Les chiens ne font pas des chats et si je suis un collectionneur invétéré, mon frère Christophe tient bien de la famille !
Dans sa collecte effrénée de revues et de vieux papiers, il sait souvent me procurer des pépites dont j'ignorais même l'existence.
Alors que mes amis Pascal et Évelyne m'envoient une carte postale de leur visite estivale de la Cité Frugès à Pessac de Le Corbuiser, mon frère lui, m'apporte cette revue :
Et c'est bien rare !
Dès la couverture, on trouve le terme de machine à habiter !
La revue est datée de 1926. C'est une revue pour les femmes... C'est à dire pour les aider à rationaliser leur rôle supposé au sein du foyer. Tous les articles dans cette revue parlent de l'Art Ménager, de l'organisation de la maison, et tout est responsabilité féminine. Il est aisé aujourd'hui d'en rire ou de s'en offusquer mais si on regarde mieux, si on lit les articles, si on va un peu au-delà du climat de l'époque, on note un vrai et beau progressisme qui est l'objet de cette revue qui essaie de simplifier la vie domestique, si ce n'est de totalement s'en libérer (femme ou pas !)
La preuve de cette attitude très ouverte et moderne est bien cet article très complet de cinq pages très illustrées ! L'article est écrit par Paulette Bernège qui est la créatrice de cette revue et dont la fiche Wikipédia (oui) nous permet de bien saisir les désirs de modernité. Et son article sur la machine à habiter prouve cet enthousiasme dans la vie moderne ! (Elle travaillera même avec Marcel Gascoin). Il y a même en fin d'article un lyrisme certain, Paulette Bernège semblant trouver à la Cité Frugès de Pessac un exemple dont le rationalisme de l'architecture et du mode de vie comble son esprit. La journaliste laisse aussi la parole à Le Corbusier et le cite souvent, même plus loin dans la revue, hors de l'article, dans un bas de page !
On notera aussi la grande présence des photographies qui sont malheureusement peu créditées, sauf celle appartenant à la "Petite Gironde", ce qui indique qu'il y a eu là aussi un article. La photographie un peu floue aurait bien pu être prise du train par la journaliste. Mais il s'agit d'un vrai article, prenant position, soutenu par une iconographie forte et didactique et surtout émanant d'une personnalité attachante. Il s'agit d'un vrai document sur la réception de l'œuvre de Le Corbusier dans les milieux féminins et progressistes. Il faut donc le prendre en compte.
Je vais vous laisser le lire.
Voici la carte postale envoyée par mes amis. Il s'agit d'une édition récente reprenant un cliché de la Fondation Le Corbusier. La carte postale nous précise qu'il s'agit d'une "maison isolée bombardée". Cela reste mystérieux. Aurait-elle disparu ? On devine derrière la maison la voie de chemin de fer par laquelle Madame Bernège découvre la Cité Frugès. On comprend alors son émotion et son étonnement devant autant de beauté bien ordonnée. On notera que, pour l'instant, je n'ai toujours pas trouvé de cartes postales éditées à l'époque de la réception de cette Cité Frugès, ce qui reste étonnant, vu l'impact de sa construction et son originalité et vu aussi le nombre d'habitants. Sans doute que son histoire un peu mouvementée est à l'origine de ce manque. Mais soyons attentifs, il me tombera bien dans les mains, un jour, une carte postale.
Vous pouvez relire cet article :
https://archipostalecarte.blogspot.com/2016/09/le-corbusier-en-carton.html
Parce que je découvre ce texte hier en lisant le passionnant livre* de Anne Lambrichs sur Joseph Vago, je ne peux m'empêcher de vous le donner à lire ! Vous verrez que cette notion de machine à habiter y est perçue avec un humour teinté de sarcasme que Joseph Vago sait distiller tranquillement. D'ailleurs nous reviendrons sur Joseph Vago et son regard sur Corbu. C'est rafraichissant...
Me reste à remercier très vivement Pascal et Évelyne Jahouel pour ce bel envoi et je remercie mon frère Christophe pour ses trouvailles si généreusement partagées.
Bonne lecture.
