mercredi 16 novembre 2022

Un saut dans le vide pour ce blog ?

Dans mes interrogations sur l'avenir de ce blog et surtout sur celui de l'Architecture des Trente Glorieuses, je me dis depuis quelque temps, que, sans doute, mon retour en arrière, disons jusqu'aux fondements historiques de mes joies, pourrait bien être l'occasion de faire surgir maintenant les pionniers du béton armé que l'on appelait alors encore le ciment armé.
Étant tombé récemment sur l'excellente conférence de Joseph Abram, j'ai de plus en plus envie de laisser ce nouveau penchant me convertir complètement. Au revoir piscines Tournesol, la Grande Motte et tous les titis de Jean Prouvé !
On verra bien si on tient...
Il se trouve aussi que la Sarthe possède deux exemples intéressants au moins (il y en a certainement plein d'autres) que je connais de cette archéologie du béton. Vous pourrez en voir ou revoir un ici découvert et visité.


Le second est bien spectaculaire, tellement d'ailleurs qu'il fut pendant sa construction scruté par les éditeurs de cartes postales qui en ont photographiés toutes les étapes de sa construction. Il s'agit d'un viaduc pour un tramway à Saint-Georges-le-Gaultier. Ce viaduc est réalisé sur le Système Hennebique l'un des grands noms des pionniers du béton armé.
Un viaduc Hennebique ! Le bonheur !
On notera d'abord qu'il n'y a rien d'exceptionnel à faire à cette époque des cartes postales de construction d'un pont ou de tout autre objet d'ailleurs. L'époque est à la modernité, au besoin de montrer les évolutions techniques, à en révéler tous les aspects. Les cartes postales finissent bien alors comme des marques-pages dans les albums de  Jules Verne chez Hetzel. C'est d'ailleurs souvent ce qui nous plait et nous saisit, c'est ce besoin de raconter le monde en mouvement et, en quelque sorte, de l'apprécier, de le diffuser.
Donc, pour ce qui est de la phase éditoriale de ces cartes postales, on est bien dans le commun et c'est bien cela qui produit pour nous aujourd'hui un document et permet de voir comment le ciment armé était alors vu comme une valeur ajoutée technique, comment il était scruté comme un exploit, comme une nouveauté digne de partage. Et ainsi, aucun doute que dans la campagne sarthoise au début du siècle dernier, la construction si technique d'un viaduc était bien un événement et on imagine la population en suivre avec intérêt l'avancement et la nécessité et le plaisir de le partager.
Alors vous êtes prêts ?



Je commence étrangement par une phase du chantier qui n'est pas la première car cette carte postale semble bien être une carte-photo et elle nous propose de nous informer de toutes les spécificités de ce viaduc. On note que le terme béton armé est bien employé, que la hauteur de 33 mètres, que la longueur de 150 aussi. Le cartouche en bas indique bien que c'est le Système Hennebique qui est utilisé par une entrepreneur (concessionnaire de la marque ?) Paranteau à Angers. On note que les cintres sont posés donnant déjà l'allure du viaduc. Les piles sont toujours couvertes d'échafaudages et le photographe recule suffisamment sur le sol pour prendre le pont dans sont entier. La carte est écrite et expédiée en 1912 et, comme souvent, malheureusement, devant pourtant une image si riche, ce correspondant ne nous dit absolument rien ni de l'objet, ni du chantier, ni même de l'origine ou du choix de cette carte postale comme si Blanche qui a reçu ce courrier se devait de tout savoir et comprendre !



Un an après, un autre correspondant envoie vers Paris cette carte postale en phototypie qui est donc bien une carte postale d'éditeur qui n'aura pas jugé bon de laisser son nom...Cette fois, la carte nous montre un moment du chantier curieusement moins achevé que celui de l'année précédente. Preuve que cette carte pourtant plus ancienne dans l'avancement du chantier fut envoyée en retard. Deux piles du pont ne sont pas encore terminées, un ouvrier sur l'échafaudage nous donne l'échelle et je pense qu'il se sait photographié, peut-être même est-il positionné là pour cela. On note que le viaduc est devenu un pont. Quelle image ! Quel document !



Toujours en 1913, Auguste envoie cette carte postale Chesnus, éditeur dans le coin puisqu'il est à Sillé-le-Guillaume. On note le cartouche qui reprend exactement les informations de la première carte postale. Trois des piles sont terminées et sans échafaudage, on peut donc déjà en lire la très belle facture et dessin.
On admire aussi la finesse du tablier. N'oublions pas que nous sommes en 1913 !
Et...Enfin...



Le voilà notre viaduc terminé ! Quelle allure ! Et quel point de vue ! Là encore, une figure féminine viendra nous introduire dans le paysage et nous donner l'échelle. Voyez-vous la différence de ton entre le béton des piles et celui du tablier ? Matériau différent ? Je ne sais pas.
Cette carte des éditions J. Bouveret au Mans ne fut pas expédiée et donc pas datée.
Savez-vous que ce viaduc est toujours debout, que vous pouvez même vous y jeter dans le vide depuis sa hauteur ? Voilà bien un usage auquel n'aurait pas songé nos ingénieurs et bâtisseurs du Système Hennebique ! Sans moi merci !
Pourrait-on y voir une analogie sur l'avenir fait au Patrimoine moderne ?
Une visite s'impose. Si vous le permettez, j'attendrais le printemps. Promis.
les photos viennent de ce site :

Et écoutez Radio On demain, il sera question de la Sarthe et de Hennebique.





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