mercredi 4 novembre 2015

Brasilia, ombre portée

J'avais envie de vous montrer que les villes se construisent parfois de rien, je veux dire pas de la ville elle-même.
Brasilia a surgi sur ordre avec ordre.
Sur ces cartes postales des éditions Foto Postal Colombo, on la voit naître, immense, ambitieuse, dessinée et encore en chantier.
C'est l'émotion de ce surgissement qui m'a toujours séduit chez elle. Elle s'impose. Il ne servira à rien de fouiller son sol à la recherche de fondations anciennes. Elle est ses fondations.
La première nous montre la Cathédrale en chantier et sa couronne d'épines posée sur le sol de terre battue et retournée. Incroyable image d'une architecture et d'une ville dans le moment même de son invention. Aurions-nous dû arrêter le chantier dans ce moment ? Aurions-nous dû maintenir l'architecture dans son état de sculpture ? J'aurais voulu la voir à ce moment-là, exactement. Encore un rêve, déjà présente, presque trop tard. Rouler sur les routes, bouffer de la poussière d'un chantier à l'autre, suivre Niemeyer en Jeep et sentir l'élan. Putain ! 
Voir monter de la forêt éradiquée une capitale ! Qui a vu ça ? Qui ?
Je ne sais pas si (je ne crois pas) j'irai un jour. Car ce jour sera trop loin de cet état qui lui, dans ma construction imaginaire est maintenu par les images, par les photographies, par l'Homme de Rio, par ma nostalgie impitoyable à mon monde.
Brasilia.
Brasilia.
En fait, alors même qu'elle est construite, et d'une certaine manière parce qu'elle est achevée, Brasilia a pour moi disparu.
Disparition d'une ville au moment même de son apparition. Est-ce possible ?
Dans ma main, deux photographies populaires imprimées pour le partage d'un moment d'une ville me disent que j'ai raison dans mon imaginaire mais certainement tort dans la réalité.
Ça sera tout pour aujourd'hui.









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