samedi 31 mai 2014

Tous les ponts sont dans la nature



Ce titre de livre devrait vous en rappeler un autre, Toutes les maisons sont dans la nature, et c'est normal puisqu'il s'agit du même auteur, Didier Cornille, et du même éditeur Hélium.
Quelle bonne nouvelle que la sortie de ce nouvel ouvrage !
Dans la même qualité graphique que le premier, avec ce dessin fin, précis et même concis, Didier Cornille, cette fois nous emmène sur des objets architecturaux alliant technicité pointue et beauté plastique : le pont.
L'auteur réussit en quelques mots à dire l'exploit technique, à l'expliquer de manière claire et son dessin vient soutenir cette approche, certes au départ pour les enfants, mais qui est bien utile aussi pour les adultes à saisir comment tout cela tient debout !
Le livre d'un format allongé nous présente donc sur 76 pages un panorama historique de ce type d'objets avec à chaque fois une démonstration de leurs secrets de fabrication. Il faut le dire encore, le dessin de Didier Cornille est parfait pour une lecture éclairée car il donne à voir par une synthèse colorée et joyeuse les éléments importants des enjeux techniques.
La poésie, comme pour l'ouvrage précédent, est au rendez-vous.
Un livre indispensable pour vos enfants, un livre indispensables pour nous, amateurs de belles architectures et de dessins.
Souhaitons à cet ouvrage le même succès qu'au précédent qui est maintenant ré-édité et publié en plusieurs langues ! Bravo Didier !

Tous les ponts sont dans la nature
Didier Cornille
Hélium éditions



























Nous en profitons pour regarder quelques cartes postales qui donnent à voir également de beaux ponts. Certains sont dans l'ouvrage de Didier Cornille, d'autres pas. Tous les ponts ne sont pas dans la nature des cartes postales ! Mais ils sont nombreux et la carte postale a toujours rendu compte de l'avancée technique de ces ouvrages et le pont forme à lui seul un sujet de collection dans le monde de la cartophilie. On les aime pour leur forme, leurs exploits techniques mais aussi pour l'inscription dans le paysage. Les éditeurs nous informent souvent au verso de leur hauteur, leur longueur etc. mais oublient souvent le nom des architectes ou des ingénieurs !
Une fois encore, nous verrons que le travail photographique produit par ces éditeurs est d'une grande qualité. Il faut montrer l'objet, faire sentir son ampleur et son jeu avec le paysage. Le cadrage est donc primordial pour parler de cet objet architectural.
On verra donc de beaux ponts mais aussi de belles photographies, des représentations intelligentes de l'architecture.
On commence ?



Le Viaduc de la Caille par les éditions Neydens est cadré pour nous montrer en même temps le nouveau et l'ancien pont que l'on devine au fond. Quelle image ! Nous la devons au photographe Ch. Brand. Au dos l'éditeur nous indique qu'il s'agit du plus grand arc du monde en béton non armé avec une portée de 140. La profondeur du ravin est de 146 m. L'entreprise qui le mit en œuvre fut la Compagnie Lyonnaise de Travaux d'Art et l'ingénieur serait Albert Caquot.


N'est-ce pas là également une belle photographie ?
Nous sommes cette fois en Allemagne, à Mainz am Rhein, sous le pont métallique qui déroule son arche incroyable. On admirera comment le photographe des éditions Johs. Schillings place la ville au loin dans un gris très doux qui vient jouer admirablement avec la complexité contrastée de la structure. On trouve ici des informations complémentaires.


Avez-vous comme moi le vertige ?
Nous ne connaissons pas le nom du photographe des éditions La Cigogne qui a dû monter bien haut et se pencher au-dessus du vide pour faire cette image incroyable du Pont de Tancarville ! On nous informe sur la longueur totale de 1410m, la travée centrale fait 608m, la hauteur du tablier au-dessus des eaux est de 50m et la charge maxima sur la travée centrale est de 3600 tonnes. On aimera l'ombre très dessinée à droite donc le soleil est à l'ouest, nous sommes donc l'après-midi. On notera que le pont de Tancarville est ici saisi alors qu'il est en construction ce qui prouve le désir d'images et les visites touristiques du chantier. Un tampon au dos prouve d'ailleurs l'achat de l'image sur place.




