Il est une chose toujours réjouissante, c'est de tomber dans la masse des documents sur un élément familier qui pointe sur vos horizons depuis toujours et d'y reconnaître un travail d'architecture, une attention, une beauté que l'intuition vous avait déjà signalées.
C'est le cas avec l'immeuble du Groupe Ancienne Mutuelle aujourd'hui immeuble d'une maison d'assurances dont je ne dirai rien.
J'avais mis de côté dans mes classeurs "boring postcard" les trois cartes postales que vous allez voir à une époque où sans doute, Martin Parr était bien trop influent dans mon goût pour l'architecture. Puis j'avais trouvé dans des revues quelques compte-rendus qui me firent re-voir mon jugement. Vous connaissez bien cela si vous êtes un fidèle : c'est l'histoire de mon retournement. Alors, regardons cet ensemble superbe et fièrement posé sur le bord de la colline dominant la Seine et laissant, de-ci de-là dépasser sa tour de la frondaison de la forêt. J'aime la voir et la saluer sur la route comme une vieille copine.
Les cartes postales :
Toutes trois éditées par Ellebe, elles nous permettent de faire un zoom sur la construction. D'abord comme surgissant dans le paysage, comme découverte au fond du bois, nous voici perdus en pleine nature découvrant au loin le Groupe Ancienne Mutuelle. Il faut dire qu'étrangement, cette vue qui pourrait paraître très composée est presque la manière naturelle que l'on a de la voir surgir dans le paysage. On admirera la qualité incroyable du tirage photographique pour cette vue et celles qui suivent.
La deuxième nous place sur la bande de gazon du jardin du Parc pour lire la belle courbe de l'immeuble et sa tour qui dépasse. La façade est superbe, le gris doux fait son effet, le ciel égal aussi. Merci les Becher de nous permettre, à rebours, d'aimer cette typologie photographique comme disent les grands critiques. J'aime tout particulièrement comment les petites bornes pointent d'un blanc dur le premier plan.
La troisième nous rapproche et ose un beau point de vue. Contraste du socle blanc, transparence du mur, opposition délicate des courbes et des verticales, léger flou irradiant, tout cela fait une très belle et objective photographie. Ode au mur rideau.
Dans la somptueuse revue Architecture de Lumière, on trouve dans le numéro 18 un reportage tout en couleurs sur cet immeuble. Je vous en donne quelques images, photographies de J-P. Bonal. On y apprend par la même occasion le nom de l'architecte oublié de l'éditeur de carte postale : J. Roux Spitz. On y apprend aussi que la façade est faite de vitrage " Polyglass Parsol" et que les allèges sont en glace émaillée trempée "Emalit". N'oublions pas que la revue est commanditée par St-Gobain...
On apprend aussi que pour réduire son impact dans le paysage, l'ensemble fut installé dans une cuvette creusée exprès pour réduire sa hauteur...
On retrouve pour la première photographie, le point de vue identique de la carte postale :
Dans la revue Techniques et Architecture de mars 1970, on trouve également un long article. Cela nous permet de préciser les architectes messieurs J. Roux Spitz, Le Corsu, Vermer, les collaborateurs messieurs Besançon, Husson, El Mahallawi, et l'ingénieur conseil Monsieur Valbur. La revue ne nous donne pas le nom du photographe. On s'amusera de la faute d'orthographe sur Belbeuf écrit BelbOeuf...
C'est courant comme pour Elbeuf. On peut aussi voir des similitudes de points de vue là également, ce qui prouve bien qu'une construction dirige aussi le regard et oblige souvent à faire son portrait sur ses indications.
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