lundi 21 mars 2022

Pareil pas pareil, le duo Maillard Ducamp

Il y a certainement quelque chose de fascinant à ce que l'édition de cartes postales rende compte de l'édition de l'architecture. En effet, comme nous le suivons sur ce blog avec les piscines Tournesol ou Caneton, certains objets architecturaux réalisés en série sont bel et bien diffusés en série par ce médium populaire. On croit donc souvent revoir une construction que nous connaissons déjà alors qu'il s'agit d'un même modèle construit ailleurs. La mémoire fait ainsi des bonds et il est curieux de se voir piégé d'un lieu à un autre. Et puis, il y a des architectes qui ont, pendant leur carrière, tenté de diffuser partout où cela était possible un système constructif et structurel permettant de répondre à chaque fois d'une manière similaire. Voir par exemple Michel Duplay.
C'est bien aussi le cas des architectes Maillard et Ducamp.
On peut s'en apercevoir d'une manière assez simple en prenant notre guide vénéré et en s'apercevant du nombre d'entrée dans ce seul guide : 9 ! Et Archires aussi nous donne plein d'entrées également, surtout des piscines d'ailleurs.
J'avoue aimer retrouver cette silhouette si particulière des piscines dessinées par le duo Maillard et Ducamp et de le reconnaître mais aussi, chaque fois, avoir un doute sur sa localisation, à cause justement de la multiplication de ce modèle.
Regardez :





Il est certain que cette écriture architecturale reste facilement identifiable et que depuis une simple carte postale on pourrait se penser devant la même piscine ! Or, nous sommes, dans l'ordre à Tournon, Montbard, Avallon, Orsay et Château du Loir !
Toutes des piscines donc ayant comme architectes Maillard et Ducamp et leur fameux et très beau système de construction en béton. Vous me direz que nous avons l'habitude de la préfabrication des piscines pendant cette période avec les Piscines Caneton ou Tournesol mais ici, loin de l'image de légèreté et d'atterrissage de ces modèles, nous avons une mise en œuvre du béton précontraint et d'un jeu très subtil et formellement réussi de points portants et de points d'extension. C'est d'une grande beauté et intelligence structurelles, celles du Brutalisme à la française, c'est à dire alliant d'abord une efficacité à une esthétique. 
Et ce travail fut largement édité et diffusé dans les revues de l'époque.
Par ordre d'apparition donc :

1 une édition Combier expédiée en 1970 qui nomme les architectes Maillard avec Ducamp-Roche pour cette piscine de Tournon. Difficile de savoir pourquoi ici le nom de Ducamp est associé à Roche. La jeune Véronique indique que le camping est très propre. C'est déjà ça. On admire le travail du photographe qui réussit, tout en étant proche, à nous faire voir à la fois le bassin extérieur et la façade superbe de la piscine. Admirons le travail du béton, la succession des courbes et des ouvertures.

2 une édition la Cigogne pour cette piscine de Montbard qui nomme bien les architectes Ducamp et Maillard (DPLG) et associe également les architectes Jouven et Phelouzat, également DPLG. Certainement les architectes qui ont suivi sur place la mise en ordre. Pas de date d'expédition ni de photographe. Comme la structure est ouverte en partie haute, on peut admirer la structure et le remplissage ici des espaces non plus par du béton mais par des briques.

3 une carte publiée par les Éditions Nivernaises qui nous montrent donc la piscine d'Avallon. Les architectes sont bien nommés, Maillard et Ducamp, la carte fut expédiée en 1970. Le photographe se place hors du terrain de la piscine, cadre donc d'un peu loin celle-ci. N'a-t-il pas eu l'autorisation de rentrer, n'avait-il pas pris son maillot ou bien a-t-il décidé d'installer la piscine dans son décor urbain ? On note, là aussi, un remplissage par la brique.

4 une édition Combier pour cette carte de la piscine d'Orsay. La carte nomme bien le duo Maillard et Ducamp et y ajoute Monsieur Hubert comme architecte d'opération. J'aime qu'il y ait si peu de monde dans son grand bassin, la couleur de l'eau et le store rouge vif lui donnent beaucoup d'allure aussi. On notera que la piscine est accessible par une immense rampe qui longe une bâtisse ancienne... C'est étrange cette rampe. Les huisseries en bois sont superbes. La carte ne fut pas expédiée ni datée et ne comporte pas de nom de photographe.

5 une édition Abeille-Cartes pour Lyna (écrivez-moi) nous montre donc la piscine de Château du Loir. La carte fut expédiée en 1976 mais la carte est plus ancienne sans doute. On note que, cette fois, les architectes sont oubliés mais que le photographe Monsieur Serge Henry est lui bien nommé. Aurait-il fait partie d'une équipe de la célèbre maison Lyna ? On note le peu de monde dans cette piscine ce qui fait rêver. L'architecture de Maillard et Ducamp se déploie le long du bassin, tranquillement. Une image d'un certain idéal.

Si, dans vos promenades, vous voyez une piscine Maillard-Ducamp dites-vous bien que vous avez en quelque sorte un don d'ubiquité architecturale. Ne nous reste qu'à trouver un jour une carte postale de l'intérieur pour compléter notre admiration de ce beau travail structurel.

Pour revoir toutes les piscines Tournesol ou Caneton (vous avez du boulot...) :


1 commentaire:

  1. les piscines de Montbard et de Chateau du Loir n'existent plus malheureusement...
    celle d'Orsay mériterait d'être rafraîchie !

    RépondreSupprimer