(cet article aura surement comme fonction également d'équilibrer un peu le précédent :-)
* Joseph Vago, un architecte hongrois dans la tourmente européenne
Anne Lambrichs
AAM éditions, 2003
Dans sa collecte effrénée de revues et de vieux papiers, il sait souvent me procurer des pépites dont j'ignorais même l'existence.
Alors que mes amis Pascal et Évelyne m'envoient une carte postale de leur visite estivale de la Cité Frugès à Pessac de Le Corbuiser, mon frère lui, m'apporte cette revue :
Et c'est bien rare !
Dès la couverture, on trouve le terme de machine à habiter !
La revue est datée de 1926. C'est une revue pour les femmes... C'est à dire pour les aider à rationaliser leur rôle supposé au sein du foyer. Tous les articles dans cette revue parlent de l'Art Ménager, de l'organisation de la maison, et tout est responsabilité féminine. Il est aisé aujourd'hui d'en rire ou de s'en offusquer mais si on regarde mieux, si on lit les articles, si on va un peu au-delà du climat de l'époque, on note un vrai et beau progressisme qui est l'objet de cette revue qui essaie de simplifier la vie domestique, si ce n'est de totalement s'en libérer (femme ou pas !)
La preuve de cette attitude très ouverte et moderne est bien cet article très complet de cinq pages très illustrées ! L'article est écrit par Paulette Bernège qui est la créatrice de cette revue et dont la fiche Wikipédia (oui) nous permet de bien saisir les désirs de modernité. Et son article sur la machine à habiter prouve cet enthousiasme dans la vie moderne ! (Elle travaillera même avec Marcel Gascoin). Il y a même en fin d'article un lyrisme certain, Paulette Bernège semblant trouver à la Cité Frugès de Pessac un exemple dont le rationalisme de l'architecture et du mode de vie comble son esprit. La journaliste laisse aussi la parole à Le Corbusier et le cite souvent, même plus loin dans la revue, hors de l'article, dans un bas de page !
On notera aussi la grande présence des photographies qui sont malheureusement peu créditées, sauf celle appartenant à la "Petite Gironde", ce qui indique qu'il y a eu là aussi un article. La photographie un peu floue aurait bien pu être prise du train par la journaliste. Mais il s'agit d'un vrai article, prenant position, soutenu par une iconographie forte et didactique et surtout émanant d'une personnalité attachante. Il s'agit d'un vrai document sur la réception de l'œuvre de Le Corbusier dans les milieux féminins et progressistes. Il faut donc le prendre en compte.
Je vais vous laisser le lire.
Voici la carte postale envoyée par mes amis. Il s'agit d'une édition récente reprenant un cliché de la Fondation Le Corbusier. La carte postale nous précise qu'il s'agit d'une "maison isolée bombardée". Cela reste mystérieux. Aurait-elle disparu ? On devine derrière la maison la voie de chemin de fer par laquelle Madame Bernège découvre la Cité Frugès. On comprend alors son émotion et son étonnement devant autant de beauté bien ordonnée. On notera que, pour l'instant, je n'ai toujours pas trouvé de cartes postales éditées à l'époque de la réception de cette Cité Frugès, ce qui reste étonnant, vu l'impact de sa construction et son originalité et vu aussi le nombre d'habitants. Sans doute que son histoire un peu mouvementée est à l'origine de ce manque. Mais soyons attentifs, il me tombera bien dans les mains, un jour, une carte postale.
Vous pouvez relire cet article :
https://archipostalecarte.blogspot.com/2016/09/le-corbusier-en-carton.html
Parce que je découvre ce texte hier en lisant le passionnant livre* de Anne Lambrichs sur Joseph Vago, je ne peux m'empêcher de vous le donner à lire ! Vous verrez que cette notion de machine à habiter y est perçue avec un humour teinté de sarcasme que Joseph Vago sait distiller tranquillement. D'ailleurs nous reviendrons sur Joseph Vago et son regard sur Corbu. C'est rafraichissant...
Me reste à remercier très vivement Pascal et Évelyne Jahouel pour ce bel envoi et je remercie mon frère Christophe pour ses trouvailles si généreusement partagées.
Bonne lecture.
(cet article aura surement comme fonction également d'équilibrer un peu le précédent :-)
* Joseph Vago, un architecte hongrois dans la tourmente européenne
Anne Lambrichs
AAM éditions, 2003
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