnel ?
Mais voici une bien belle carte car elle est très animée de ceux qui, justement, en sont la raison : les clochards de Paris comme on disait alors, voire mêmes les cloches. Aujourd'hui on dirait les sans-abri. Gentiment alignés devant le photographe avec quelques autorités, ils attendent le droit d'aller retrouver les lits juxtaposés et installés entre poteaux de l'architecte. Ce document est à la fois touchant et un rien voyeuriste. Comment savoir si cette prise de vue servant à promouvoir l'Armée du Salut a laissé la chance à ces hommes de refuser la photographie au risque de ne pas pouvoir dormir à l'abri. Qu'ont-ils pu faire ensuite de leur image ainsi diffusée et que saura-t-on de leur histoire ? Rien, je pense. La carte postale ne permet même pas de comprendre les aménagements de Le Corbusier dont le nom ne figure pas sur la carte postale. On sait pourtant comment il défendait la représentation de ses oeuvres, bonnes oeuvres également ?


Pour finir, le voilà le clapier magnifique ! Qui peut encore ainsi faire comparaison ? 
Ce paquebot (pensée positive) ce monstre de béton (pensée négative) ce clapier donc est d'une poésie superbe et décidée. Il est une réponse juste, honorable, en tout cas attentive à ce que l'époque (mais non mais non pas l'ordre...) réclamait alors. Une réponse au mal-logement.
Doit-on encore ici en nommer les richesses ?
Je crois que ce n'est pas nécessaire.
Ici il s'agit d'une édition Iris spéciale pour la Maison de la Culture de Firminy. Comme l'immeuble de Le Corbusier a l'air seul sur la rondeur de sa colline ! 
Je n'ai rien à ajouter.
Ah si...

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