Parfois, je l'avoue, certains noms d'architectes résonnent pour moi d'une manière toute particulière. C'est le cas avec Jean Bossu car j'ai la chance de compter parmi mes fidèles lecteur Xavier Dousson qui est un spécialiste de cet architecte. Sans cela, je crois bien que je n'aurais jamais rencontré ce nom car Jean Bossu est finalement assez peu connu, sauf peut-être pour son travail dans les départements d'Outre-Mer ou encore l'Afrique du Nord pour lesquels il apporta indéniablement une grande contribution moderniste.
Mais voilà, regardez :
Nous sommes en France, à Fumay dans les Ardennes, et cette carte postale Combier nous donne comme information que cet ensemble du Charnois est de Jean Bossu architecte et urbaniste...
On y voit deux typologies de constructions qui se font face, d'abord une barre toute droite venant se placer devant un bâtiment en U dont on devine qu'il est en cours de construction. Quelle place a l'urbanisme dans cette proposition qui rappelle beaucoup celle de Revin vue il y a peu ? On notera que l'ensemble prend place sur une colline ce qui pourrait donner l'idée que l'architecte a d'abord voulu offrir dans un plan simple et rigoureux une manière d'embrasser le paysage, la forêt étant sur l'autre rive, un horizon dense. Former un îlot central, un immense vide entre les constructions c'est là aussi une position moderne, bien marquée par un grand ordre, voulant offrir espace, lumière et jardin en resserrant dans une clôture habitée les logements. La route viendra ouvrir en bas l'îlot. Je cherche donc une autre carte postale de Fumay et je trouve ça :
Cette fois c'est une édition A.T.M.O expédiée en 1971 qui nous permet tout de même de saisir qu'il y a là au moins trois architectures différentes. D'abord le grand U ici terminé, la barre à son pied et maintenant une autre barre contrariée perpendiculairement par un minuscule îlot. Les traitements architecturaux sont bien différents à chaque fois. Qui a fait quoi ?
Les vues aériennes ont aussi cette capacité de nous montrer que le paysage reste autour des barres et des résidences, totalement vierge, sans plan de jardin ou de parc, comme si, littéralement, les immeubles avaient atterri là d'un coup. C'est exactement ce que j'aime. Je regarde les traits plus clairs qui signalent des chemins faits d'usage et j'imagine la liberté des jeux autour du Charnois.
Ne partez pas à Fumay en safari. Il ne reste rien. Il semble que les grandes compositions du Hard French n'ont pas su trouver le chemin de l'histoire. Seule l'une des barres permet encore de localiser ce lieu, le U puissant a disparu. Me reste cette incroyable proximité de plan, d'images et même de points de vue similaires entre Fumay et Revin comme si Jean Bossu sur une colline, dans une boucle d'une rivière avait trouvé la formule idéale.
Cher David, merci beaucoup pour ce post !
RépondreSupprimerCes cartes sont magnifiques et disent bien la franchise de l'implantation de ce projet. Effectivement, les politiques publiques successives l'ont fait progressivement disparaître, comme l'administration commanditaire avait presque systématiquement simplifiée les propositions de Bossu. Par ailleurs, comme à Revin, seule une petite partie du projet de départ a été réalisée, la crise ayant conduit à l'arrêt de cette opération. Bossu est responsable des deux premiers édifices, ceux de la carte postale PIM. Ensuite ce sont d’autres architectes dont je ne connais pas le nom.
Cher David, merci beaucoup pour ce post !
RépondreSupprimerCes cartes sont magnifiques et disent bien la franchise de l'implantation de ce projet. Effectivement, les politiques publiques successives l'ont fait progressivement disparaître, comme l'administration commanditaire avait presque systématiquement simplifiée les propositions de Bossu. Par ailleurs, comme à Revin, seule une petite partie du projet de départ a été réalisée, la crise ayant conduit à l'arrêt de cette opération. Bossu est responsable des deux premiers édifices, ceux de la carte postale PIM. Ensuite ce sont d’autres architectes dont je ne connais pas le nom.
D'après les vues Géoportail ces immeubles de la cité du Charnois ont été construits entre 1956 et 1971 et démolis entre 2005 et 2010.
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