mercredi 27 août 2025

Petite suite post-moderne (et théâtrale) à classer d'urgence

 Dans l'histoire de mes engagements architecturaux, j'ai longtemps mis des limites de coeur et d'esprit, dans un désir de pureté toujours signe d'une radicalité que seule la jeunesse peut expliquer et excuser.

Et puis...

Il y a vingt ans, au début de ce blog, jamais je n'aurai fait un article sur l'architecture historiciste ou post-moderne ou alors pour m'en moquer. Il faut dire que le Brutalisme et le Hard-French occupaient déjà bien la place de mon esprit combatif pour la reconnaissance d'un Patrimoine mal aimé et que, aujourd'hui, même si je relativise encore beaucoup le sens de cette autre architecture, il m'arrive maintenant de comprendre un peu mieux son goût du délire psychopathique, surréaliste, gesticulant de signes et d'humour aussi, ce qui, chez moi, sauve beaucoup de choses. 

Et puis...

Et puis la jeunesse pousse un peu et ce qui faisait une certaine originalité de position de ma part il y a longtemps je dois bien le supporter des jeunes d'aujourd'hui qui, eux, se baignent dans les lumières moulées de béton d'un Ricardo Bofill ou d'un Nunez-Yanowski sans remord, sans crainte, un peu comme maintenant on se baigne dans la Seine à Paris. Il y a bien un peu de caca dans l'eau mais pas suffisamment pour que le désir de baignade ne soit pas satisfait. Il faut donc plonger dans toute l'Histoire de l'Architecture. Je veux plonger maintenant avec cette jeunesse amusée de l'histoire récente de l'Architecture.

Et puis...

Dans le rangement et la recherche de cartes pour un projet sur Nantes d'une exposition sur Jean Prouvé, je fouille mon Fonds et je trouve cette carte postale un peu perdue, mal rangée et qui me fit sourire immédiatement :




Vous allez rire mais au premier regard sur cette carte postale mon esprit y à coller le travail de Roland Castro à Angoulème et on verra que finalement il y a un lien très tenu. Mais non bien entendu, il ne s'agit pas de Castro qui use, lui, d'autres références. Nous sommes à Miramas et il s'agit d'une carte postale des éditions Anatome affranchie en 1987 qui nous montre le Théâtre "La Colonne". On le dit de suite : cette carte est vraiment très mal imprimée, d'une qualité douteuse et ne permet pas de bien lire ce qui s'y passe. Pourtant, il y a longtemps, j'ai bien décidé de l'acheter, sans doute d'ailleurs touché par cette qualité fragile qui lui donne aussi un aspect un rien usée, fatiguée, un peu comme les cartes pauvres des pays de l'Est. Et voilà que je me vois décidé aujourd'hui à la prendre en compte, à la sortir du lot, à me voir faire des recherches sur cet espace sans bien comprendre pourquoi c'est maintenant que cette urgence se déclenche chez moi. Je trouve facilement le nom de l'architecte : Jean-Jacques Morisseau. J'avoue découvrir ce nom et son travail que je n'avais jusqu'à ce jour jamais entendu. Et pourtant, il y a là une vraie oeuvre. Le moins que l'on puisse dire c'est que, au moins pour ce théâtre, Monsieur Morisseau est totalement pris par cette école Post-Moderne, entre donc un Ricardo Boffil ou le Groupe Site, jouant de tous les vocabulaires, jouant au fantastique joyeux, ménageant surprise des matériaux et des espaces, construisant à la fois un décor avec humour mais fabriquant un vrai lieu, un espace qui raconte quelque chose de l'imaginaire, du décor, de la mise en scène. Il y a même des colonnes qui montent un escalier...C'est Piranèse ou de Chirico si on veut. On pourrait trouver à toutes cette gesticulation une vanité mais j'avoue que maintenant je me laisse volontiers prendre à ce mouvement baroque, au désir d'une architecture qui gueule sa présence, qui demande avidement qu'on la regarde. Aujourd'hui, une architecture-piège (tableau -piège) que l'on dirait instagramable. Je m'excuse pour ce néologisme atroce. J'adorerais aller la voir, jouer avec mon appareil photographique et je dois pour l'instant me contenter de la Google Car qui fait tout de même bien le travail.

Mais je découvre que Jean-Jacques Morisseau a aussi produit un lycée à Angoulème ce qui explique peut-être un peu mon collage évoqué plus haut. Mais Comment je n'ai pas eu l'intelligence de profiter de mon séjour à Angoulème pour aller visiter ce pur délire architectural ! Mon ami Frédéric Lefever me fera y revenir. Le Lycée de l'Image et du Son est vraiment incroyable ! On a envie d'y aller voir ! Existe-il une carte postale de ce lycée ?

Bien entendu la question qu'il faut poser ici c'est la Patrimonialisation de ce genre d'architecture. De telles constructions mériteraient un classement immédiat tant elles sont représentatives de cette école architecturale finalement assez rares en France. Ce qui d'ailleurs me réjouissait à une autre époque...On voit que la Résidence Lamartine de Tours des architectes Marc Ginisty et Robert Mander que j'ai découvert par hasard cette année est bien labellisée. Qu'en est-il des oeuvres de Jean-Jacques Morisseau ? Il est temps de les protéger mais aussi d'en révéler toutes les qualités même si le spectacle de leur existence prend parfois un peu le pas sur leur fonction. Après tout, c'est aussi l'une des joies de la Ville que de tomber dans des fictions, des histoires, des narrations, des ruines un peu trop neuves.

Je ne trouve pas de site pour le travail de Jean-Jacques Morisseau ni de catalogue de son oeuvre. C'est dommage.

Pour les courageux et ceux qui sont en retard, ils peuvent revoir les Post-Modernes et Bofill et compagnie sur mon blog. Le premier article sur Bofill date de 2008...je n'étais donc pas si en retard que ça...

D'abord le Théâtre "la Colonne" :











Pour La Résidence Lamartine de Tours, voici quelques images de votre serviteur :










mardi 19 août 2025

Système Bérard ? Attention ! Travaux !

Avant de vous livrer cet article, je veux bien évidemment faire un signe à François Chaslin disparu il y a peu. Je pense à lui et à l'importance immense qu'il a eu pour ce blog. Je ferai à la rentrée une Chronique Corbuséenne sur Radio On que je lui consacrerai. En attendant, et malgré tout, je poursuis ici mon travail, avec toujours au dessus de moi à la fois sa confiance, sa gentillesse, sa rigueur, ce qui fut aussi à mon égard sa disponibilité et ses compétences.

Merci pour tout Monsieur Chaslin.


 Dans le fantasme du collectionneur de cartes postales d'architecture, il y a toujours le désir et la joie de trouver une carte postale montrant le chantier. Le chantier est impermanent et la photographie en figeant cet état permet de tenir le temps et de comprendre souvent la construction, les méthodes du bâtir. Mais le chantier, c'est aussi une poésie, une fragmentation, une ruine à l'envers.
Je vous chantais, il y a peu, le plaisir de ma découverte du Système Bérard et la richesse de sa présence à Migennes-Laroche. On est certes dans les prémices du béton armé (encore appelé ciment) mais comment ne pas évoquer cette technique sur ce blog !
Voilà que deux occasions de se régaler nous arrivent en même temps après quelques recherches. D'abord la carte postale du chantier de l'église Notre-Dame-de-l'Assomption de Rungis qui nous permet de voir le montage des plaques préfabriquées au pied du bâtiment, prêtes à l'emploi. On ne voit pas de machine de levage, serait-il donc possible que les maçons montaient les plaques une à une par les échelles ou avec l'aide de simples cordages ? 
Quelle chance en tout cas d'avoir ce genre de document, une fois encore les éditeurs de cartes postales, dans leur infini désir de tout montrer, ont bien travaillé pour l'Histoire.
On notera d'emblée que cette église est inscrite depuis 1999 aux monuments historiques. Ouf....




