dimanche 14 février 2016
André Bruyère : trois livres et quelques cartes postales
Décidément, la collection carnets d'architectes continue de nous offrir de beaux volumes nous permettant de redécouvrir des architectes importants. Cette fois, c'est de l'architecte André Bruyère qu'il s'agit et qui est bien servi avec comme auteurs Ève Roy et François Chaslin dont la réputation et le sérieux (et aussi l'humour) ne sont plus à faire.
L'ouvrage reprend le principe de la collection et nous permet d'abord de suivre la carrière et la formation de l'architecte puis d'en étudier quelques constructions de manière plus détaillée, constructions qui doivent nous faire comprendre la pensée de l'architecte. Ici, nous avons affaire à un vrai personnage, étrange, fantasque et élégant, mêlant à la fois une grande poésie des formes et un sérieux constructif certainement hérité de son passage chez Perret. Mais surtout, André Bruyère fait partie de ces architectes qui ont eu la chance de rencontrer une époque où les errements poétiques ont pu trouver une réalité du construit en échappant ainsi à une architecture uniquement prospective, imaginaire et utopiste. Il y a ce mélange particulier entre une rationalité puissante de l'étude du programme inventant non pas des machines à habiter mais des abris tendres se pliant au cheminement des arbres, à une cosmogonie spirituelle, une liberté formelle voulant résonner avec le ciel et la terre. À ce titre, la Caravelle, hôtel à la Guadeloupe me semble le plus représentatif de cette production, sans doute le bâtiment le plus brésilien, offrant à la fois la rectitude adoucie d'une suite de chambres et un immense dais de béton découpé librement comme Matisse l'aurait fait d'une feuille de papier coloré. C'est d'une très grande beauté, d'une ambition technique époustouflante, d'une poésie tropicale rappelant le parapluie que l'on se fait avec une grande feuille de bananier quand vient l'averse soudaine.
Si on garde souvent de l'architecte une image un rien fantasque surtout portée par son projet d'immeuble en forme d'œuf géant, on est heureux que Eve Roy et François Chaslin nous permettent surtout de redécouvrir de véritables pépites oubliées comme le très très beau centre de postcure à Fleury-Mérogis ou la maison les Eyrascles d'une grande plasticité, objet-sculpture qui n'oublie pas d'être un logis.
Ainsi, si vous aimez les rêves réalisés, si vous aimez redécouvrir à sa juste place l'un des architectes majeurs de son temps, plongez vite dans les images et les textes des deux auteurs de cet ouvrage !
un indispensable !
Merci pour cet envoi.
André Bruyère, La tendresse des murs
carnets d'architectes
Ève Roy, François Chaslin
éditions du Patrimoine
isbn-978-2-7577-0437-0
25 euros
Quelques images :
J'ai la chance dans ma bibliothèque d'avoir le très beau livre Pourquoi des Architectes ? d'André Bruyère publié en 1968 aux éditions Pauvert et dont la mise en page magnifique fut confiée à Le Breton.
Ce livre, objet assez unique dans la production d'ouvrages autour d'un architecte, nous permet de bien saisir le personnage qui, dans des sentences poétiques bien senties et parfois contradictoires, nous livre un message sur ce que devrait être une architecture plus ouverte à des pensées moins rationnelles tout en tentant de maintenir en quelque sorte un équilibre avec un héritage nécessaire des leçons du passé. Ça donne des leçons en tentant de tenir la liberté : toute une époque...
Mais c'est un superbe ouvrage éditorial et on se régale de l'iconographie et des photographies tout autant que de la mise en page et du jeu entre les écritures manuscrites, les textes et les images parfois dues à de grands photographes. On voyage parfaitement dans la pensée confuse et bondissante de l'architecte : un must du livre d'architecture !
Mais voici que je retrouve aussi dans ma bibliothèque un drôle d'ouvrage d'André Bruyère Éclats publié par Mardaga et qui reste dans le domaine de l'édition de livre d'architecte certainement un ovni... Mon exemplaire n'est pas en très bon état mais il vous montrera tout de même comment l'architecte pouvait être joueur, amusé, joyeux de son œil et comment loin de vouloir endosser toujours une conception par trop rigide de son métier, il pouvait se laisser porter par des expériences plastiques assez... libres. On sait le succès éditorial que son ouvrage Sols a rencontré et, à sa suite, il nous propose donc ses vues kaléïdoscopiques d'une gratuité plastique tenue dans l'esprit d'André Bruyère !
Je vous donne à voir aussi les quelques cartes postales que je possède sur cet architecte.
Bons baisers de la Poésie en architecture !
On commence avec l'hôtel La Caravelle à la Guadeloupe avec cette édition Guadeloupe Touristique qui nous montre bien la belle voûte de béton réalisée grâce aux talents de l'ingénieur Trezzini. La carte postale n'est pas datée et ne nomme pas l'architecte.
Encore l'hôtel Caravelle, cette fois avec une vue un rien étonnante, nous montrant l'entrée. Il s'agit d'une édition CABE en italcolor, non datée.
Revenons en France à Quiberon avec l'Institut de Thalassothérapie et son hôtel par les éditions Iris Job. Merci à Thomas Nègre pour cet envoi. On resserre sur ce qui appartient bien à André Bruyère comme architecture :
Enfin, voici l'intérieur de la piscine du même institut, cette fois c'est une édition Artaud, toujours sans date ni nom de photographe :
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L'hôtel LA CARAVELLE sur l'ILE DELA GUADELOUPE est situé à SAINTE ANNE. Hôtel propriété du CLUB MED', en bord de mer ; donc facile d'accès par la plage (c'est bine la loi sur le libre accès du bord de mer...). Sur carte IGN 4603G(en bas à droite), repérez POINTE DE L'ACCUL. A partir de la N4 suivez le tracé qui vous amène vers la mer. Dès que vous pouvez garer votre voiture faîtes le et finissez à pied vers la page, au bout tournez à droite longer la mer et vous arrivez sur la plage du club et l'HOTEL A DECOUVRIR...C'est secret comme plan ne le répétez pas ...
RépondreSupprimerMerci pour ce bel article que je découvre tardivement! Au plaisir d'une prochaine rencontre,
RépondreSupprimerEve Roy
Merci pour ce bel article que je découvre tardivement!
RépondreSupprimerAu plaisir d'une prochaine rencontre,
Eve Roy