mercredi 13 avril 2016

Aller de Montpellier à la Grande Motte

D'abord la carte postale :



Nous sommes à Montpellier.
Oui, nous aurions pu en rester là tant cette carte postale des éditions Yvon est belle.
On aimera la gestion du premier plan nous permettant de toucher un premier immeuble puis comment, dans une carte postale pourtant horizontale, vient se placer la Tour Saint-Martin dont l'éditeur nous dit que l'architecte serait Arnihac. Le noir est blanc est superbe, le blanc du ciel surtout qui donne la chance à cette Tour Saint-Marin de livrer toutes les qualités de sa modénature faisant vibrer ombres, creux, et alternance des ouvertures et des garde-corps des balcons qui tournent sur les angles. Une bien belle tour, bien marquée par son époque mais pas anonyme offrant une grandeur et une ambition constructives dont les façades doivent sans doute raconter un agencement des plans des étages complexes et bien étudiés.






N'avez-vous pas comme moi, la sensation qu'il s'agit de plusieurs blocs réunis ensemble ?
On pourra aussi regarder comment le dégagement du sol offert par la montée en hauteur des logements offre un espace vide bien vite rempli par... un parking...
Je cherche qui est cet architecte Arnihac et je tombe (merci PSS) sur deux architectes ayant travaillé à la Grande Motte, donc dans la même région ! Jacques et Philippe Arnhiac auraient construit sous le patronage de Jean Balladur deux très beaux bâtiments de la Grande Motte, son Hôtel de Ville et la belle pyramide les Argonautes. Le site PSS hésite aussi sur l'orthographe car parfois nous avons Arnihac et parfois Arnhiac ! Il s'agit bien de Arnhiac si on en croit la solide base Archiwebture...
Une fois encore, on remarque ce flottement sur les orthographes des architectes par les éditeurs de cartes postales, il faut donc toujours être prudent sur les attributions de leur part.
Bref... Messieurs Arnhiac ! Bien le bonjour !
Car il ne fait aucun doute (hummm....) qu'il s'agit des mêmes architectes. Reste à savoir comment ceux-ci se retrouvèrent à travailler avec Jean Balladur, comment ils furent recrutés pour ce chantier de la Grande Motte et pour quelle part précise, entre celle de Balladur et la leur, ils purent être de vrais architectes des constructions de cette ville.
On notera avec étonnement que Jean Balladur dans son ouvrage La Grande Motte, L'architecture en fête ou la naissance d'une ville ne nomme absolument pas ces architectes !
On notera aussi l'absence des Arnhiac dans le livre L'aventure du balnéaire par Claude Prelorenzo et Antoine Pivon qui, même, laissent toute la place pour l'Hôtel de Ville à sa conception par Balladur (page 131). Claude Thibault n'y fait pas non plus référence dans son L'aventure de la Grande Motte ! On s'amuse du mot aventure utilisé si fréquemment !
Enfin, une fois encore, la carte postale permet de vivre un moment de l'histoire de l'architecture, de saisir que certains architectes vivent des expériences diverses dans leur carrière et que les petits noms de cette histoire récente de l'architecture sont visibles grâce à ce mode d'édition.
Comment ne pas être certain alors de l'importance de ce fonds iconographique pour la construction d'une histoire plus juste et plus précise surtout si on prend la peine de les regarder non pas pour ce que l'on voudrait leur faire dire mais pour ce qu'elles sont... À bon entendeur...

Voyons, par exemple, cette carte postale des édition MAR qui nous montre la Place du 1er Octobre 1974 et qui nomme aussi la Grande Motte, la ville de l'an 2000 :



Nous y voyons parfaitement cet Hôtel de Ville pour lequel les architectes Arnhiac auraient travaillé avec Jean Balladur mais on y voit aussi l'ensemble de l'espace public et comment il fut dessiné. On remarque le beau labyrinthe sur le sol, la fontaine ou encore le design surprenant des éclairages publics. Au loin, l'église.
Tout cela est l'héritage de Jean Balladur et de son équipe, c'est TOUT CELA qui fait la Grande Motte. Il serait bien à l'avenir, maintenant en fait, que les responsables municipaux de ce patrimoine y portent une attention particulière car, un ensemble urbain tel que la Grande Motte ne peut se résumer à quelques immeubles-phares isolés de leur contexte. TOUT y fait ŒUVRE !
La hauteur d'un trottoir, la couleur d'un pavage, l'orientation d'un banc, le choix de végétaux !
Donc le respect de ce travail doit passer par une éducation à l'architecture mais plus largement au tissu urbain. Il est de la responsabilité des élus de faire ce travail, il est de la responsabilité des institutions patrimoniales de le défendre.
Une fois encore, la carte postale permet d'en lire parfaitement l'infini des détails, d'en donner un aperçu documentaire qui ne saurait être remis en cause sous de banales envies de le prendre pour un document pris par des enjeux d'images qui lui sont bien étrangers et surtout aveuglés.
Oui, l'eau de la fontaine, poussée par le vent, vient donner une autre couleur aux pavés de la place, oui les enfants y font du patin à roulette, oui des dames peu nombreuses s'y assoient, oui la minéralité rafraîchie de l'espace public est désirée par l'équipe de Jean Balladur.
Merci aux images de me permettre de m'y promener, de le vivre.



2 commentaires:

  1. daniel leclercq urbaniste opqu13 avril 2016 à 15:35

    SELON MES PROPRES RECHERCHES, page 91 de mon livre : L'aventure du baln2aire PORT-GRUISSAN...:...UNE EQUIPE A GEOMETRIE VARIABLE
    Si la plupart des revues spécialisées de l’époque (1963 /1970) listent la même équipe de base, d’autres sources leurs adjoignent de nouveaux confrères.
    Ainsi : « […] identification de chaque unité d’aménagement non seulement au niveau du plan-masse, mais aussi d’apparence extérieure générale grâce à la désignation d’un architecte en chef (souvent prestigieux : G. Candilis, J. Balladur, J. Le Couteur, L. Arretche, M. Breuer, X. Arsène-Henry, etc.) chargé de superviser les divers programmes de détails. »
    « Station d’Agde, Jean Le Couteur, architecte en chef, collaborateur Denis Sloan.
    Station de Carnon, René Gagès, architecte en chef.
    Station de Balaruc-les-Bains, André Gomis, architecte en chef.
    Station de Saint-Cyprien, Eugène Beaudouin et Joachim Gérard architectes en chef. »
    « Projet d’aménagement touristique du littoral Languedoc-Roussillon, France. Agence d’Urbanisme : Candilis président, Balladur secrétaire, Herbé(+), Castella, Glaize (Gleize, note de l’auteur), Hartané, Laffite, Le Couteur, Lods, Mauret »
    « Unité touristique du bassin de Thau, Jean Le Couteur architecte en chef, D. Sloan et F. Lopez collaborateurs ;
    Centre d’équipement balnéaire pour le littoral du Languedoc-Roussillon, G. Candilis, A. Josic, S. Woods et R. Suzuki architectes. »

    RépondreSupprimer
  2. Jacques ARNIHAC architecte apparait pour 1980 CENTRE DE TENNIS, rue Saint Louis ; 1982 pour la mairie, place du 1 octobre 1974 avec J. Balladur, Paul Geneste, Pierre Deneuze...En 1982 pour CENTRE NAUTIQUE Esplanade Jean Baumel...SELON REFERENCES DU LIVRE DE GILLES RAGOT LA GRANDE MOTTE PARU EN JUIN 2016...

    RépondreSupprimer