Le photographe des éditions La Cigogne a sans doute attendu ce moment précis :
Ce moment c'est celui du passage du bus, trop évidemment bien placé pour y être retenu au hasard du déclenchement. Le bus offre bien entendu l'image d'un quartier relié, donne l'idée que ce quartier est bien desservi. Il offre aussi un contre-point coloré très vif qui vient faire chanter la ligne grise brutalement éclairée des immeubles et des tours sur le haut de l'image. La lumière y est particulièrement soignée, premier plan lumineux et étale, second plan, plus dur, plus contrasté à cause de la densité des constructions se faisant les unes aux autres de l'ombre. Une superbe image.
Mais je vous entends derrière votre écran me demander où nous sommes.
Nous sommes à Venissieux au pied de la Cité des Minguettes. Il y a tellement à dire sur ce quartier, il a tellement déjà été dit que je resterai en retrait, laissant cette histoire puissante à d'autres, d'abord à ceux qui y ont vécu car je ne suis pas socialiste, je ne prends pas la parole à leur place.
Je note que la correspondante a fait signer sa carte postale par toute la famille : Jocelyne, Sabine, Muriel, Daniele.
Et que tout va bien, et que bons baisers de Vénissieux, sans rien émettre d'un jugement positif ou négatif sur son lieu de résidence. Bien entendu, je laisse aussi aux interprètes de ces images forcément coupables de ne pas être le réel, le choix d'une interprétation mêlant sous-entendu du silence et de la colère qui gronde, accusant le photographe de la carte postale, celui d'un bonheur aveuglant la réalité, de n'avoir pas vu, de n'avoir pas su, d'être même, allez, soyons direct, complice de ce monde autoritaire de l'urbanisme moderne. Je ne suis pas de ceux-là.
Il y a suffisamment d'historiennes de l'architectures des Grands Ensembles qui feront cette interprétation ou des artistes contemporains, heureux de se saisir de ce monde perdu, pour nous faire la leçon, à nous, les naïfs des images heureuses. J'aime mieux me sentir dehors, au soleil, attendant avec le photographe des éditions La Cigogne, le moment idéalisé d'un bus qui passe, d'une lumière flamboyante, j'aime mieux notre air autour de nous deux.
Puis vient le ciel éclatant à son dégradé sensible :
Pour Combier éditeur, le photographe choisit l'opposition parfaite d'une verticalité soudaine à l'étalement de la rue et du ciel. Plaçant la superbe tour (dont nous admirons l'incroyable qualité de son dessin de façade) à la droite de l'image, il invente une perspective infinie, emmenant l'œil jusqu'aux immeubles au loin, qui sont ceux vus sur l'autre carte postale. Je reste totalement admiratif de cette tour du centre commercial "La Pyramide" qui doit tenir son nom du bâtiment pointu un peu en retrait. Une fois encore, les percées et le jeu des ouvertures de cette tour sont joyeusement habités par des stores de couleur jaune qui ponctuent sa rigueur. La tour est placée sur un socle un peu ouvert sur pilotis et peint en gris qui lui donne un élan magnifique. On notera les travaux en cours, la rue est d'ailleurs fermée à la circulation. Et non, il n'y a pas de hasard, là aussi, la femme qui tient son enfant par la main à l'extrême droite de l'image est bien attendue. Elle permet au photographe d'animer l'image un peu vide sans trop la personnaliser, elle permet de nous accompagner dans l'image. On note une ombre forte sur le sol, le photographe s'y place sans doute aussi pour faire son cliché de manière plus sereine. Il s'y abrite.
L'éditeur Combier nous fait plaisir, il nomme les architectes : Messieurs Beaudouin et Grimal. On les connaît bien. On aime les retrouver. La carte fut bien expédiée, achetée, choisie. Elle fit son travail de liaison d'un lieu à un autre, de Vénissieux et des Minguettes vers Haubourdin dans le Nord, rue, oui et cela ne s'invente pas, rue de la Fraternité...
Alors comment mieux conclure... les Minguettes vers la Fraternité, j'aime mieux cette conclusion que toutes les autres, les articulées sur le doute, les abusives sur l'avenir, les instrumentalisées sur la politique des banlieues. Je suis un mâle blanc qui regarde des images. Et cela ne doit pas m'interdire d'en dire quelque chose car la qualité des images c'est que soudain pour bien les regarder, il ne faut plus être en marche.
