mardi 27 octobre 2015
Premiers pas sur un chef-d'œuvre
L'avion survole Lyon.
Le pilote prend l'axe visuel de la rue Victor Hugo et glisse au-dessus du centre d'échanges multimodal, gare Perrache, dessiné et conçu par René Gagès et l'Atelier d'Architecture et d'Urbanisme si on en croit l'éditeur de cette carte postale Combier.
Je suis de ceux qui considèrent qu'il s'agit là d'une pièce maîtresse de l'architecture du XXème siècle et qu'il est grand temps de la défendre, de l'aimer.
L'objet est étonnant car il constitue une forme architecturale peu répandue celle du nœud construit. Comment faire croiser les trains, les automobiles, les piétons et les transports en commun dans un seul et même lieu ?
Comment faciliter les échanges entre tous ces modes de transports, comment donc bâtir une architecture de la circulation ?
René Gagès y répond avec une immense poésie c'est-à-dire qu'il y répond par une extrême rationalisation poussant l'architecture jusqu'à son paroxysme d'outil, adossant l'ensemble des fonctions les unes aux autres, greffant dans la ville une mécanique spatiale unique en son genre. Sur le toit de cette mécanique des fluides et des arrêts, il pose une terrasse et un jardin pour que chacun puisse attendre et retrouver ceux qui viennent, ceux qui partent, ceux qui arrivent.
Si vous aimez les bidules Design, si vous aimez le formalisme inutile, si vous aimez placages et les effets passez votre chemin. Le centre d'échanges de Perrache c'est comme une pièce chirurgicale, un réseau prenant forme, définissant dans ses espaces ses rôles. Rien de moins, rien de plus. C'est ce qui en fait la beauté, son intelligence, sa force urbaine et donc, je le redis, sa poésie.
Voyez :
Sur cette carte postale Combier, le photographe photographie un père et son enfant faisant ses premiers pas dans un jardin suspendu sur le centre d'échanges. Apprendre à marcher là, quelle chance !
Comment depuis ce cadrage pourrions-nous deviner ce qui se passe sous les pieds de l'enfant et des visiteurs, cet immense jeu d'allées et venues de véhicules, de trains etc...
Offrir une place au-dessus de ce carrefour gigantesque, une place calme, une place urbaine c'est tout de même un exploit.
Nos yeux ne peuvent aussi, depuis ce point de vue, que se réjouir de l'aire de jeux que nous reconnaissons bien, production de Sculpture-jeux, modèle identique à celui de Fontenay-sous-bois.
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Anecdote « Sur l’un des projets figurait une tour de bureaux elle-même surmontée d’un héli-port. » Alain Charre. Page 179, Lyon-Europe, 100 ans d’architecture moderne. Pierre Mardaga éditeur
RépondreSupprimerLe projet, c’est le centre de Perrache avec l’autoroute qui débouche du tunnel de Fourvière, le métro, les lignes de bus urbaines et inter urbaines, les taxis, la barrière des voutes de Perrache, les échangeurs, les piétons, les parkings, etc.
Je suis le dessinateur de Martine Moulin-Lods (fille de Marcel Lods le grand architecte) et vu la surcharge des plans, je lui suggère d’ajouter un héli-port sur une des tours.
Ce ne fut pas du tout du goût de Charles Delfante, mon patron et directeur de l’Atelier d’urbanisme de la ville de Lyon »
« Zizi » Pradel, le maire de Lyon était enthousiaste… On s’est pris une des colères homériques de Delfante…
Avec René Gagès il faut citer Guy Vanderaa comme architecte.
Les études ont débutées en 1968 à l’Atelier d’Urbanisme de la ville de Lyon, à l’époque installé au Palais Saint Pierre place des Terreaux. Quelques noms pour leur rendre hommage : MONIN architecte, BUISSON chef d’agence, BARBE projeteur, GUY dessinateur, MOULIN-LODS architecte, MORIN architecte, BONFILLLON élève architecte, ROUX élève architecte et LECLERCQ le grouillot, l’arpette de cette équipe. Merci à tous pour m’avoir éduqué à l’urbanisme e t à l’architecture .