Voilà une carte postale plus ancienne que ce que nous voyons d'habitude sur ce blog :
Et alors ? N'avons-nous pas tout autant de plaisir à regarder cette belle édition et cette belle architecture ? Et puis, pour une fois, tout est dit sur la photographie : Chapelle de l'École de la Colombière, Chalon-sur-Saône, architectes... oui... A. et G. Perret, manque le nom du photographe qui pourrait bien être le même que celui de l'éditeur : P. Bourgeois, Paris.
Les Perret, nous avons plus l'habitude de les regarder, et surtout Auguste, sur les cartes postales du Havre, mais là, nous sommes bien avant, en 1928, devant cette modeste mais bien représentative architecture des Perret. Tout le vocabulaire rappelle en effet celui du Raincy. Et c'est tant mieux.
Je regarde cette photographie et je trouve sur ce site un dessin en perspective de cette chapelle. Même point de vue, même distance à l'objet architectural...
Comme si, finalement, la représentation du projet avant son exécution trouvait une parfaite corrélation avec la réalité photographiée à la fin du chantier. Cette superposition du point de vue, son accord parfait me laissent perplexe. Peut-on à ce point (oui...) peut-on à ce point faire coller la projection en perspective au réel rêvé, ne pourrions-nous avoir avec une construction qu'un seul et unique point de représentation ? Il va sans dire que je n'imagine pas le photographe de cette carte postale ayant à son côté le dessin des architectes pour caler sur le dépoli de sa chambre, à l'exact, l'image retournée de la chapelle. Peut-être que l'un des Frères Perret surveille le photographe...
Il y a donc un accord parfait (comme en musique) permettant par l'écrasement d'une dimension de donner la chance à la volumétrie d'offrir au mieux la vérité de son expression. Sur l'angle, en face, à quelques mètres en arrière, laisser fuir les lignes vers la hauteur de l'œil pour que deux des façades et leurs ombres puissent offrir la chance du saisissement de l'emboitage des formes. Soyons affirmatifs : un subconscient du point de vue ou mieux, une culture de l'image. On notera que cette distance ne laisse que peu de place à la contextualisation de la réalisation dont seuls quelques branchages et le début d'un mur à droite permettent de saisir son emplacement. Le photographe choisit une lumière venant du haut, surlignant peu les lignes du dessin, et ne laissant à l'ombre d'une branche d'arbre qu'une timidité peu opérante. C'est là le summum de la définition possible pour la lecture de l'architecture, comme si cette méthode photographique devait surtout laisser l'architecture raconter seule ses spécificités. On notera que le procédé d'impression en héliogravure et encrage brun foncé accentuent aussi ce séchage des lignes, on dira, leur piqué.
Sinon, c'est du Perret. Béton beau, claustras rappelant les clôtures préfabriquées que l'on trouve encore dans nos campagnes et dont l'artiste Boris Chouvellon avait fait l'heureux rapprochement, volumétrie franche un peu ici comme une villa cossue palladienne de bord de mer, rythmicité et subtilité des raccords. On ira voir que cette chapelle aujourd'hui est abandonnée, qu'elle pourrit un peu, tranquillement, à l'abri des regards. C'est la France. On a l'habitude.
Le travail datant de 2012 de Boris Chouvellon vu dans une très belle exposition à Calais en 2014, la pièce s'appelle Style Reconstruction-la Tour et elle est constituée d'éléments de clôture en béton vibré. On regrettera le socle en sable.
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