mardi 14 septembre 2021

Émile Dubuisson et sa maquette du Beffroi


Il n'y aura pas grand chose à ajouter à l'image que je vous donne, si ce n'est ma surprise une fois encore de tomber sur un document aussi rare, montrant l'architecte Émile Dubuisson ! Mais pourquoi est-ce vers moi qu'ils viennent ces documents ? Pourtant l'architecture d'Émile Dubuisson est bien moins ma partie que le travail de son fils ?
Si je n'étais pas très certain* que sur la carte postale il s'agissait bien de l'architecte, ici, pas de doute, on reconnaît bien le monsieur. Et qui d'autre pour poser aussi fièrement à côté de la maquette de son somptueux et hardi Beffroi de Lille ?


Il nous restera maintenant à identifier le moment et le lieu d'une telle grande photographie. Où sommes-nous ? De qui est le tableau sur le mur derrière l'architecte ? À quel moment fut réalisé ce cliché et qui l'a pris et pourquoi ?


On a bien une signature sur le bas de la photographie d'une qualité de tirage remarquable mais cette signature reste illisible. Il ne fait aucun doute que pour signer de la sorte un cliché, nous avons affaire à un photographe de métier ou à un amateur très éclairé. On retrouve d'ailleurs les codes de la photographie de studio, l'homme debout, accoudé, prenant la pose avec le regard vers l'extérieur. Les papiers dans la main pourraient bien n'être là que pour agrémenter cette pose. Qu'est devenue cette maquette toute blanche qui semble ici irradier l'image ? Notez la belle distribution de la lumière venant de la droite ! Superbe !
L'architecte Dubuisson, né en 1873, avait entre 51 et 59 ans pendant la construction de son Beffroi de Lille.  Il est possible que ce cliché nous montre l'architecte pendant cette période mais difficile d'en être certain. J'adore toujours imaginer le dialogue entre le photographe et l'architecte. La composition laisse la place aux deux protagonistes, maquette et architecte, mais les verticales sont partout bien tenues. La maquette dépasse son créateur et vient toucher le bord du cadre en haut. Ouf... de justesse !
Je n'ai pas grand chose à dire sur l'architecture ou la construction de ce chef-d'œuvre stylistiquement pris entre plein de contradictions et d'hésitations formelles tout à fait typiques de l'époque ne pouvant pas encore lâcher le béton et ses structures pour eux-mêmes. Les Perret avaient encore du travail à faire et d'ailleurs leur Tour de la Houille Blanche (1925) n'est pas si loin de ce type d'hésitations. On note tout de même que ce style est un peu marqué et fait davantage penser à Jules Verne qu'à Le Corbusier. Mais ne soyons pas trop dur ou mesquin, l'élancement, la pureté et l'économie de décor restent ici avec ce Beffroi tout à fait exceptionnels et les proportions sont remarquables d'audace tout comme la hauteur de l'édifice ! Et techniquement, c'est une pleine et heureuse expression du béton.
On trouvera sur ce site un excellent article sur sa construction et sur Émile Dubuisson. On regrettera que les sources ne soient pas systématiquement nommées.
Je ne vais pas ranger cette photographie dans mes archives, je vais la faire encadrer. Elle rejoindra celle de Claude Parent, Charlotte Perriand et Jean Renaudie. Il faut bien s'inventer une famille.

* maintenant il n'y a plus beaucoup de doute.
Merci de ne pas copier et diffuser ce document sans autorisation.

Pour revoir Émile Dubuisson, sa bicyclette et son Beffroi :
Pour revoir les articles sur son fils Jean Dubuisson :
etc...




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