Les larmes de crocodiles.
Alors que l'on apprend que la villa 8X12 dessinée par Jean Prouvé installée à Royan, appartenant au député-Maire Monsieur Quentin a été vendue à Patrick Seguin, galeriste et spécialiste de l'ingénieur, on verse tous des larmes sur la disparition d'un Patrimoine essentiel de la Ville de Royan, comme jadis pour le Casino, la défiguration de la Poste et du front de mer ou de la galerie Botton, et j'en passe.
Royan, c'est sa destinée.
Pour qu'un maire entre dans son histoire, il lui faut sacrifier une partie de son Patrimoine, certains ont bien compris cela.
Royan aura donc subi un premier bombardement puis un deuxième mais pour ce dernier les charges explosives sont lentes, purulentes et gangréneuses, elles sont chargées à plein de l'indifférence de ceux qui ont eu dans les mains ce patrimoine.
Ceux-là c'est qui ?
Des propriétaires royannais successifs qui posent des vérandas de merde sur des façades et obtiennent les permis de construire, repeignent de blanc la polychromie riche de la ville, posent des portes Leroy-Merlin en PVC à la place des ferronneries d'origine et cela malgré un effort récent de communication et de pédagogie des chargés de la Culture qui ont fait un travail remarquable.
Mais ce sont aussi les pouvoirs politiques qui éradiquent d'un coup un casino pour des petites et grandes raisons immobilières, on n'oubliera pas votre nom Monsieur de Lipowski et on n'oubliera pas Monsieur Quentin.
Voilà le dernier et triste épisode : le maire qui vend le Patrimoine. Quelle rigolade !
Alors je vais vous surprendre. Je suis pour.
Après tout, je regarde pourrir cette villa Prouvé depuis des années sans que personne n'ose dire, faire, réclamer quelque chose à ces propriétaires. Alors, je préfère retourner la voir à Paris ou je ne sais où, dans les mains de quelqu'un qui l'aimera. Patrick Seguin est de ceux-là, quoi que vous en pensiez. Chaque vide à Royan, chaque morceau perdu est une des preuves insoutenables de l'état de notre considération patrimoniale en France. Je viendrai voir son démontage, je viendrai voir son sauvetage par des gens dont le métier est de valoriser au sens propre comme au sens figuré un bien que d'autres ne perçoivent que comme un héritage personnel. Chaque panneau retrouvant le sol, chaque morceau de charpente métallique grimpant dans un camion sera pour moi une douleur vive qui, je l'espère, signera enfin une nouvelle ère pour la Ville de Royan. Pleurez Royannais, pleurez sur ce départ et choisissez mieux à l'avenir ceux qui doivent maintenir votre ville debout et représenter sa richesse patrimoniale.
Vous savez maintenant à qui vous aviez à faire.
Vous vous souvenez de cet élan de la Reconstruction ?
Qu'en avez-vous fait ?
Réveillez-vous.
Je veux bien me réveiller avec vous.
Ne m'oubliez.
On peut relire ici :
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/09/jean-prouve-tres-discret-royan.html
Pour en savoir plus :
http://www.lemonde.fr/architecture/article/2015/10/14/le-pavillon-de-jean-prouve-demenage_4789171_1809550.html
http://www.patrickseguin.com/fr/
Toujours aussi bien écrit et très touchant.
RépondreSupprimerje t'embrasse!
merci Manon !
RépondreSupprimerAprès avoir parcouru les brochures que vous évoquez et qui demandent aux propriétaires des villas Royannaises de les respecter/entretenir/rénover avec le plus grand soin, nous n'avions pas compris le sort et l'état de cette célèbre maison.
RépondreSupprimerElle était à la merci de tous, des panneaux de façades manquant à l'appel. Quand à l'intérieur, il ne vaut mieux pas l'évoquer.
En lisant ici à qui cette superbe appartenait alors on comprend mieux...Quel qu’en soit la finalité, son déracinement n'en est pas moins dramatique...et de la voir partir pour le plaisir de quelques uns et les poches de certains autres...quelle connerie!!!!!!
Nous qui aimons tant voyager dans la modernité, avec l'ami Archipostcard et ses textes chatoyants, quelle désolation de voir ce temps si bien photographié s'éloigner toujours plus et se dématérialiser sous nos yeux. Nous avons perdu Niemeyer au Havre et Prouvé à Royan, villes qui se vantent leur image architecturale ! Ils détruisent au même moment ce patrimoine que nous, inconsolables du passé moderne, aimions contempler, photographier et dessiner lors de nos voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Encore une disparition, malheureusement je n'ai pas la sagesse du webmaster qui se montre capable de conserver son calme quand un maire idiot, condamné par la justice, revend le patrimoine de ses concitoyens à un marchand d'art. C'est vrai, c'est sauvé, faut dire Ouf ! Mais quelle honte, pour la ville et ses habitants, pour la région qui se veut moderne, pour cet État et ses politiques dont la fourberie et l'impuissance sont tellement visibles qu'ils nous conduisent à la catastrophe. Le patrimoine, ce n'est encore rien. Alors, s'ils manquent d'idées au sommet et s'avèrent incapables de protéger nos biens, qu'ils passent au moins quelques lois permettant de tracer ce que l'on dilapide, qu'il y ait des campagnes photographiques avant la disparition, que l'on oblige les nouveaux acquéreurs et les rénovateurs à modifier de manière uniquement réversible. Bonnes idées, pas trop coûteuses, mais ce n'est pas ce que cherche ce Monsieur Quentin, énarque et roi de l'immobilier, ou ses comparses... PG
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer