Je reçois, je diffuse :
Dans cette entreprise d'inventaire devenue un monument anthropophage, il nous arrive de nous dire avec David que tout est perdu. Tout.
Et l'élan de la beauté moderniste, affirmée, désirée comme un faire-valoir politique afin d'offrir une écriture contemporaine à des lieux simples s'éteint sous l'ennui fatigué né d'une incompréhension et d'un manque de culture assez crasse en fait. Aurons-nous encore la force de défendre cette écriture ? Serons-nous un jour totalement fatigués des défigurations sans égard, sans respect faites par des mairies n'ayant comme références culturelles que le faux-semblant ? Comment a-t-on pu construire une chose aussi belle, aussi radicale, aussi brutaliste dans sa simplicité touchante, presque MiesvanderRohevienne* et laisser ça devenir un machin ridicule, épouvantable, enlaidi à ce point ? Personne à Berson n'a donc compris le sens de cette architecture ? Personne n'a donc soulevé que cette écriture était une œuvre, un signe portant une culture ? Personne ?
Pourtant ce foyer rural fut bien construit ainsi ? Avec cette radicalité affirmée et poétique ? Il y a bien eu un architecte ayant compris que l'économie parfois ça fabrique une beauté et donc une identité. Qu'est-ce que cette culture de l'architecture est devenue ? Pourquoi s'est-elle perdue à ce point ? Pourquoi finalement la laideur gagne ? Pourquoi cet outrage ? Que s'est-il passé ?
Ça suffit non ?
Maintenant, arrêtez. Arrêtez !
Comment ne pas vouloir aimer la simplicité d'un plan, la liaison arachnéenne des poutres et poteaux en acier Corten, l'écran franc des pans de murs recevant la lumière et les coulures superbes de la rouille, la qualité inouïe de l'entrée ? Comment ne pas avoir vu ?
Pourquoi, finalement, cette violence contre la beauté ?
Il faudra donc que la France moche, celle des zones pavillonnaires, celle du péri-urbain, celle des ronds-points (socles aux pires sculpteurs locaux de machins régionalistes et symbolistes), il faudra donc que cette France moche finisse même par abîmer les peu de réussites des petites choses architecturales faites avec attention et délicatesse, dans une époque lointaine maintenant, où servir les habitants par la beauté était une morale exigée.
Et sur la page du site de la Mairie de Berson, on peut lire la fierté patrimoniale de la ville :
"Berson dispose d'un patrimoine important, avec de nombreux châteaux et domaines viticoles, des anciens moulins, des vieilles fontaines et sans oublier son église et son presbytère."
Mais l'héritage du Vingtième Siècle qui avait offert à Berson l'occasion de sauter dans la modernité ne passera pas ce siècle.
Faut-il que l'on vous montre ce que c'est devenu ? Faut-il vous infliger cela ? Se doit-on de céder à une pornographie de la laideur ?
Parfois c'est mieux pour comprendre, alors...
Pleurez...
Certainement que la couleur lie de vin veut être un hommage à la vigne.
Walid Riplet pour le Comité de Vigilance Brutaliste.
* je tente un néologisme un peu outré
Merci Walid. Pour ma part, malgré une discussion téléphonique avec la mairie de Berson et des mails adressés sur ses conseils aux services adéquats, je n'ai pas pu obtenir d'informations sur le premier foyer rural : architecte, programme, etc. je sais juste que le premier foyer rural fut construit en 1968 et qu'il fut "remanié" (défiguré) en 1988. Je ne sais donc pas les raisons de cette défiguration (techniques, pratiques, esthétiques...) ni si l'architecte y a participé.
C'est dommage de ne pas pouvoir finalement comprendre ce retournement esthétique ahurissant.
David Liaudet
La carte postale est une édition du célèbre ( ici sur notre blog) Chatagneau, Elcé. La carte ne nomme pas l'architecte et n'est pas datée.
Au secours...que font les divers services comme le CAUE,l'ABF ???
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