D'une échelle moindre mais d'un très beau dessin que l'on reconnaît bien, voici donc le pont de Vernéjoux à Bort-les-Orgues. On y voit deux arcs sur lesquels est suspendu un tablier comme dans le procédé de Freyssinet. On connaît bien ce type que chacun a pu croiser sur sa route. L'éditeur ne nous donne aucune information technique... c'est rare !



Ici nous sommes bien devant un pont de Freyssinet, nous sommes devant le pont Saint-Michel à Toulouse. L'éditeur Iris ne le nomme pas mais cette carte postale nous prouve bien que les ponts ont toujours été saisis par les éditeurs. Ici c'est Théojac qui nous régale et le point rouge du camion citerne vient bien réveiller cette image qui nous permet d'admirer le très beau dessin des piles du pont. Sur ce site très complet, on apprend que ce pont Saint Michel fut construit entre 1956 et 1962 et qu'il fut coulé sur place à la place du pont métallique.



Et voici le pont Edgar Cardoso à Figueira da Foz au Portugal. J'aime tout particulièrement le très élégant dessin de ses piliers et leur légèreté. Ce pont porte le nom de son architecte-ingénieur qui était un très grand spécialiste des ponts et dont l'œuvre est spectaculaire. La carte postale ne nous donne aucune information. Il est donc conseillé d'aller sur ce site.



Ce qui est évidemment spectaculaire dans cette carte postale, c'est bien la manière dont le viaduc vient se placer au milieu de la ville. On a l'impression qu'il est venu se glisser au milieu des maisons ! Et quelle différence d'échelle entre ce beau monstre de béton et les habitations de Rive-De-Gier !
L'éditeur Baure a su construire une image étonnante et forte de ce bel objet datant de 1964. Une image incroyable de sa construction est visible sur internet. C'est euh... superbe...
le Comité de Vigilance Brutaliste ne peut qu'aimer ce type si particulier d'intégration dans le paysage.





Nous voici à Choisy-le-Roi devant ce pont qui m'avait, là aussi, séduit pour le dessin étrange de ses piles et la rudesse de ses proportions. Ce pont figure d'ailleurs dans l'ouvrage de Didier Cornille qui l'attribue à Jean Muller, disciple de Freyssinet en 1962. Chose rare, le pont est repris par l'oblitération du timbre. La carte postale est une édition de la formidable maison Raymon. On trouve dans le superbe et rare ouvrage 1966 Structures précontraintes des images de ce pont de Choisy-le-Roi en construction !















Le pont de Villefort est aussi très beau dans la simplicité apparente de son dessin. Mais ce que ne montre plus la carte postale c'est la hauteur de ce pont puisque l'eau du barrage en montant a caché de fait cette hauteur ! Heureusement, une fois encore, l'ouvrage cité plus haut nous donne une belle image de ce pont vertigineux mais sous l'eau ! On aimera tout de même dans cette carte postale l'aridité du béton contre celle de la roche. Là aussi la la géométrie parfaite s'associe à la tectonique pour fonder une superbe image.







Une peu de local !
Le pont de Brotonne reste dans ma région un objet d'une extrême élégance. Ici, il est présenté par une carte postale promotionnelle dont... je ne comprends pas très bien les enjeux !
Mais qu'importe ! Saluons ce dessin de deux voiles faites de beaux triangles de haubans en tension retenant dans le vide une courbe subtile. Proportion, contraste entre le tablier et l'haubanage font de ce pont de Brotonne (un peu inutile maintenant que le pont de Normandie son très grand frère, est venu sur l'estuaire de la Seine) un des beaux objets techniques de notre région. Je me souviens de l'événement que fut son inauguration et de notre visite familiale pour aller le voir !



Et par jeu, je vous donne en dernier le premier pont dessiné dans l'ouvrage de Didier Cornille, le pont en Fonte de Coalbrookdale par Thomas Farnolls Protchard. Ce pont date de... 1779 ! Et il reste d'une finesse et d'une élégance là aussi toute particulière. La carte postale nous permet même de bien voir le beau détail des jonctions des pièces métalliques.

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