La rue de la Fraternité :
Ce moment c'est celui du passage du bus, trop évidemment bien placé pour y être retenu au hasard du déclenchement. Le bus offre bien entendu l'image d'un quartier relié, donne l'idée que ce quartier est bien desservi. Il offre aussi un contre-point coloré très vif qui vient faire chanter la ligne grise brutalement éclairée des immeubles et des tours sur le haut de l'image. La lumière y est particulièrement soignée, premier plan lumineux et étale, second plan, plus dur, plus contrasté à cause de la densité des constructions se faisant les unes aux autres de l'ombre. Une superbe image.
Mais je vous entends derrière votre écran me demander où nous sommes.
Nous sommes à Venissieux au pied de la Cité des Minguettes. Il y a tellement à dire sur ce quartier, il a tellement déjà été dit que je resterai en retrait, laissant cette histoire puissante à d'autres, d'abord à ceux qui y ont vécu car je ne suis pas socialiste, je ne prends pas la parole à leur place.
Je note que la correspondante a fait signer sa carte postale par toute la famille : Jocelyne, Sabine, Muriel, Daniele.
Et que tout va bien, et que bons baisers de Vénissieux, sans rien émettre d'un jugement positif ou négatif sur son lieu de résidence. Bien entendu, je laisse aussi aux interprètes de ces images forcément coupables de ne pas être le réel, le choix d'une interprétation mêlant sous-entendu du silence et de la colère qui gronde, accusant le photographe de la carte postale, celui d'un bonheur aveuglant la réalité, de n'avoir pas vu, de n'avoir pas su, d'être même, allez, soyons direct, complice de ce monde autoritaire de l'urbanisme moderne. Je ne suis pas de ceux-là.
Il y a suffisamment d'historiennes de l'architectures des Grands Ensembles qui feront cette interprétation ou des artistes contemporains, heureux de se saisir de ce monde perdu, pour nous faire la leçon, à nous, les naïfs des images heureuses. J'aime mieux me sentir dehors, au soleil, attendant avec le photographe des éditions La Cigogne, le moment idéalisé d'un bus qui passe, d'une lumière flamboyante, j'aime mieux notre air autour de nous deux.
Puis vient le ciel éclatant à son dégradé sensible :
Pour Combier éditeur, le photographe choisit l'opposition parfaite d'une verticalité soudaine à l'étalement de la rue et du ciel. Plaçant la superbe tour (dont nous admirons l'incroyable qualité de son dessin de façade) à la droite de l'image, il invente une perspective infinie, emmenant l'œil jusqu'aux immeubles au loin, qui sont ceux vus sur l'autre carte postale. Je reste totalement admiratif de cette tour du centre commercial "La Pyramide" qui doit tenir son nom du bâtiment pointu un peu en retrait. Une fois encore, les percées et le jeu des ouvertures de cette tour sont joyeusement habités par des stores de couleur jaune qui ponctuent sa rigueur. La tour est placée sur un socle un peu ouvert sur pilotis et peint en gris qui lui donne un élan magnifique. On notera les travaux en cours, la rue est d'ailleurs fermée à la circulation. Et non, il n'y a pas de hasard, là aussi, la femme qui tient son enfant par la main à l'extrême droite de l'image est bien attendue. Elle permet au photographe d'animer l'image un peu vide sans trop la personnaliser, elle permet de nous accompagner dans l'image. On note une ombre forte sur le sol, le photographe s'y place sans doute aussi pour faire son cliché de manière plus sereine. Il s'y abrite.
L'éditeur Combier nous fait plaisir, il nomme les architectes : Messieurs Beaudouin et Grimal. On les connaît bien. On aime les retrouver. La carte fut bien expédiée, achetée, choisie. Elle fit son travail de liaison d'un lieu à un autre, de Vénissieux et des Minguettes vers Haubourdin dans le Nord, rue, oui et cela ne s'invente pas, rue de la Fraternité...
Alors comment mieux conclure... les Minguettes vers la Fraternité, j'aime mieux cette conclusion que toutes les autres, les articulées sur le doute, les abusives sur l'avenir, les instrumentalisées sur la politique des banlieues. Je suis un mâle blanc qui regarde des images. Et cela ne doit pas m'interdire d'en dire quelque chose car la qualité des images c'est que soudain pour bien les regarder, il ne faut plus être en marche.
La rue de la Fraternité :
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