dimanche 29 novembre 2015

Maisons Bulles en page

Raphaëlle Saint-Pierre m'a envoyé son dernier ouvrage Maisons Bulles, architectures organiques des années 1960 et 1970 et je l'en remercie vivement.





On connaît bien cette auteure sur ce blog et on sait le sérieux de son travail. Ici, l'ouvrage s'insère dans la très belle et didactique collection des Carnets d'architecture publiés par les éditions du Patrimoine ce qui est déjà, en soi, une certitude de qualité.
Nous ne sommes pas déçus : c'est un beau mais surtout très enrichissant ouvrage que nous livre là Raphaëlle Saint-Pierre sur un mode de construction qui a connu une apogée puis un oubli et enfin un renouveau surtout par le goût de notre époque pour les utopies rétro-futuristes.
L'ouvrage nous livre d'abord une étude générale sur les conditions de l'arrivée de ce mode de construction, de ses techniques et de son histoire pour ensuite nous proposer des portraits des acteurs les plus représentatifs de cette histoire si particulière de l'architecture. On y retrouve donc nos vieilles connaissances : Pascal Haüsermann et Claude Costy, Antti Lovag, Pierre Székely et Henri Mouette, Jean-louis Chanéac et enfin Jacques Couëlle.
Le livre est abondamment illustré de photographies superbes des œuvres achevées ou de leur construction ainsi que des plans et des dessins des architectes. On peut ainsi comprendre les différences de conceptions mais aussi d'univers de tous ces architectes qui, parfois, travaillent pour un cercle agrandi des amis et de la famille ou parfois ont un désir plus radical, plus politique de transformer vraiment l'architecture. À part l'expérience écourtée de Douvaine, les questions de la collectivité, du logement social mais aussi de l'urbanisme semblent peu travaillées par ces architectes, du moins il semble surtout que ce mode de construction n'ait pas réussi à vraiment s'y imposer et à trouver des terrains et des opportunités pour atteindre vraiment des échelles supérieures à celle de la villa.
À ce titre, Pierre Székely et Henri Mouette (mes chouchous !) s'en tirent bien avec leur centre de vacances de Beg-Meil.
On pourra aussi rester un rien circonspect sur la personnalité, euh... riche... de Jacques Couëlle dont la révolution architecturale reste surtout sur la peau des constructions plus que sur leur méthode et même leur architecture. On pourra aussi voir que le dessin, au sens d'une ligne qui détermine des espaces, n'est pas par tous aussi bien partagé. Chez Lovag, la courbe se lisse, devient bulle, tendue alors que chez d'autres la vision est plus celle, un rien râpeuse, d'une grotte ou d'une concrétion comme chez Kalouguine à Angers.  Et même si parfois, j'avoue être un rien repoussé par les délires de maisons en forme de cosses de petits pois ou les portes d'entrée en vulve, il est certain que cette période a réussi à tenir sa promesse d'un mode de vie et d'habitat renouvelé même si, on peut se demander s'il ne s'agit pas plus d'"habitologie" comme le dit Anti Lovag que d'architecture.
C'est donc un beau livre et surtout un livre passionnant pour saisir cette période et ce mode constructif. Ce que l'on appelle un indispensable.
Il semble bien que maintenant, de livre en livre, Raphaëlle Saint-Pierre soit en train simplement de faire une œuvre.

Noël arrive !
Faites-vous plaisir et soyez généreux !

Maisons-Bulles
Architectures organiques des années 1960 et 1970
Raphaëlle Saint-Pierre
éditions du Patrimoine
isbn : 978-2-7577-0439-4
25 euros
Merci de commander votre livre chez un libraire indépendant.
Quelques pages pour vous mettre l'eau à la bouche :









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