L'autre occasion vient d'une revue cette fois-ci, d'un fascicule de "le Monde et La Science" qui évoque le Chantier Moderne (sic) et toutes les inventions et quelques modèles. On y retrouve bien en place le Système Bérard et quelques photographies nous permettent de voir la construction de notre église de Rungis. Voilà qui est bien instructif.
Vous trouverez ici toutes les informations et il semble que l'église soit en excellent état aujourd'hui.
On s'en réjouit.










vendredi 1 août 2025

Un avion en béton

 Dans ma propre petite mythologie que je m'invente, celle de l'enfance, qui aurait bien pu créer des objets d'adoration, jalons de mes admirations d'aujourd'hui, nul doute que le monument au Latham 47 est de ceux-là. Souvenir un peu ténu d'une première visite avec le grand-père et sa Dauphine puis d'une autre pour aller voir le nouveau et si beau Pont de Brotonne (sans doute en 1977) un peu oublié aujourd'hui, cela faisait donc des occasions de construire dans l'imaginaire et la culture d'un petit garçon des objets un peu curieux et utiles à la fondation d'un certain goût pour le Génie Civil et le béton.

Enfant, on fait surtout des whaous d'incrédulité devant de tels objets, on coure à ses pieds, on veut grimper dessus, on ne comprend pas bien pourquoi donc avoir ainsi réifié dans le béton un objet aussi aérien qu'un...avion ! Et cette avion, ce biplan alors, appelle au petit garçon des albums de Tintin, quelque chose de fictionnel, pourtant ici c'est une vraie et terrible histoire qu'il raconte.

L'été un peu nonchalant est la période idéale pour retourner sur ses premières impressions dans une nostalgie assez simple et saine. Et, même la route pour y aller voir était encore bien inscrite dans ma mémoire, je me rappelais de tout pour m'y rendre, étrangement aussi de la difficulté de s'y garer dans un certain sens. 

Alors, dans ma collection de cartes postales, j'ai bien quelques occasions de me rappeler tout cela et j'ai eu un grand plaisir à revoir le réalité de cet objet étrange et photogénique. Pour l'histoire de ce monument et ses raisons, je vous laisse aller là : https://inventaire-patrimoine.normandie.fr/dossier/IA76001882

On reste encore surpris par la taille, le choix de ce matériau et...l'absence d'hélices qui pourtant ne gène pas la lecture de l'objet-avion ! Celui-ci veut s'arracher à la falaise, sort comme par miracle du flan de la colline, dramaturgie de l'assaut, du décollage, de la puissance. Le décor de béton, les rochers évoquent pour moi à la fois ceux du Jardin des Plantes ou à des représentations dans la peinture primitive italienne. On dirait que ce socle énorme sert surtout à contraster avec l'avion qui est finalement résumé avec peu d'éléments. Le dessin est terriblement Art Déco, comme un cendrier publicitaire, comme une mascotte d'automobile. On ne peut pas dire que le sculpteur Robert Delandre fut particulièrement marqué par...la Modernité et en faisant cet article, je m'aperçois qu'il est originaire de ma ville d'Elbeuf et que ma région est littéralement couverte de monuments aux morts ou de sculptures mémorielles dont, j'avoue, j'ignorais la présence et le lien avec ce monument au Latham. 

Alors tout tient bien dans l'écart entre ce choix de matériau et l'objet représenté. C'est bel et bien, en ce sens, une réussite poétique et plastique, un challenge curieux pour un sculpteur. On peut imaginer aussi que, sans doute, le béton était aussi un moyen économique de faire grand et pas trop cher mais aussi que le béton portait bien aussi une certaine image de modernité s'alliant avec la technicité avancée du Latham. Enfin...je crois. Sans doute que l'ingénieur Léon Terzakian aurait pu nous aider à comprendre le rôle du béton dans ce dessin. La difficulté devait être surtout dans la finesse des ailes, porte-à-faux magnifique.

