J'ai sauté de joie. Oui, j'ai sauté de joie lorsque ma main a retourné cette carte postale et que mon intuition fut confirmée par une inscription : celle du nom de l'architecte Georges Maurios écrit au verso de cette carte postale des éditions Mage pour nous montrer le centre ville de Drancy.
J'ai "rencontré" Georges Maurios pour la première fois en 2010 en suivant le guide d'architecture de Paris* pendant des promenades architecturales que je faisais alors, persuadé qu'aller voir c'était voir. Il s'agissait de viser un immeuble de logements, Rue st-Jacques. Aujourd'hui, même si je me replie le plus souvent derrière mes images, je reste tout de même très heureux de comprendre qu'il suffit de peu de choses pour appréhender une écriture que l'on reconnaît de suite comme particulière et intéressante.
Ici, le photographe des éditions Mage se place (nous place ?) devant le fait accompli d'une certaine minéralité de cette place dont le sol prendra à lui seul la moitié de l'image. On notera la belle étendue du champ coloré qui part bien de ce sol vers l'architecture offrant cette tonalité ocre blond à ce morceau de ville dont seuls les lampadaires et les bancs couverts de carrelage blanc (Henri Sauvage est dans leur esprit ?) viennent troubler l'unité. Et, immédiatement, l'étendue se cogne contre une grille architecturale absolument magnifique dont la vis de l'escalier, projetée sur l'extérieur, vient rompre l'orthogonalité. Ombres, dessins, percées rythment donc cette façade et ne laissent pas mon œil indifférent. C'est bien ce qui me fera sortir cette carte du lot. Mais, bien entendu, difficile de dire depuis cette carte postale que j'ai vu le travail de Georges Maurios. J'entends déjà les critiques du cadre, de l'extérieur des images, de l'autorité des limites, de l'impossibilité de saisir depuis une image les jeux et enjeux d'une architecture. Et pourquoi donc être aussi affirmatif ? Pour ma part, parce que j'ai appris à ajouter aux images la culture des pratiques et des expériences, je me sens donc capable d'admettre et de recevoir ma joie esthétique. Je prends ce que je peux et je m'en réjouis et puis dois-je aussi le formuler comme ça : aussi donc, je me fais confiance.
Je fais confiance à l'architecte aussi, à Georges Maurios, car le reste de sa pratique et de ses constructions me permettent d'être certain de son attention aux espaces. C'est la chance de la connaissance. D'abord une forme de confiance oui. Bien entendu, il me faudra bien aller à Drancy pour confirmer ce que je crois percevoir. Je vais traîner un peu dans la Google Car en attendant. On notera que la carte postale nomme aussi le paysagiste avec lequel Monsieur Maurios a travaillé : Mr Coulon.
Il semble que l'ensemble soit en bon état. Comment la police de l'écologie va-t-elle ruiner cet ensemble d'une superbe écriture spatiale par l'isolation extérieure ? Restons vigilants.
Et, soyons certains, comme nous sommes en Ile-de-France qu'aucune protection patrimoniale ne sera donnée à ce morceau d'architecture.
* Guide d'architecture Paris Pavillon de l'Arsenal
Éric Lapierre, 2008. Un must, un indispensable, un travail de dingue.
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