lundi 28 juin 2021

Besoin d'air, ça me gonfle un peu

 Dans les registres des utopies et des images d'une architecture dédouanée du sol, libertaire, légère au monde, les constructions gonflées ont eu leur heure de gloire que se soit pour des architectures permanentes ou pour construire en s'appuyant sur la tension de la bulle une phase du chantier. 
Revoyez Wallace Neff par exemple.
Ou la Maison de l'abbé Pierre :
Voilà qu'entre dans ma collection cette carte postale qui dit tout, tout de suite :




Deux bandeaux nous permettent d'entrer en contact avec la construction et le nom de l'architecte apparaît directement et même le qualifie, ce qui est rare pour des cartes postales d'architectures. Pas de doute, il s'agit d'une carte promotionnelle que l'architecte a commandée puisque le verso nous donne toutes les informations sur cet architecte et sa société qui produit donc des architectures gonflables qui agissent comme des manèges forains, apparaissant puis disparaissant au gré des commandes et des manifestations.
Alan Parkinson donc, l'architecte, se définit comme un architecte de l'air... je trouve que cela est un peu étrange car finalement ce n'est pas tant l'air qu'il dessine mais bien des formes fermées, pleines, colorées qui, certes, sont tendues par une surpression mais dont l'objet du travail n'est certainement pas l'éther...
Est-ce grave ? Non. Est-ce de l'architecture ? Non. Est-ce grave ? Non.
Il s'agit bien plus de sculptures, de pénétrables, d'objets ayant comme sujet une certaine sidération béate et spectaculaire qui ressemble bien plus à des aires de jeux, des parcours, qu'à une définition de l'architecture. Dehors des formes simples, ludiques entre plug anal et église byzantine, suppositoire ou bulle Barbapapesque. On en reconnaît immédiatement la culture qui se veut fun, joyeuse, enfantine et donc bien évidemment sympa.
Et l'expérience doit y être, c'est certain, assez étonnante mais aussi assez vaine pour ce qui est de résoudre des vrais problèmes de l'architecture. On peut aller voir sur le site de Alan Parkinson des visites et le sourire des visiteurs baignés dans des bulles de couleurs, pieds nus, au plus près d'une expérience physique assez régressive qui se voudrait, si on en croit Alan Parkinson presque mystique. L'odeur du plastique chauffé par les corps des visiteurs doit sans doute ajouter à cette stupéfaction....
Rassurez-vous, je ne me moque que peu. J'aime bien cette idée, je veux dire que j'aime bien une expérience lorsque sa seule conséquence c'est un moment de plaisir partagé collectivement. Et que cela ne serve à rien me réjouit aussi et je ferai si l'occasion m'en est donnée un parfait visiteur lambda des constructions de Alan Parkinson. Mais je ne sais pas trop quoi penser de cette esthétique. Est-ce le mode de tension qui oblige l'architecte à ses formes courbes et rondes ? L'air ne peut-il pas dessiner autre chose que des boules et des cônes colorées ? Le jouet doit-il forcément avoir ce dessin ?
Pourquoi également le volume doit-il ainsi se clore sur lui-même ne laissant aucune ouverture ou projection de l'extérieur vers l'intérieur comme si la matière de la peau du bâtiment ne devait laisser passer qu'une lumière filtrée qui n'aurait d'autre vocation que de porter la couleur en aplat à un paroxysme si tendu ?
Bon. Je ne sais pas. Et que penser de la seule déambulation possible ? Car, à part parcourir les pièces les unes après les autres en produisant des cris d'admirations à chaque changement de couleur que se passe-t-il vraiment là ? Le bruit vivifiant des cris des enfants qui courent d'une pièce vers une autre est-il si remarquable ?
Alan Parkinson m'a l'air d'un gars sympa, heureux de ses créations, de ses événements plastiques. Il est évident que cela rencontre un public, que la satisfaction des visiteurs doit y être lisible et vrai.
C'est déjà ça.


des vidéos pour visiter les architectures :





1 commentaire:

  1. 'C'EST L'EAU QUI DONNE LA FORME AU VASE'. ICI UNE TENTATIVE AVEC L'AIR...mais un gadget pas plus..pas de l'archi' c'est sur

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