Il y a toujours une sorte de jubilation étrange à la vue des cartes postales de maquettes d'architecture. Une sorte de mystère sur leur fonction et sur la forme si ce n'est utopique au moins espérée d'une réalisation possible.
À rebours, la carte postale de maquette semble indépendante, libre de sa réalisation, objet autonome offrant une esthétique fictionnelle et narrative. On n'est jamais certain du passage à l'acte...
Nous avons suivi avec beaucoup de bonheur cette histoire des maquettes avec Royan par exemple, ici je vous propose de voir Laxou :
Si je ne vous avais pas donné la localisation, vous auriez bien pu placer ce projet dans un nombre incalculable de lieux tant le type de représentation et le dessin urbain et architectural sont à l'identique de nombreux grands ensembles. On pourrait presque parler d'archétype.
Des barres, des tours, des espaces verts avec leurs chemins tout tracés, les services à leur place, un certain ordre certainement d'ailleurs bien étudié pour la circulation de l'air, de la lumière et... des automobiles, tout cela forme donc un projet de cité : la Cité des Provinces à Laxou. On peut aussi y lire une très grande clarté du plan, un espace très ouvert, un ordonnancement laissant les ombres tourner sans se croiser, un sens de la vue dégagée et de l'horizon dessiné.
Mais ce qui me séduit aussi, c'est comment la maquette flotte entre deux nappes de gris, un foncé et un clair, comment tout cela est indépendant du reste de la ville, comment tout cela se suffit à lui-même, net, propre, comme une île triangulaire que rien ne semble rattacher au monde : une autonomie.
Quelle était donc la fonction éditoriale d'une telle carte postale ?
Retournons-la.
Au dos figurent de nombreuses informations comme le lieu, Paroisse Saint Paul, Cité des Provinces, Laxou. On y trouve aussi le nom de la Société d'H.L.M de l'Est et le nom de l'architecte : M. Pierre Mazerand. Puis figure une petite notation : À l'emplacement de la Croix, notre future église.
Nous y sommes.
Il s'agit bien là encore d'une carte postale de souscription certainement éditée pour récolter des fonds ou au moins informer du futur de la Paroisse. On voit bien, en effet, sur un terrain dégagé, une croix posée sur le plan.
L'église de la Cité des Provinces si vous êtes des fidèles de ce blog, vous la connaissez déjà. Nous en avons vu une maquette et une vue de l'intérieur en... 2009 déjà !
Mais en voici une carte postale encore inédite sur ce blog :
La carte postale La Cigogne nous montre un superbe bâtiment tout en triangles, dynamique, pointu, presque mouvant, en tout cas audacieux dans ses formes et contrastant fortement avec les logements. On aimera aussi tout particulièrement le dessin du fronton de béton gris sculpté de bas-reliefs. Monsieur Mazerand a fait là un superbe geste, pour une église d'un grand ensemble et c'est bien dommage que nous n'ayons pas d'autres informations sur cet architecte. Il faut faire de l'église Saint-Paul, un événement urbain, presque une sculpture qui donnera au quartier une sorte de signe puissant et clair : un repère.
Au dos de la carte postale, on trouve bien le nom de Pierre Mazerand comme architecte mais aussi celui de J. Guerrey.
Comme je sais que vous aimez bien les beaux intérieurs d'églises photographiés avec modestie par des photographes n'ayant d'autre principe que celui d'un regard partagé et ne se prenant pas pour des inventeurs que sont, eux, vraiment, les photographes de cartes postales, je vous redonne à voir la carte postale La Cigogne :
Toujours et encore, admirons l'incroyable structure métallique, son superbe dessin qui laisse des ouvertures pour la lumière. Comment devant ce réseau de lignes, cette toile d'araignée légère, ne pas être admiratif du travail d'architectes trop peu connus et d'un photographe qui reste anonyme.
Sachons les remercier.
L’ex-église Saint-Paul, construite en 1963, est devenue l’espace Europe, une salle qui accueille des spectacles, des conférences, des projections cinématographiques…
RépondreSupprimerL’architecte Claude Yves Mazerand aussi avec Olivier Debré le peintre, construit l’église DE NOTRE DAME DE LA SOURCE à Compiègne en 1997