Je vous conseille donc vivement de programmer une visite de ce monument et aussi du Pont de Brotonne dont le dessin est l'un des plus beaux que je connaisse pour un pont. Aujourd'hui, ce dernier est un peu éclipsé par le Pont de Normandie. Dommage. Arrêtez donc d'aller en Bretagne. Venez en Normandie, aux bords de Seine qui auront vu de Giverny au Havre, Flaubert, Hugo, Monet, Queneau, Duchamp, Maupassant...Passez de ponts en ponts, de bacs en bacs, dans les boucles sinueuses du fleuve. On vous attend. J'aurais aimer partager avec vous et sur place cette joie de la redécouverte.

édition Dubray, Photographie de J.-J Dubray

Cette édition Combier nomme bien l'architecte Louis Rey mais fait une erreur sur le sculpteur et nomme Robert Alexandre au lieu de Robert Delandre...Par contre, Léon Terzakian est bien indiqué.









mardi 22 juillet 2025

Le Corbusier avec deux étoiles

 Il n'existerait donc aucun recoin, aucun espace qui ne furent pas photographiés à la Cité Radieuse ! Et cette carte postale (qui est bien rare) peut vous en montrer l'un de ses atouts : le restaurant situé dans la rue intérieure...En trente ans de collection, c'est la première fois que je la vois mais, ce qui m'étonne, c'est justement mon étonnement au vu du très grand nombre de surprises de ce genre que nous aura réservé la Cité Radieuse.


Le restaurant, au dos de la carte, est affublé de deux étoiles. Bien...mais pas plus...en 1965...Mais que c'est beau non ? Même si nous ne savions pas que nous sommes à la Cité Radieuse, avouez que c'est bien beau cet espace, son mobilier, les volumes ! Reconnaissez-vous au fond notre barman ? La carte postale fut expédiée le 8 février 1965 vers l'Italie d'où elle revient vers moi...Quelle voyage !

Il s'agit là encore d'une édition Ryner que nous connaissons bien.  Où sont vos archives ? Je ne sais pas trop quoi ajouter de plus pour une telle vue. Il faut dire que nous avons bien ratissé la Cité Radieuse, de son local à poubelles à sa terrasse en passant par la cuisine ou la chambre des enfants. Nous avons déjà expliqué ce désir de représentation, le tourisme architectural à laquelle fut associée cette Cité Radieuse. Nous nous sommes déjà régalés des chaises de René-Jean Caillette. On imagine que cette photographie fut prise dans la même séquence que celle du bar. On imagine aussi ce moment, la présence du photographe choisissant avec les propriétaires le point de vue vidé des clients. On s'imagine mangeant sur le balcon intérieur, projetant la vue sur l'extérieur par le haut de la baie vitrée.

Et si nous arrêtions de discuter ? Si nous allions au bar commander un cocktail puis, tranquillement que nous rejoignons notre table pour déjeuner simplement d'une rouget grillé après avoir visité la Cité Radieuse, le MUCEM ou les Pouillon sur le Vieux Ports ?

Allez ! On y va.

Pour refaire (un peu) la visite...bonne lecture...
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2014/04/le-carnet-et-le-corbusier.html 
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2013/08/le-corbusier-en-miniature.html
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2014/10/meubles-immeuble-le-corbusier.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/02/le-corbusier-habitable.html
http://archipostalecarte.blogspot.fr/2014/04/le-carnet-et-le-corbusier.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/04/une-folie-marseillaise.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2012/01/la-photographie-accuse-tort.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2012/02/corbusier-mets-la-table.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2011/03/pieces-deau.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/09/le-corbusier-dans-ses-meubles.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2011/09/le-corbusier-2-dedans-2-dehors.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2011/08/un-reflet-tres-moderne.html




