Elle n'en finit pas la belle barre. Tellement longue que le cadre ne lui suffit pas et qu'elle en déborde sur la droite. On ne saura jamais si le photographe des éditions Yvon a attendu ce moment particulier où tout l'espace est vidé ou si, depuis le hasard d'une prise de vue, il faudrait maintenant tirer une conclusion contemporaine de ce vide urbain.
La barre Verlaine est belle, comprenez-moi. L'alternance des modénatures en est superbe. Sa régularité aussi et tant pis pour ceux qui y voient de l'ennui, nous nous y voyons de l'abstraction, du rythme, la jubilation cinétique. Et une certaine ambition du logement pour tous.
Et devant elle, le centre commercial de La Courneuve n'est-il pas lui aussi bien dessiné ? Et que dire de son spectaculaire parasol de béton ?
Une ombre à droite me laisse rêveur et aussi me menace. Mon œil mieux habitué à l'image commence à distinguer alors une frêle silhouette assise sur un banc dans cette ombre.
Allez... je vous laisse croire en sa solitude. Les sociologues en feront des caisses.
Pourtant j'en appelle à Verlaine, pourtant j'en appelle à l'Amour :
Mon Amour,
Quand tu recevras cette lettre je serai déjà près de toi mais comme tu seras à l'école j'espère que cette petite carte te remontera le moral et te permettra de supporter plus facilement une journée entière avec tes prof(f)esseurs - sache que pendant ce temps je pense très fort à toi et que je t'adore ma petite femme et je n'aurais de cesse que de légaliser notre union - je t'embrasse ma chérie celui qui pense très fort à toi
Chris.
Et Verlaine reprend ses droits, il faut bien que nommer les barres du nom des poètes serve finalement à quelqu'un.
L'amour.
Carte postale édition Yvon en photo véritable, sans date ni nom de photographe ou d'architecte. Ni Clément Tambuté ni Henri Delacroix, les architectes ne sont nommés.
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