Je suis très heureux de vous annoncer la publication de mon nouvel article dans les cahiers de la maison de banlieue et de l'architecture intitulé les cartes postales des grands ensembles, un pittoresque de la modernité. J'y fais une analyse un peu didactique du rapport entre représentation des grands ensembles et un médium populaire : la carte postale.
Vous voyez un peu de quoi je parle puisque j'en parle depuis 2007...
On notera que ce numéro des cahiers contient aussi un excellent article de Catherine Roth, l'invention de la sarcelle, un mythe du grand ensemble, qui fait le point sur cette notion. Il y a beaucoup d'autres choses passionnantes à lire dans ce numéro.
Je vous conseille donc si l'architecture moderne et contemporaine vous intéresse, si la représentation de la Banlieue vous passionne et si la construction d'un patrimoine vous titille de vous procurer ce numéro !
Merci à l'équipe éditoriale pour cette nouvelle preuve de leur confiance, la dernière fois nous avions évoqué ensemble, l'œuvre de Claude Parent :
Pour fêter ça je vous donne trois nouvelles cartes postales de ma collection inédites ici. Il faut enfoncer le clou. Vous lirez mon article en regardant ces nouveautés !
Cette première carte postale est une édition Leconte qui nous montre la Cité Notre-Dame de Blanc-Mesnil. La carte n'est pas datée et ne fut pas expédiée, elle omet de donner le nom des architectes. Nous ne ferons pas mieux. On remarque que le photographe est monté dans l'une des barres pour prendre un peu de hauteur et que cela nous permette de bien comprendre comment les espaces vides et construits dialoguaient ensemble. On note que les jeux des enfants sont un peu jetés au hasard dans cet espace et que le bac à sable est bien utilisé. Il faut dépasser la première impression laissant croire à un lieu vide et bien regarder pour y voir un lieu vivant.
Cette carte postale pourrait être un archétype du genre. Le Hard French dans toute sa splendeur : une rigueur efficace. Nous sommes à Épinay-sur-Seine au dessus de la Cité d'Orgemont, rue de Marseille. Le correspondant au dos s'amuse à ajouter 33 pour préciser et nous indique : "où il y a une marque ce sont nos 2 fenêtres ; tu vois ?"
Voilà bien donc l'un des rôles des cartes postales, la possibilité dans une grille moderne de se situer, de se placer et de projeter chez le destinataire un commun du lieu. On notera la beauté du grand ordre de cette Cité. La carte postale est une édition Yvon. L'architecte en serait Daniel Michelin.
Pour finir, je vous propose cette étonnante carte postale Marco des Cités Niémen et Caravelles au Blanc-Mesnil. Ce qui nous étonne c'est bien le premier plan végétal. On pourrait le croire fabriquer sous les impulsions récentes d'un écologisme joyeux de la friche... Pourtant, ici, il s'agit sans doute d'un état intermédiaire du chantier d'aménagement des Cités, le photographe prenant ce premier plan pour végétaliser l'image et camoufler un parking un peu indigent pour lui. Le gris partout de cette photographie donne à ce morceau d'urbanisme une tonalité peu joyeuse et trompeuse. Il faut pour voir la Banlieue en couleur aller revoir Doisneau.
Trois cartes postales, trois niveaux de photographie : le sol, l'étage, l'avion. Trois cités qui se ressemblent, certes, depuis ces images en noir et blanc et qui, pourtant, pour les attentifs des grilles et du dessin proposent bien des variations qualitatives. La grille du Blanc-Mesnil est superbe dans son dessin. Il en va ainsi d'un certain ordre de la représentation, laissant croire à un ennui d'une fausse typologie. Il faut donc bien regarder, ne pas juger depuis notre histoire et nos clichés, savoir ajouter aux images ce qui n'y est pas et vivre ces images, non pas comme des partis-pris à rebours mais bien comme une urbanité des lieux.
Lisez-donc mon article.
Cahiers N° 29 de la maison de Banlieue et de l'architecture, Essonne et Grand Paris
Direction : Béatrix Goeneutte, Léa Vincelot-Segovia
Suivi éditorial : Marie-Claire Roux, Alain de Pommereau, Esther Montanès.
Merci ! jamais 2 sans 3...
15 euros.
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