dimanche 20 juillet 2025

Pour une réadaptation de Michel Ducaroy


Il y a longtemps maintenant que nous ne nous sommes pas arrêtés devant une carte postale dont l'architecture nous importe bien moins que ce qui l'occupe.
Cette fois, cette grande salle, d'ailleurs assez belle et offrant une belle baie, nous intéresse surtout pour son ensemble mobilier. Même en n'étant pas un spécialiste du Design français d'après-guerre, on peut tout de même être particulièrement touchés par la ligne superbe de ces petits fauteuils (chauffeuses ?) en bois et cannage. Le dessin en est particulièrement réussi et parfaitement accordé à celui des petites tables basses. Je l'avoue bien volontiers, je ne savais pas de qui était le Design de ces merveilles mais en quelques clics se fut si facile à trouver...Michel Ducaroy !
On connait bien sûr ce dernier pour le fameux Togo mais ici on est un peu loin d'un design hédoniste des années 70 ! On dirait bien plus un ensemble mobilier d'un Jeanneret, quelque chose de tropical, retour des colonies. 
C'est un peu frêle, presque maigre mais comment résister à l'envie de s'y laisser glisser ! 
Il y a peu, j'étais devant la boutique du Grand Palais où des quantités d'objets Design se battent pour un bout d'étagère, attendant l'approbation des acheteurs, la reconnaissance de leur originalité. Des titis biscornus, un peu chic et marrants, au dessin souvent épuré pour faire sérieux et moderne, pour que immédiatement, dans l'originalité d'une ligne on soit rassurés sur l'origine d'un designer.



Ce qui m'étonne c'est ce positionnement du Design d'aujourd'hui, ayant quitté les formes utiles pour être affublé d'un rôle social, celui de ceux qui pourront se reconnaitre dans un moment culturel et s'offrir des objets qui leur diront leur mérite...Car alors, le prix et l'achat de ces machins créent l'exclusivité d'un Design devenu, de fait, un statut social. Pourquoi ai-je l'impression (à tort ?) que le Design est maintenant fourvoyé ? Quand on regarde une telle carte postale d'un lieu accessible, celui d'un centre de réadaption, rempli de fauteuils d'une très grande qualité on peut s'interroger en effet sur cette époque où le Design rencontrait tous les publics. 
Le design était simplement alors l'expression de son temps.
Jean Prouvé est souvent ici évoqué en ce sens. Comment ne pas dire qu'il est mort une deuxième fois quand ses droits d'auteur furent cédés à VITRA ? 
Ce fauteuil de Michel Ducaroy on sent qu'il en a réfléchi  l'économie de la matière, qu'il a réfléchi le montage simple pour en faire un objet abordable tout en étant élégant avec ce désir de faire accessible même dans le choix d'une ligne claire, tout cela semble fourvoyé, tordu, irrémédiablement perdu dans la recette commercial d'un design qui exclut de fait maintenant ceux pour qui il fut créé : tout le monde, les gens, vous et moi, les autres.
Les messieurs qui usent sur cette carte postale les assises des fauteuils de Michel Ducaroy ne font pas acte là d'un geste culturel qui les définissent. Ils utilisent. Ils usent. Ils s'assoient.
Pas ici de démonstration d'une classe sociale, d'une reconnaissance bourgeoise de ceux qui reconnaissent entre eux un designer...
À quel moment dans l'histoire du Design ce pli a été pris et crédité par la profession faisant des nouveaux designer des héros de l'exclusivité des formes ?



Et si il fallait rapidement redonner au Design sa fonction, je dis bien : fonction ?
Lâchons les droits d'auteur, faisons partout des éditions bon marché (comme à leur origine) de ses créations et de toutes celles qui sont aujourd'hui récupérées. Achetons notre chaise de Jean Prouvé chez But le samedi en faisant nos courses, achetons notre fauteuil de Ducaroy chez Conforama, c'est à dire à l'endroit-même de leur éthique. Accessible, beau, facile à vivre et donc utile et intelligent. 
En attendant, précipitez-vous au centre de réadaptation fonctionnelle des massues. Peut-être que, dans la cave, démontés, les fauteuils de Michel Ducaroy attendent un peu de lumière d'un brocanteur, c'est une affaire conclue.

Oui, réadaptons le Design.

Comme le dit Théodora :

"Ouh, ouh, ouh, ouh-ah(Fashion designa)Ouh, ouh, ouh, ouh-ah(J'achète plus, j'designe)Ouh, ouh, ouh, ouh-ah(Fashion designa)Ouh, ouh, ouh, ouh-ah(J'achète plus, j'designe)..."








samedi 19 juillet 2025

Ivan Seifert, la permanence d'un point d'appui

 Ce qu'il y a de bien avec notre époque c'est que le réseau nous fait parfois des signes, qu'il est un peu coquin, qu'il nous fait travailler la mémoire des images.
En effet, alors que je me promène sur Linked In pour voir si par hasard on me proposerait pas un poste mieux payé ailleurs (le ailleurs voulant signifier ici un désir) je tombe sur cette image :



Mon sang ne fait qu'un tour et je me dis que je reconnais cette image, ce lieu. Mais...
Dans mon Fonds et son classement...je fais choux blanc. Il me faut faire le tour des boites en attente de classement pour retrouver ça :



La voilà la coquine !
Et je comprends pourquoi elle n'était pas rangée dans les classeurs d'architectes, tout simplement parce que cette carte postale Yvon ne nomme pas l'architecte : Ivan Seifert !
Il me faut donc remercier immédiatement Stéphane Asseline d'avoir ainsi posté cette photographie qui est de Laurent Kruszik. Bien entendu, ce qui vous surprendra tout comme moi c'est l'exactitude avec laquelle ce dernier reprend le point de vue de la carte postale ! Comme si la mémoire des lieux réclamait le même cadrage. Il est assez fréquent que sur ce blog nous nous amusions du fait que, parfois, les architectures semblent nous dire de quel point de vue elles veulent être prises comme si les architectes avaient rêvé déjà à la photogénie de leur construction. Ce qui, aujourd'hui, ne fait aucun doute. Ici, c'est carrément direct. Comme je ne sais pas si Laurent Kruszik a travaillé avec des documents, il m'est difficile d'affirmer que, peut-être a-t-il travailler en toute conscience de ce rapprochement ou si ce détail d'architecture de Ivan Seifert est tellement important qu'il est impossible de ne pas le cadrer ainsi. Ce moment du lieu en serait son ça, son punctum, son moment de grâce. Il faut bien dire qu'il doit être difficile de résister à faire image d'un tel morceau, de cette colonne qui reprend le poids d'un plafond caissonné avec l'escalier qui vient se lover autour dans la radicalité du dessin et la puissance de la descente des charges ainsi spectacularisée. Tout cela concorde à une évidence : il faut faire une image si on veut raconter la belle architecture de Ivan Seifert.
Mais je m'aperçois que je ne vous ai toujours pas dit où nous étions ! Si on en croit la carte postale nous serions dans le Centre de Formation des Banques Populaires mais si on en croit Monsieur Asseline nous serions donc maintenant dans la Chambre des Métiers et de l'Artisanat du Val d'Oise. Ce changement d'attribution est aussi une des causes de ma difficulté à retrouver la carte postale qui ne nomme pas...la ville de Cergy !
Qui connait Ivan Seifert ? Pas moi jusqu'à ce jour ! Encore donc une belle découverte qui montre que l'éducation à l'Histoire de l'Architecture doit aussi passer par ce type de recherche. Car, il aurait été dommage de ne pas profiter de ces images qui se rencontrent pour (re)découvrir Ivan Seifert. Remercions donc la publication de Stéphane Asseline et la photographie de Laurent Kruszik et leur travail d'inventaire de nous donner ainsi l'occasion de parler un peu de cet architecte qui a produit trois bâtiments à Cergy.

Il est tout à fait possible qu'un jour prochain nous retrouvions d'autres cartes postales des constructions de Ivan Seifert. Pour l'instant...
En attendant, vous pouvez aller ou pour voir ce travail. Sachez enfin que j'apprends grâce à un post de Marc Seifert le fils de Ivan que ce bâtiment a obtenu le Label Architecture Contemporaine Remarquable. C'est déjà ça...Vive le réseau !
Sur ce post, quelques images nous montrent le bâtiment depuis l'extérieur. C'est magnifique en effet !

Avec la Google Car on ne peut pas si bien que ça apprécier le morceau de bravoure de briques et de béton, écriture qui peut nous évoquer un peu Louis Miquel.